La chanteuse Zily revient sur le devant de la scène avec son nouveau projet intitulé « Karibu Hangu » qui marquera certainement sa carrière. Sa chanson et son clip « Tsika » donnent le la en s’inscrivant dans un nouveau registre musical. L’objectif pour Zily est de viser un public plus jeune tout en s’exportant à l’international.
C’est un clip haut en couleurs que propose Zily. « Tsika » plonge pleinement les spectateurs dans la culture mahoraise. Tenues et danses traditionnelles, clin d’œil à Younoussa Bamana et à Zéna M’déré, ou encore paysages typiques mahorais… Zily fait découvrir l’île aux parfums sous toutes ses formes. Les paroles de la chanson « Tsika » sont tout aussi engagées puisque la chanteuse parle d’une tendre enfance durant laquelle Inter-net n’existait pas encore. « J’ai voulu raconter cette enfance joviale des années 80 que tous les Mahorais ont connu, la simplicité de la vie. Rappeler qu’on peut s’amuser simple-ment avec ce qui nous entoure, la vie n’est pas que sur les réseaux sociaux même si je n’ai rien contre », se souvient Zily. Dans son clip, on retrouve une ribambelle d’enfants qui jouent et qui dansent sans se soucier du monde qui les entoure. Si l’artiste se lance aussi dans quelques pas de danse, ce sont surtout ses tenues judicieusement choisies qui marquent les esprits de part leurs couleurs et leur extravagance, sans jamais oublier le rappel de Mayotte.
Ce n’est certainement pas par hasard que toute l’équipe de Zily a décidé de sortir en premier la chanson Tsika. L’objectif ? Toucher un public plus jeune à travers une chanson plus dansante. Grande interprète de chants traditionnels, Zily s’aventure dans des sonorités différentes, mais il est hors de question pour elle d’oublier ses origines. « Je vise un public jeune et je ne pouvais pas continuer à ne faire que des chansons traditionnelles. J’essaye de changer de registre mais attention je n’arrête pas complètement les chansons traditionnelles. Je vais juste mieux structurer mon travail pour pouvoir tout proposer. Dans la chanson Tsika, on entend d’ailleurs les instruments du mbwi », précise la chanteuse, qui utilise des airs et des techniques vocales acquises avec les mamans.
Connue et aimée dans son registre traditionnelle, cela n’a pas été facile pour Zily de franchir le pas et de changer d’univers musical. « Ça n’a pas été évident d’oser proposer autre chose, mais j’ai confiance en mon public et je pense que le message est très bien passé, même s’il est vrai que les fans étaient surpris parce qu’ils ne s’attendaient pas du tout à ça », affirme l’interprète, en activité depuis 2014.. Une appréhension rapidement dissipée après avoir pris conscience de tout l’engouement autour de sa chanson. En dix jours, le clip avoisine déjà les 190.000 vues.
Une carrière à l’international
Non seulement Zily vise un public plus jeune, mais elle souhaite également s’exporter à l’international. Tanzanie, Nigéria, Sénégal, États-Unis et bien plus… La chanteuse voit grand et rien ne l’arrête. « Aujourd’hui, si on peut écouter des chansons de tous ces pays à Mayotte alors je pense que là-bas aussi, ils peuvent écouter les nôtres et découvrir la langue mahoraise et notre culture », argumente-t-elle. Pour y arriver, elle n’a qu’une seule stratégie : le travail. Ainsi, elle a également décidé de s’entourer de professionnels, à l’instar du réalisateur et chorégraphe du clip, Karlos Da Silva, qui ont collaboré avec des artistes français adulés par le grand public. « J’ai élaboré ce projet avec un grand compositeur qui s’appelle Stillnass. Il a travaillé avec les grands comme Maitre Gims, Tayc, Say’z. J’ai voulu que ça soit lui parce qu’il est de la région et il a compris ma démarche », souligne Zily, surnommée La Diva.
Cette nouvelle ère lui permettra également de se professionnaliser. Car pour l’heure, elle ne vit pas pleinement de sa musique… La raison selon elle ? « Chez nous, les gens ne considèrent pas l’art comme un métier, parce que jusqu’à maintenant l’art est vu comme une normalité à Mayotte. Il est normal de danser et chanter dans notre culture. Mais je ne perds pas espoir parce qu’il y a un travail qui est fait et qui continue à être fait. Et je con-seille à tous ceux qui veulent s’engager dans la musique de ne pas se décourager. », martèle Zily, qui compte bien inverser la tendance dans un avenir proche malgré les difficultés propres au 101ème département.
Son message d’espoir s’adresse également à sa propre personne, elle qui a essuyé une polémique avant même la sortie de son dernier clip. En effet, la municipalité de Tsingoni, dont elle est originaire, a accordé une subvention de 24.000 euros à sa maison de disque pour son projet Karibu Hangu et certains ne l’ont pas vu d’un bon œil. « Je comprends parfaitement l’inquiétude des gens. Ils n’étaient pas informés, et personne ne m’a posé la question. Mais le maire de Tsingoni a tenu à nous accompagner dans mon projet parce que le clip Tsika met énormément en valeur la commune. Je le remercie pour ça et je souhaite que son équipe et lui continuent à accompagner beaucoup d’artistes, y compris moi avec mon projet », décrit Zily. Malgré la polémique, l’artiste a bon espoir d’être une nouvelle fois soutenue dans le futur car elle estime mettre en valeur Mayotte de manière générale et, Tsingoni en particulier.