27/03/2009 – Education à l’environnement

 

{xtypo_dropcap}"A{/xtypo_dropcap}ujourd’hui, il va s’agir de faire un premier balisage du sentier jaune, et de rappeler les caractéristiques écologiques des différents milieux traversés", rappelle Christophe. Justement, à quelques pas du portail de l’école, les élèves expliquent : "ici, on est dans le milieu côtier, on voit la mangrove avec les palétuviers, ici un hibiscus, là un badamier…" Alors que certains élèves placent judicieusement sur un rocher le balisage provisoire, je m’étonne de la propreté de la mangrove.

"Oui, c’est parce qu’on l’a nettoyée avec l’association", déclare un élève. L’association, c’est Bwolatsara, une association du village très active qui implique les jeunes du village dans leurs actions de protection de l’environnement. "C’est important la mangrove", explique un élève, "elle protège le village des vagues, elle protège les petits poissons et les œufs, mais surtout elle filtre et retient la terre, sinon les coraux vont mourir !".

Mais déjà les baliseurs nous attendent en bout de plage, il ne s’agit pas de rater la bifurcation vers le milieu forestier ! Christophe rappelle : "ici, nous avons une forêt dite primaire, vous vous souvenez pourquoi ?" "Oui monsieur, elle est naturelle, l’homme ne l’a jamais touchée". Les différents arbres, lianes, fougères et orchidées sont observés… Mais n’oublions pas de placer nos balises, elles dirigeront le promeneur vers le milieu agricole qui mène à la crête : goyaviers, orangers, citronniers, manguiers, quelques plantes médicinales. Les enfants connaissent bien ce milieu : "ça c’est nos parents, nos grand-mères qui nous l’ont appris", déclare fièrement une élève. Le sentier nous mène à une barrière, propriété privée !

 

Padzas, cocoteraie et collines

 

"La dernière fois, nous ne sommes pas allés plus loin", explique Christophe, "nous avons du rebrousser chemin. L’occasion idéale pour travailler en classe sur l’écriture d’une lettre. Nous avons donc adressé une demande d’autorisation de passage au propriétaire. Celui-ci a gentiment donné son accord."

Une marque jaune, et déjà on atteint la crête : "ici la terre est rouge, on a coupé tous les arbres et toute la bonne terre a été emportée par les pluies… Plus rien ne pousse, c’est un padza !" C’est le point culminant de la ballade, la vue est magnifique, le lieu idéal pour se désaltérer, cueillir quelques goyaves et observer autour d’une lecture de paysage animée par le maître : au premier plan, les rouges padzas dominent la verte cocoteraie. Plus bas on repère l’école du village bordé de ces collines baignées par le bleu intense du lagon… Dans la vallée, on devine le lit d’une rivière bordée de manguiers centenaires, c’est vers là que les marques jaunes devront guider les futurs usagers de notre sentier.

Après le passage de la rivière, le goûter n’est plus très loin, nous atteignons déjà des sentiers plus fréquentés bordés de cultures vivrières, et les enfants se mettent à chanter gaiement : "dans la poubelle… ewa ! Tout ramasser… c’est ça !". Le dernier ruban jaune est posé, la boucle est bouclée ! Après un goûter bien mérité, Christophe explique que lors de la prochaine sortie il faudra placer le balisage définitif avec la peinture jaune, "nous allons aussi commencer à travailler sur la rédaction du topoguide qui guidera les randonneurs sur notre chemin."

Ce sentier sera également intégré dans un projet à l’initiative de la commune de Kani-Kéli et réalisé par l’association des Naturalistes : un guide de randonnées pédestres aménagées sur la commune à destination du grand public… Nul doute que nos jeunes éco-citoyens de la classe de CM1-CM2 de Christophe Aubrit accompagneront fièrement de leurs commentaires éclairés les randonneurs sur leur chemin !

 

Nicolas Régis

 


 

Un chemin, une école…

Il s’agit d’un dispositif d’éducation à l’environnement du vice-rectorat associé aux partenaires d’un vaste réseau : la Daf, le conseil général, la Sogea, le Sieam, le BRGM, la DE, la Dass, tous signataires de la convention cadre pour une éducation à l’environnement vers un développement durable à Mayotte du 4 juillet 2006. Depuis la rentrée de septembre 2008, Nicolas Régis est coordinateur des projets "Un chemin, une école", chargé de mission par le vice-rectorat.

Ce programme est un des axes prioritaires de l'éducation à l'environnement à Mayotte. Pour cette année scolaire, 7 collèges et 2 lycées y participent, en plus des collèges de Tsimkoura et Kani-Kéli qui poursuivent le travail entamé l'année dernière. Le projet commence à s'implanter dans le primaire, cette année l'école de M'ronabéja et une école de Tsoundzou créent leur chemin. Nouvel impératif de ce projet : pérenniser les chemins en y associant les mairies concernées ou les associations locales.

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

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