« Célébrer quelque chose qui est vraiment le reflet de la culture mahoraise »

Le week-end dernier se déroulaient les Journées européennes du patrimoine. Malgré les répercussions de la crise sanitaire, bon nombre de communes et d’associations ont joué le jeu pour proposer des animations et des activités aux visiteurs. En charge du patrimoine immatériel à la direction des affaires culturelles de Mayotte, Arnauld Martin relate les premiers retours de cette 37ème édition et se tourne déjà vers l’année prochaine.

Flash Infos : Quel bilan tirez-vous de ces journées européennes du patrimoine (JEP) consacrées à la culture « malagasy » ? Que retiendrez-vous en particulier ?

Arnauld Martin : À l’heure actuelle [lundi soir], nous avons le retour de comptage de cinq porteurs de projet sur les 17 recensés. Toujours est-il que ces premiers éléments sont quand même intéressants : en tout, nous avons comptabilisé 893 visiteurs, sachant que cela représente à peine un tiers des sites. Par exemple, le Muma, le musée de Mayotte, a reçu 537 personnes, ce qui est proche des chiffres de fréquentation des années précédentes ! Musique à Mayotte a accueilli 107 visiteurs, le lycée de Coconi, avec ses activités de découvertes, a vu 40 visiteurs pointer le bout de leur nez. Mais de toute façon, nous ne sommes pas dans une logique de chiffres.

Pour avoir visité plusieurs sites le samedi et le dimanche, nous retenons l’engouement du public, qui a dégagé une sensation de joie et une volonté de célébrer quelque chose qui est vraiment le reflet de la culture mahoraise. Les JEP mettent en avant le patrimoine immatériel mahorais, qui fait partie de la culture quotidienne, à l’instar de la langue, du savoir-faire… Il y a une grande fierté à mettre en avant cette culture quotidienne dans le patrimoine immatériel.

À Mayotte, nous ne venons pas spécialement visiter des monuments, mais plutôt constater que nous avons une richesse culturelle qui n’a pas toujours été bien traitée au cours de l’histoire. Les Mahorais ont souvent été dénigrés par le passé à ce sujet. Or, les JEP démontrent bel et bien le contraire. Pour moi, c’est vraiment ça l’important à retenir !

FI : Sur les neuf communes ayant participé à l’événement, lesquelles ont accueilli la plus grande affluence ? Quels sites ont le plus intrigué les visiteurs ?

A. M. : À chaque endroit, il y avait « beaucoup » de monde, et notamment une participation assez marquée à Mamoudzou, à Bandrélé, à Chirongui… Après, ce ne sont pas des foules, car les porteurs de projets avaient des restrictions quant au nombre de participants. Mais, je dirais que toutes les grandes communes qui ont organisé des activités ont reçu du monde.

À Mamoudzou, l’ensemble des activités était réuni sur l’ancienne place du marché avec un chapiteau, des démonstrations, des expositions… Il s’agit d’un lieu très central qui a accueilli des gens en continu venus découvrir des aspects du patrimoine parfois méconnus. À l’écomusée du sel à Bandrélé, il y avait la possibilité de voir le travail des « Mamas shingos », les ateliers de musique et de danse, la gastronomie. Concentrer toutes ces activités au même endroit a permis de fidéliser les visiteurs. Choisir ce principe de foyer a été payant. Les Naturalistes ont également proposé des sorties en bateau pour visiter l’îlot Mbouzi. La quarantaine de curieux a partagé une expédition qualitative avec l’histoire de ce site. À Dembéni, le village d’Iloni a participé aux JEP pour la première fois. Forcément, ça attire, ça mobilise et ça motive. Cette réappropriation du savoir-faire de l’association témoigne de cette reprise en main du patrimoine par les Mahorais. À Chirongui, la commune a un service patrimoine, donc il y a eu une manifestation centralisée autour du pôle culturel, mais aussi des animations dans la mangrove. Cela a répondu à différentes demandes. Certains ont préféré la randonnée dans les hauts de la commune tandis que d’autres ont privilégié l’aspect foire artisanale et spectacle. En clair, il y en a eu pour tous goûts et tous les publics.

FI : Comment comptez-vous vous y prendre pour fédérer encore davantage les partenaires et les institutions, à l’instar du rectorat, l’année prochaine ?

A. M. : Nous nous y prendrons plus tôt pour mobiliser les acteurs. À la direction des affaires culturelles, nous souhaiterions réunir les porteurs de projets dès le premier trimestre de l’année 2021 pour mieux travailler sur l’harmonisation des programmes et la communication, qui a été rendue compliquée.

Avec le rectorat, le problème est que les JEP tombent très tôt après la rentrée scolaire donc les enseignants n’ont pas tous la possibilité de s’organiser. Mais cela pourrait leur permettre de lancer un projet pédagogique mené sur toute l’année.

Après bien sûr que nous aimerions que d’autres partenaires ouvrent leur porte. J’ai vu qu’EDM avait tourné un film sur sa centrale des Badamiers en Petite-Terre. Ce serait génial que le public puisse s’y rendre pour la visiter. Je pense aussi à la Légion étrangère ou à Mayotte la 1ère. Ce sont autant de pistes que d’institutions que nous allons solliciter dans les prochains mois, en amont de la prochaine édition.

Enfin, l’objectif est d’inciter les associations et les mairies à pérenniser ces activités tout au long de l’année pour en faire bénéficier les scolaires et le plus grand nombre. Il y a une envie d’activités qui est débordante à Mayotte et le travail des associations est extraordinaire de ce point de vue-là !

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