L’auteure-documentariste Claire Veysset, qui a passé une partie de son enfance à Mayotte, a réalisé récemment un documentaire de création sur l’île et sa population. Mêlant souvenirs, réalité contemporaine et fantasmes, cet ouvrage radiophonique fait parler différents habitants, dans leur environnement, dressant un portrait sonore du territoire. Diffusé le 4 mars dernier sur les ondes de la RTBF (Radio et télévision belge), « L’île et ses enfants volcans » est à réécouter en podcast pendant un an sur rtbf.be.
« J’ai vécu à Mayotte de 1996 à 2000 c’est-à-dire de mes 6 à mes 10 ans et j’ai toujours eu envie d’y retourner un jour », affirme Claire Veysset, une jeune auteure-documentariste de 32 ans qui habite actuellement à Saint-Nazaire. Profitant de son métier, elle décide donc de réaliser un documentaire de création radiophonique sur l’île aux parfums. Revenue pour son projet il y a environ un an, elle dort chez des personnes issues de différents milieux culturels et sociaux et sillonne le territoire pour recueillir des témoignages. « Je n’avais de Mayotte qu’un souvenir d’enfance figé dans le temps et je voulais savoir ce qu’était devenue ce bout de la France qui m’avait profondément marqué », raconte la jeune femme.
Évidemment, comme toute personne vivant en métropole, elle n’entend que du négatif sur le 101ème département, concernant l’insécurité notamment, ce qui a tendance à la blesser étant donné l’attachement qu’elle ressent pour ce lieu. « J’étais inquiète à l’idée de revenir et de ne rien reconnaître. Mais cela n’a pas été le cas. Certes, Mayotte a beaucoup changé en 22 ans, mais j’y ai quand même retrouvé une certaine atmosphère que j’avais connue dans mon enfance », partage-t-elle. « L’air, les odeurs, les sensations sont restées les mêmes. On sent néanmoins que l’île est sous pression, l’environnement est saturé de beaucoup de choses, mais… cela tient quand même ! »
Des témoignages très divers
Pour réaliser son documentaire, Claire Veysset s’appuie alors sur certains acteurs culturels ou scientifiques locaux. Ainsi, le célèbre linguiste Mlaïli Condro contribue à l’œuvre ainsi que le jeune auteur Nadjim Mchangama. Elle réside également quelques temps dans les locaux de l’association Kazyadance, située en Petite-Terre. Ces contacts lui permettent de rencontrer des sociotypes très divers et de les interroger sur le rapport qu’ils entretiennent avec Mayotte. Collégiens, jeunes artistes, métropolitains de passage, Naturalistes ou vieux sages, tous s’expriment sur la manière dont ils voient cette île et leurs ressentis vis-à-vis d’elle.
Et tout naturellemment, elle ne peut échapper à la naissance du nouveau volcan situé à seulement une cinquantaine de kilomètres. « Dans le choix du titre de mon documentaire, j’ai voulu faire un parallèle poétique entre ce phénomène naturel et l’état émotionnel de beaucoup d’enfants de l’île », explique Claire Veysset. Si elle évoque – avec parcimonie – l’insécurité qui gangrène l’île, la jeune femme se concentre avant tout sur le positif. « En métropole, on ne parle presque que de ça quand on évoque Mayotte. Or, c’est tellement d’autres choses ! Je voulais en montrer toute la richesse et évoquer l’attachement qu’on peut ressentir pour elle », défend l’auteure qui mêle également ses souvenirs personnels, entre les témoignages, sous une forme narrative. « C’est aussi un documentaire sur l’enfance. La mienne, mais également celle de cette île qui, à mon sens, vit en ce moment une forme de « crise d’adolescence » », conclut-elle.