Faute de subventions, Hippocampus suspend sa programmation

L’association Hippocampus est une association culturelle à Mayotte. Ses bénévoles organisent des spectacles vivants avec des artistes issus de l’océan Indien. Lassociation subit les coupes budgétaires actuelles du ministère de la Culture et sa programmation est suspendue. Entretien avec sa présidente, Véronique Méloche.

Flash Infos : Pouvez-vous présenter l’association ?

Véronique Méloche : Nous proposons du spectacle vivant : musique, danse, contes. Le but est de mettre en valeur des artistes de Mayotte et de la région de l’océan Indien. C’est une association universitaire, à l’origine nous faisions les spectacles à l’université mais aujourd’hui, nous les faisons pour tout public, il y a beaucoup de hors les murs, on tourne sur plusieurs lieux à Mayotte.

F.I. : Quel est le programme prévisionnel pour cette saison ?

V.M. : Nous avons commencé la saison avec un duo de jazz, le 14 février, Chez Cousin, à M’tsapéré. Il y avait beaucoup de monde, la soirée a eu beaucoup de succès. Samedi 4 avril, nous avons eu un spectacle de contes et slam à Bandrélé avec une conteuse mahoraise. Nous avons aussi prévu de faire venir une troupe des Comores avec un texte de Victor Hugo et fin mai-début juin nous devions faire notre deuxième festival du théâtre vivant, mais nous sommes obligés de tout suspendre car nous avons reçu zéro subvention. En moyenne, nous fonctionnons avec un budget de 12.500 euros par an et avec cela nous arrivons à faire une programmation de qualité.

F.I. : Pourquoi navez-vous pas de subventions ?

V.M. : Le ministère de la Culture est dans une période de restriction budgétaire. Là, nous avons prévu de faire venir un spectacle de la compagnie Tché-Za, sept danseurs issus des Comores, il a été joué à l’opéra Bastille. Mais pour cela il faut monter la scène, payer la régie, les billets d’avions et les artistes. Malheureusement, nous ne pouvons pas nous engager à payer ces frais alors que nous n’avons toujours pas de subventions. Nous ne disposons pas des fonds pour ça.  Le ministère de la Culture a reporté une première commission. La seule autre source de revenus c’est la billetterie mais c’est compliqué, parce que des fois il y a du public, parfois y’en a pas, à Mayotte c’est compliqué. Nous avons fait une demande à la Fondation de France mais nous n’avons pas été jugés prioritaires parce que notre champ d’action n’est pas de l’humanitaire, donc on ignore si on pourra en bénéficier. On espère reporter et non pas annuler ces troupes. Normalement, en septembre, le chanteur Eliasse qui a lancé sa carrière à Mayotte, doit revenir mais également Gren Semé, un groupe de maloya de La Réunion devait aussi venir. On espère reporter sur un autre moment.

F.I. : Pourtant, dans ce contexte difficile post-Chido, la population na peut-être jamais eu autant besoin de culture ?

V.M. : Exactement, actuellement les gens ont besoin de culture et de s’évader. Avec la Fondation de France, nous allons essayer de réexpliquer que la population en a besoin car cela fait partie de la reconstruction d’un territoire, des personnes. Ce n’est pas seulement du divertissement, c’est quelque chose de beaucoup plus important.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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