Après dix ans d’absence, le chanteur comorien Eliasse revient à Mayotte pour une série de trois concerts : le samedi 26 février prochain au pôle culturel de Chirongui, le 5 mars au 5/5 et le 7 mars au centre universitaire de formation et de recherche de Dembéni. Pour ces trois rendez-vous, Eliasse sera accompagné de deux musiciens bordelais, Fred Girard à la batterie et Jérémy Ortal à la basse.
« C’est avec une grande émotion que je suis de retour à Mayotte pour partager l’expérience que j’ai acquise au fil de toutes ces années passées dans l’Hexagone et autour du monde », affirme Eliasse. S’il a passé les dix dernières années dans la région bordelaise, c’est en effet sur l’île aux parfums que l’artiste a débuté sa carrière musicale, au milieu des années 2000 en jouant pour divers chanteurs locaux comme Maalesh, Baco, M’Toro Chamou ou encore Bo Houss. Toutes ces collaborations ont nourri sa propre inspiration et c’est en 2008 qu’il sort son premier album intitulé « Marahaba ». Auteur-compositeur-interprète, Eliasse se revendique de la tradition musicale d’Abou Chihabi, musicien des années 70 et créateur du « folk comorien » dans lequel se mêlent rythmes traditionnels de l’archipels et influences venues d’ailleurs.
« Ma musique est hybride », déclare le chanteur. « J’utilise les rythmes du chigoma ou du m’godro que je mêle au blues et au rock. » Les rythmes ternaires de l’archipel se marient donc aux rythmes binaires occidentaux pour créer une world music typique de la région. « Avec Baco, nous avons surnommé notre type de musique « le zangoma », un mot inventé issu du préfixe « za » qui est la marque du pluriel et de « m’goma » qui désigne les percussions », indique-t-il. Toutefois, Eliasse utilise beaucoup d’autres instruments au sein de sa musique. Les guitares, la basse, mais aussi certains instruments traditionnels comme le gaboussi. Plus insolite, il y mêle les sonorités du merlin, un instrument qu’il a découvert par hasard lors d’un voyage au Canada. « Depuis quelques temps, ma musique prend une autre direction et j’utilise notamment beaucoup la guitare électrique », précise-t-il.
Un retour sous forme de trio
En 2019, il sort un deuxième album intitulé « Amani way ». Installé depuis sept ans dans la région bordelaise, Eliasse y a poursuivi sa carrière musicale en donnant de nombreux concerts dans l’Hexagone, mais également aux quatre coins de l’Europe et du monde. Pour son grand retour à Mayotte, île qui l’a vu naître en tant que musicien, il sera accompagné de deux musiciens bordelais : Fred Girard à la batterie et Jérémy Ortal à la basse. Mais Eliasse a également intégré les machines issues de l’électronique au sein de sa musique. « Jouer avec les sonorités apporte une richesse supplémentaire à ma musique », estime-t-il.
Dans ses textes où se mêlent français, comorien et même anglais, Eliasse parle des problèmes de l’archipel, de sa politique discutable jusqu’aux drame des naufrages de kwassa. L’amour est aussi une thématique qui lui tient à cœur, mais qu’il utilise davantage sous forme de métaphore qu’au sens propre. Enfin, la protection de l’environnement tient aussi une place primordiale dans ses textes. Au cours de ces trois concerts prévus, il interprètera un panel de ses deux albums ainsi que quelques titres inédits. Chanteur engagé dans l’action sociale, Eliasse donnera également deux représentations à la prison de Majicavo et a déjà commencé à animer des ateliers dans les établissements scolaires.