La Sacem souhaite recréer des liens avec les musiciens de Mayotte

Ayant quitté plusieurs années son poste de directeur régional océan Indien au sein de la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique), Michel Mey l’a réinvesti en janvier 2022. Constatant que très peu de musiciens mahorais adhéraient à la Sacem, il s’est donné pour mission de faire connaître sa société sur l’île aux parfums.

« Il y a un grand nombre de musiciens à Mayotte et pourtant 100 d’entre eux seulement sont adhérents à la Sacem », constate Michel Mey en reprenant le poste de directeur régional océan Indien de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique qu’il avait déjà occupé de 2007 à 2010. À son retour, il s’étonne de constater ce faible nombre, qu’il qualifie même de « ridicule ».

Pour pouvoir adhérer, il suffit en effet d’avoir composé une seule chanson diffusée sur les plateformes Internet telles que Youtube, Deezer ou Spotify. La Sacem s’assure alors de la protection des droits d’auteurs et de l’accès des musiciens à d’éventuelles aides à la création. Afin de recréer des liens avec les musiciens mahorais, Michel Mey s’est rendu sur l’île la semaine dernière, notamment pour installer une permanence de la Sacem à l’école « Musique à Mayotte », située rue des cent villas.

Une permanence d’une semaine tous les 2 mois

Après cette première permanence, Michel Mey compte rééditer l’expérience du 24 au 28 avril prochain (du mardi au samedi de 17h à 19h). L’adhésion ne coûte que 100 euros à vie et assure une véritable protection des œuvres musicales. « Il y a une méconnaissance du système à Mayotte », déplore le directeur régional qui a alerté la semaine dernière les différentes instances publiques sur le problème. « J’ai rencontré le conseil départemental, la direction des affaires culturelles ainsi que la préfecture pour essayer de mutualiser les aides aux artistes », explique-t-il. Ces aides sont en effet multiples, mais éparpillées ce qui décourage beaucoup d’artistes noyés dans « la paperasse ». Ils se privent toutefois ainsi de soutiens qui pourraient encourager leur vie artistique. « En 2020, lors du confinement, un fond de secours a été mis en place par la Sacem pour venir en aide aux auteurs-compositeurs. Ce fond était exonéré d’impôts. Pourtant, aucun artiste mahorais n’a fait la demande », se désole-t-il.

Une réflexion sur le statut des artistes à Mayotte

Michel Mey espère bien en tout cas faire évoluer cette situation. Il travaille également avec les différents partenaires sociaux pour tenter d’aider les artistes. Le statut d’intermittent n’existant pas encore sur l’île, il s’agit d’un véritable défi. « De toute façon, même s’il existait, il serait très difficile pour les artistes mahorais d’y prétendre puisque, selon la loi, il faut avoir fait au moins 507 heures par an de concerts, ce qui est quasi impossible ici », confie Michel Mey. Il révèle également que si la situation de l’île aux parfums dans ce domaine est particulièrement difficile du fait du manque de structures, ce n’est pas simple non plus dans les autres Outre-mer, même à La Réunion pourtant réputée pour la richesse de ses évènements. « Sur les îles, le territoire est trop petit pour permettre aux artistes de faire autant de concerts », indique-t-il. Résultat des courses : très peu d’artistes arrivent à obtenir le statut d’intermittent.

Le directeur régional réfléchit donc, en collaboration avec les instances publiques et les associations d’artistes, à mettre en place un statut d’intermittent « allégé » à Mayotte qui prendrait en compte les interventions en milieu scolaires et autres masterclass artistiques. Il espère aussi récupérer les fonds d’aide à l’autoproduction pour en faire bénéficier l’île au lagon et aider financièrement les restaurateurs à organiser des concerts. « Cela prendra du temps, mais il est essentiel d’encourager et d’accompagner la création musicale à Mayotte », conclut-il.

 

Infos pratiques

Depuis le 31 janvier 2022, un créneau d’accueil téléphonique Réunion/Mayotte a été installé tous les mercredis de 13h à 16h. La Sacem répondra à toutes les questions au 02.62.94.82.22 ou au 02.62.94.82.24. Les artistes peuvent aussi trouver des informations sur le site de la Sacem sur www.sacem.fr.

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