Trépidanses, ça commence dès samedi !

La compagnie Kazyadance de Petite-Terre organise une semaine de spectacles dès samedi et jusqu’au 19 juin. Ces derniers porteront principalement autour de la danse contemporaine, mais pas uniquement. Théâtre, musique et marionnettes seront également au rendez-vous afin d’offrir à la population mahoraise une semaine de magie en présence d’artistes africains, métropolitains et, bien sûr, mahorais !

« Il ne s’agit pas d’un festival, mais plutôt d’un moment d’échanges entre artistes », prévient d’entrée de jeu Djodjo Kazadi, le directeur artistique de la compagnie Kazyadance, basée au lieu-dit Le Royaume des Fleurs, en face du restaurant Le Faré en Petite-Terre. En effet, la plupart des spectacles qui seront présentés au cours de la semaine du 12 au 19 juin 2021 seront des restitutions d’ateliers effectués avec de jeunes danseurs locaux. Il s’agit du travail réalisé dans le cadre d’un projet porté par la compagnie depuis plusieurs années, qui s’intitule « le laboratoire artistique ». La première session a été portée par le danseur mahorais Jeff Ridjali il y a trois ans. Depuis, la compagnie invite régulièrement des danseurs venus de l’extérieur afin d’ouvrir de nouvelles perspectives aux jeunes danseurs. Se concentrant d’abord sur la région océan Indien, Djodjo Kazadi n’a pas hésité ensuite à faire venir des danseurs contemporains africains, profitant du dispositif « Africa 2020 » lancé par Emmanuel Macron pour mettre en valeur les artistes de ce continent en France.

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Androa Mindré Kolo (à g.), performer et plasticien de RDC, est l’un des 4 artistes africains invités par le directeur artistique Djodjo Kazadi (à d.).

Covid oblige, le dispositif « Africa 2020 » ne porte plus très bien son nom puisqu’il a été reporté jusqu’à la fin de l’année 2021. Il a toutefois finalement pu voir le jour et c’est tout ce qui compte. Combinant habilement ce dispositif et le projet du « laboratoire artistique », la compagnie Kazyadance a invité successivement quatre artistes africains pour travailler avec ses jeunes danseurs. Tous revenus à Mayotte à l’occasion de Trépidanses, ils vont montrer au public un aperçu du travail réalisé sur l’île aux parfums. Les jeunes danseurs mahorais seront bien évidemment les « stars » de ces restitutions d’ateliers, traduisant à travers leur corps l’univers de ces chorégraphes et/ou plasticiens.

 

Un melting-pot d’arts, d’univers et de cultures

 

La grande ambition de la compagnie Kazyandance est de susciter des vocations artistiques chez « la jeunesse abandonnée » de Mayotte. C’est la raison pour laquelle elle travaille principalement dans le quartier défavorisé de La Vigie en Petite-Terre. Elle souhaite offrir des perspectives aux jeunes qui en manquent cruellement à l’heure actuelle sur l’île. Constatant chez eux une forte appétence pour la danse en général, elle leur propose de canaliser leur talent, voire même de le professionnaliser via les fameux ateliers du « laboratoire artistique ». « Il fallait dans un premier temps que ces jeunes connaissent leurs racines. C’est pourquoi la première session a été réalisée par Jeff Ridjali », précise Djodjo Kazadi. Ont ensuite été invités des danseurs venus de Madagascar, de La Réunion, des Comores et dernièrement d’Afrique. Androa Mindre Kolo de la République Démocratique du Congo, Gervais Tomadiatunga du Congo Brazzaville, Idio Chichava du Mozambique et Nadège Amétogbé du Togo donneront ainsi un aperçu de leur univers via les jeunes danseurs locaux au cours de Trépidanses.

Ce n’est cependant là que l’un des aspects de l’événement. Ce dernier est en effet d’une richesse artistique extrême puisque d’autres spectacles viendront se greffer à ce socle. Ainsi, la scénographe métropolitaine Clara Walter a également été invitée pour coordonner l’événement. Un ballet de performance autour de sa scénographie traversera aussi les différents espaces scéniques du Royaume des Fleurs. Par ailleurs, les musiciens mahorais Bodo et Baco se livreront à des concerts avec leurs guests et la compagnie Stratagème donnera un spectacle de marionnettes.

Bref, il y en aura véritablement pour tous les goûts et tous les âges au cours de cette semaine de folie artistique qui commence dès samedi ! Sans être un « festival professionnel » au sens propre du terme, ce sera néanmoins un festival de disciplines artistiques et de cultures différentes avec l’expression corporelle pour fil rouge. Lilcé, jeune danseur mahorais formé par Kazyadance nous donnera le mot de la fin : « La rencontre avec Djodjo m’a ouvert les yeux sur ce que j’étais capable de réaliser au travers de la danse. Il m’a montré que je pouvais en faire mon métier alors que jusqu’à présent il ne s’agissait que d’une passion dont j’ignorais pouvoir vivre un jour. À présent, je souhaite devenir professeur de danse. » Espérons que tous les autres jeunes danseurs de Mayotte suivent un chemin aussi prometteur !

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Mayotte Hebdo n°1106

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