Enseignant-chercheur depuis de nombreuses années au centre universitaire de formation et de recherche de Mayotte, Buata Malela se lance désormais dans la musique sous le pseudonyme de Liziba. Il vient de sortir en janvier dernier un premier EP intitulé « notes mineures ». Ce dernier comprend sept titres pour 19 minutes de chansons mêlant la pop, l’électro et le rock.
Bien connu dans le milieu universitaire par ses recherches en littératures francophones, Buata Malela a ressenti le besoin de faire vivre sa fibre artistique en se lançant dans la musique. Sous le pseudonyme de Liziba, qui est déjà le nom de la collection qu’il dirige au sein de la maison d’édition Anibwé, il vient de sortir « notes mineures », un EP de sept titres chantés mêlant plusieurs tendances musicales, mais avec une prédominance certaine pour l’électro. « Il s’agit d’une musique expérimentale. J’ai tenté de conférer à cet EP une coloration sonore en décalage par rapport à la pop urbaine et le rap contemporain », dévoile l’artiste. Né au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo) en 1979, ce dernier est arrivé très jeune en Belgique où il a grandi aux sons des musiques électroniques, du rap, mais aussi des chansons de rumba congolaises. « J’ai justement tenté de mêler ces trois dimensions au sein de mon EP », détaille-t-il.
Une passion à double visage
« Liziba » signifie « la source » en lingala, l’une des langues parlées au Congo. « Ce pseudo reflète une valeur d’authenticité qui me tient beaucoup à cœur », explique le musicien qui a composé et écrit chacun des sept titres. S’il chante sur certains d’entre eux, il a également fait appel à deux chanteuses professionnelles pour l’interprétation : Janis Martin et Priscilla. Lorsqu’on connaît la production universitaire de Buata Malela, on ne s’étonne guère de ce passage à la musique. Outre ses études sur les littératures francophones, l’enseignant-chercheur a beaucoup étudié l’influence de la musique pop sur la société et la littérature. Il a d’ailleurs publié récemment un ouvrage intitulé « Cover culture : la reprise dans la pop musique urbaine francophone » aux éditions Cerf Patrimoines. On se souvient également de son essai sur Michael Jackson en 2014.
Après s’être longuement intéressé à l’analyse intellectuelle de la musique, c’est tout naturellement que l’universitaire a souhaité « passer de l’autre côté ». « J’ai ressenti le besoin de toucher les gens émotionnellement », confie-t-il. Si ce désir n’est sorti de l’ombre que récemment, il existait chez l’homme depuis très jeune puisqu’il a commencé à composer dès l’âge de 12 ans et qu’il a écrit trois albums au cours de son adolescence. S’il avait un peu mis un peu la musique de côté lors de sa carrière d’universitaire, il n’avait jamais complètement arrêté. « Notes mineures » est en quelques sorte l’aboutissement d’une vie artistique restée jusqu’à présent confidentielle.
Une ambiance mélancolique
« Les thèmes abordés ont une nette prédominance mélancolique », explique Liziba. Les paroles traitent principalement des relations humaines, mais aussi de la relation à soi. L’artiste tente de donner sa vision artistique du monde à travers ses chansons. « J’essaie de montrer l’importance de la musique dans les relations et dans la compréhension du monde », ajoute-il.
« Notes mineures » n’est que le prélude d’un futur album. Les clips des chansons sont mis en lignes au fur et à mesure sur la chaîne Youtube Lizibamusic, qui est devenue officielle depuis ce jeudi soir avec la mise en ligne du troisième . En attendant, il promeut beaucoup sa musique sur Instagram (@lizibamusic). Souhaitant s’éloigner de la musique dite « commerciale », Liziba assume complètement la dimension « expérimentale » de son œuvre. Il espère ainsi toucher un public qui s’intéresse à une forme de musique qui s’éloigne des standards actuels.