La douzième édition du festival des arts traditionnels de Mayotte, le Fatma, se déroulera du 23 au 28 avril. Concomitant à la commémoration de l’abolition de l’esclavage, le festival sera l’occasion de présenter le premier ouvrage jamais écrit sur l’esclavage à Mayotte.
Créé par le conseil départemental en 2007, le Fatma (festival des arts traditionnels de Mayotte) souhaite organiser un moment d’échanges et de convivialité autour de la richesse culturelle de l’île. Foire artisanale, exposition, carnaval, danses et chants traditionnels rythmeront la semaine. Au-delà de la mise en avant des savoir-faire mahorais, la philosophie du Fatma s’inscrit avec la commémoration de l’abolition de l’esclavage, le 27 avril. Si le passé esclavagiste de l’île est souvent méconnu, voire passé sous silence, selon les organisateurs, il constitue un héritage socioculturel qui imprègne toujours le quotidien des Mahorais et Mahoraises. Pour rappel, Mayotte a été la première des possessions territoriales françaises à franchir le pas de l’abolition, le 9 décembre 1846. Les autres colonies et possessions ne parvenant à une abolition totale que deux ans plus tard, le 27 avril 1848.
Le chorégraphe Jeff Ridjali, intervenant au festival, veut transmettre cette mémoire, bien vivante, dans son art. D’ailleurs, « on peut lire la présence de l’esclavage à travers les mouvements et les émotions des danses traditionnelles de Mayotte. On y retrouve un langage empli de messages historiques. » Cet art ancestral se perpétue cependant de moins en moins, regrette-t-il, d’où la volonté de le mettre à l’honneur le temps d’une soirée au festival Fatma.
Le premier ouvrage sur l’esclavage à Mayotte
Afin de rompre avec cette idée faussement répandue que l’esclavage à Mayotte n’a pas existé, le conseil départemental a supervisé la création du livre L’esclavage à Mayotte et dans sa région, du déni mémoriel à la réalité historique*. Cet ouvrage scientifique, mêlant histoire, ethnologie, sciences du langage et archives, à destination du grand public et en particulier la jeunesse a été coécrit par cinq auteurs, archivistes, universitaires et chercheurs en histoire, ethnologie, ou sciences du langage. Pour Maoulana Andjilani, du pôle Services à la population du conseil départemental et à la tête du comité éditorial, « cet ouvrage va nous réconcilier avec nous-mêmes et surtout, permettre à la jeunesse de s’approprier son histoire. » L’année dernière, le festival avait déjà inauguré une stèle commémorant l’abolition de l’esclavage dans le jardin du conseil départemental. Cette nouvelle pierre à l’édifice mémoriel de l’esclavagisme à Mayotte est à découvrir à partir du samedi 27 avril.
*Auteurs : Abdallah Ali Latufa, Charpentier Michel, Condro Mlaili, Lebel Anne, N’guizijou M’Dahoma Issa et Yahaya Boinaïdi Siti.
Programme :
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