Levée de rideau pour les artistes qui se sont produits tout au long du week-end écoulé dans le quartier de la vigie à Labattoir. Le chorégraphe Jeff Ridjali a été le dernier à restituer les travaux de ses ateliers développés autour de la thématique de scénos urbains, accompagné de danseurs vêtus de blouses blanches.
Dans le quartier de La Vigie à Labattoir, vendredi et samedi, il y avait une présence inhabituelle d’artistes vêtus de blouses blanches, des combinaisons d’astronautes déambulant dans les rues. Une première en ces lieux oubliés des pouvoirs publics, davantage connu pour des faits de délinquance. Jeff Ridjali a fait partie de ces artistes qui y ont élu domicile durant un mois, le temps de mener des ateliers thématiques destinés à démystifier l’image négative véhiculé ce quartier.
Sous le thème général de scènes urbains, le chorégraphe mahorais (qui a déjà vécu à Labattoir dans son adolescence) a choisi de tourner en dérision ces combinaisons que des bandes utilisent parfois durant leurs méfaits, dénaturant par leurs actes une tenue de travail prisée par différentes catégories de travailleurs. La danse, la parole et le geste pour simple arme pour combattre la violence contenue dans une jeunesse désœuvrée, sans perspective aucune de lendemains meilleurs. Il fallait oser le faire, ils l’ont fait et la magie de la danse a opéré et triomphé. « Les scénos urbains sous–entendent d’aller en quête vers notre public, de ramener le spectacle vers les gens, leur montrer à travers nos tenues que ces combinaisons sont destinées à autre chose qu’à agresser les populations », a expliqué Jeff Ridjali. Parties des rues sinueuses de La Vigie, le spectacle intitulé « Trappiste V » s’est élargi à la route nationale, le chorégraphe et ses danseurs baptisés du terme « anges » pour l’occasion ont montré que quelque chose d’autre que la violence gratuite était possible dans ce quartier.
Un jeune en proie à une forte curiosité se laisse entraîner par la troupe d’anges, se laisse capter par la musique et la danse au point qu’il renonce à la violence. Des adultes médusés par ce changement radical et instantané qui ont du mal à croire que « cette transformation magique soit réelle et durable » engagent la discussion avec les jeunes tortionnaires d’autrefois pour comprendre ce qui les motivait à faire le mal. Un dialogue intergénérationnel s’engage alors et l’ex–jeune délinquant converti au bien attire d’autres jeunes dans ce mouvement de transformation. Voilà en image comment les artistes voient la future métamorphose sociale et culturelle du quartier.