Le processus de reconnaissance de la culture entamé à Mayotte

Le 4 janvier dernier, le collectif des Arts Confondus a lancé une enquête auprès des jeunes mahorais afin de dénombrer celles et ceux qui pratiquent une ou plusieurs activités artistiques quotidiennement. Au total, parmi 320 jeunes qui pensent que les activités artistiques peuvent déboucher sur un métier, “un tiers déclare vouloir en faire son métier et plus de la moitié ne l’exclut pas”.

L’objectif est d’identifier un seuil plancher de jeunes qui ont des pratiques artistiques et qui aimeraient s’orienter vers un parcours professionnel”, confie Sophie Huvet, porte-parole des Arts Confondus. Le collectif lancera dans les semaines à venir une nouvelle enquête à destination des artistes et des associations culturelles du territoire afin de pouvoir les recenser à leur tour.

La création du poste de directeur des affaires culturelles au rectorat de Mayotte en juillet 2020 et l’inauguration du pôle culturel de Chirongui démontrent une volonté de développer les institutions culturelles de l’île. Mais l’objectif principal aujourd’hui est de penser la structuration de ce secteur. Pour cela, les Arts Confondus souhaite mobiliser les associations, les institutions et les artistes eux-mêmes. “Développer des lieux et des espaces dédiés à la culture n’a pas de sens si nous ne pouvons pas proposer d’activités culturelles dans ceux-ci (…). Il faut des professionnels pour structurer le secteur et par la suite développer les pratiques amateurs.

Par ailleurs, le domaine culturel manque de reconnaissance à Mayotte. La professionnalisation de ce secteur pourrait permettre un développement de la culture dans le 101ème département français. Les jeunes souvent initiés aux pratiques artistiques à l’école pourraient alors prétendre à des formations professionnelles.

 

Pratique contemporaine et identité locale

 

Notre travail repose sur la valorisation du patrimoine immatériel local. Il faut aller puiser dans ce qui se fait à Mayotte et s’appuyer sur cela en lui donnant une forme et un style plus contemporain”, témoigne Sophie Huvet. L’exemple parfait de ce mélange des genres : le hip-hop mahorais. “Nous permettons aux jeunes de travailler sur une pratique contemporaine et défendre une identité locale en utilisant des rythmes de musiques traditionnelles que nous adaptons à cette danse.” La membre de l’association des Arts Confondus rappelle que la promotion de la culture passe avant tout par la diversité. “Nous devons promouvoir les arts traditionnels, mais aussi les arts contemporains et urbains. »

À ce jour, le statut d’intermittent du spectacle n’est toujours pas reconnu sur l’île au parfum. Le rassemblement de tous les acteurs culturels permettra d’entamer des réunions de travail et des mobilisations. “Nous pouvons même penser qu’une consultation de la population sur le développement de la culture pourrait permettre d’adapter au mieux les pratiques culturelles aux attentes des mahorais.” Une enquête qui permettra peut-être une prise de conscience des institutions publiques sur la question de la culture à Mayotte.

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