Mourchidi Imamou : « Je suis artiste peintre daltonien »

Son amour pour la peinture,n’a d’égal que son amour pour son village natal : Sada. Son nom d’artiste « 640 » fait référence au code postal de la ville. Mourchidi Imamou est un artiste peintre amoureux de la nature. Ses tableaux dévoilent une facette de Mayotte qu’il aimerait faire découvrir au monde entier. Mais l’artiste souffre de daltonisme, et ses œuvres d’art sont parfois décalées.

mourchidi-imamou-artiste-peintre-daltonienLa passion de Mourchidi Imamou, plus connu sous le pseudonyme 640, trouve son origine en l’ilot de Sada. Enfant, la fenêtre de sa chambre donne pile poil sur le petit caillou. Les couchers de soleil qui s’enchaînent l’envoutent et le petit garçon peut rester de longues minutes à contempler le paysage qui s’offre à lui. « C’est l’ilot de Sada qui a fait de moi l’artiste peintre que je suis aujourd’hui », réaffirme Mourchidi. Sa mère lui offre alors un appareil photo jetable pour qu’il puisse immortaliser ce qu’il voit et le partager avec son entourage. À l’époque, il le trimbale partout avec fierté, pour montrer à qui veut bien sa perception de la beauté de la nature. Mais l’appareil photo finit par rendre l’âme… C’est alors que l’enfant s’initie au dessin. « J’ai toujours eu la main pour dessiner depuis la maternelle. Dès que j’avais un instant, je prenais un crayon pour dessiner ou colorier », raconte-t-il. Il commence à se familiariser avec la peinture au lycée en cours d’art plastique. À l’instant où son pinceau touche le papier, c’est le coup de foudre. L’adolescent qu’il était sait que la peinture sera son amour éternel. « Je me suis focalisé dans la peinture, car pour moi c’est la meilleure façon de jouer avec toutes les couleurs que nous offre la nature », explique l’artiste.

Pourtant, sa perception des couleurs est bien différente des autres, puisqu’il est atteint de daltonisme… « Eh oui je suis artiste peintre daltonien ! », avoue-t-il, avec sourire en coin. Il découvre sa différence grâce à sa femme. « C’est elle qui m’a fait réaliser que les couleurs que je voyais n’étaient pas celles que tout le monde voyaient. C’est à ce moment que j’ai compris que je ne maîtrisais pas vraiment les couleurs que j’ai toujours aimées. » Mais cette révélation n’arrête pas l’artiste, au contraire, Mourchidi Imamou en fait sa force. « Mes tableaux se démarquent des autres peintures. On aime ou on déteste, mais je prends le risque de me démarquer », assure-t-il. Ce qui le démarque justement est aussi son sens de la perfection qui peut lui faire défaut. Habitué à prendre en photo les paysages avant de les peindre, on a parfois du mal à faire la différence. « Ce n’est pas ce que je recherche, mais j’ai un côté perfectionniste. Quand je fais un tableau, je perds un temps fou à rajouter des détails », précise 640.

 

Mayotte, sa source d’inspiration

 

Si Mourchidi Imamou est capable de peindre tous types de paysages issus de différents pays, le 101ème département reste son terrain de jeu préféré. « Ce qui me motive le plus ? C’est de montrer la richesse que la nature nous a offert à Mayotte. On a le plus beau lagon du monde, certaines personnes ne le savent pas encore, alors je me suis dit que j’allais leur montrer », poursuit-il. En plus de revenir régulièrement à son premier amour, en l’occurrence Sada, l’artiste essaye de peindre des endroits improbables à Mayotte que peu de gens connaissent, sans oublier les plus connus à l’instar de l’ilot sable blanc. « Je veux que les gens voient la beauté de mon île. Cela peut contribuer à son développement, parce que les touristes peuvent acheter un tableau de Mayotte et le ramener avec eux. S’il est vu par d’autres, ça leur donnera envie de venir chez nous. » C’est la raison pour laquelle l’artiste souhaite absolument stimuler son art par tous les moyens.

« L’art n’est pas assez valorisé à Mayotte »

Aujourd’hui, le peintre gagne désormais sa vie grâce à ses tableaux. Toutefois, il déplore le fait que les artistes ne soient pas assez accompagnés sur le territoire. « L’art en général n’est pas assez valorisé. Pourtant, on devrait accepter que c’est une partie intégrante de notre culture », regrette Mourchidi Saindou. Il se bat pour donner à l’art la place qu’il mérite au sein de la société mahoraise. Cela commence par l’initiation aux enfants. Il intervient dans les écoles et les centres de loisir pour leur apprendre quelques techniques et transmettre sa passion. « Quand je peins, je suis dans un autre monde. La peinture est thérapeutique, ça ne peut que faire du bien aux enfants », ajoute-t-il. L’artiste souhaite donc aller plus loin et donner la possibilité à d’autres jeunes de pouvoir gagner de l’argent grâce à la peinture. « Je prendrai ces jeunes sous mon aile et surveillerai leur travail. Ils pourront ensuite vendre leurs tableaux à petits prix, mais ça sera un travail de qualité », explique le principal intéressé. Une stratégie qui évitera aussi de voir ces jeunes dans les rues. En attendant de finaliser son projet, Mourchidi Imamou alias 640 continue de peindre sa perception de la beauté qu’il n’hésite pas à partager sur ses réseaux sociaux.

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