« Ce qui me touche le plus, c’est le potentiel de Mayotte »

En 2023, la journaliste et réalisatrice Solène Anson est arrivée à Mayotte sans rien connaître du territoire mais en ayant entendu beaucoup de négatif. Contre toute attente, la jeune femme s’attache à l’île aux parfums, à sa beauté et à sa population. Aujourd’hui, elle réalise le documentaire « Diaze, un regard sur Mayotte » pour raconter les atouts du territoire et la richesse de sa culture.

Flash Infos : Qu’est-ce qui vous a motivé à réaliser ce documentaire ?

Solène Anson : En tant que journaliste pour France Télévisions, à l’été 2023, j’ai eu l’opportunité de travailler pendant un mois et demi pour Mayotte la 1ère, j’ai accepté. Quand je parlais de Mayotte autour de moi, on me disait : « fais attention, il y a de la violence, la pauvreté, l’insécurité, le manque d’eau, etc ». En fait, ce sont des personnes qui disaient ça juste après avoir lu les médias. Je me suis dit en tant que journaliste, il faut le voir pour le croire. J’y suis allée, j’ai vu, et au final, je n’y ai pas cru. Sur ce territoire insulaire, j’ai rencontré des personnes chaleureuses, accueillantes, une population diversifiée par son immigration. J’ai pu découvrir une richesse culturelle, culinaire, agricole qui était passionnante et je me suis basée sur ça pour réaliser le film. Ce qui m’a le plus touchée, c’est son potentiel. C’est une île beaucoup critiquée, en réalité, elle est très authentique. J’ai donc voulu montrer la vraie image de Mayotte et la meilleure façon de le faire, c’est de faire un film.

F.I. : Que raconte le documentaire ?

S.A. : Le film suit Diaze Abdou, un Mahorais de 24 ans qui habite à Dzoumogné. Je l’ai rencontré par hasard. Sur son compte Instagram, il met en avant son île en photos et vidéos. Il se définit comme un aventurier. Dans ses contenus, on voit qu’il explore Mayotte, il l’a présente comme un petit coin de paradis à travers sa biodiversité, les paysages, les gens. Ce qui est drôle, c’est qu’aucune de ses photos ne se ressemblent, ça montre la diversité et la richesse de l’île. Ça m’a donné envie de réaliser son portrait, de savoir quel était son quotidien à Mayotte. La première fois que je suis venue, c’était au cœur de la crise de l’eau, on pouvait ne pas en avoir pendant 48 heures. Je voulais savoir comment lui vivait cela, mais aussi évoquer avec lui la chance d’habiter près du plus beau lagon du monde. Au centre du film, il y a la question de comprendre pourquoi le territoire peine à mettre ses atouts en vitrine et à développer le tourisme. Pour parler de cela, Diaze part rencontrer plusieurs acteurs, un agriculteur, les propriétaires d’un gîte, un pêcheur.

F.I. : Où en est le projet ?

S.A. : J’ai proposé le documentaire à Mayotte la 1ère, ils sont intéressés et il devrait être diffusé l’année prochaine. Nous avons fait le tournage, il y a quelques semaines, et nous allons commencer le montage en janvier prochain. Je suis en contact avec le conseil départemental de Mayotte, la mairie de Mamoudzou et la préfecture de Mayotte pour qu’ils m’accompagnent financièrement. Ces partenariats permettront d’organiser aussi un ciné-débat, voire de futurs interventions et conférences.

F.I. : A seulement 24 ans, vous n’êtes pas à votre premier documentaire.

S.A. : J’ai découvert le documentaire au Canada avec une professeure passionnée qui m’a encouragé. Je prends beaucoup de plaisir à faire du documentaire. Pour moi, ce format est puissant car il fait ressortir beaucoup d’émotions. Par rapport au reportage des journaux télévisés, on a plus de temps, on est plus proches des interlocuteurs et ça amène à faire réfléchir. J’en ai déjà réalisé deux, le premier au Canada en 2020, il s’appelle « Derrière les frontières », c’est sur l’immigration. Je suis partie là-bas dans le cadre d’Erasmus. A l’origine, je voulais y rester et je me suis posée plein de questions sur la facilité ou pas pour un immigré de vivre là-bas, de trouver du travail etc. J’ai interrogé cinq immigrés, un Français, un Camerounais, un Colombien, un Haïtien et une Algérienne. Il a été primé et est disponible sur Youtube.

Le deuxième s’intitule « Seconde chance », il porte sur les dispositifs d’éducation à l’image organisés au sein des quartiers prioritaires en France. Je n’ai pas fait d’école de journalisme, mais j’ai participé à ce type de dispositif dans une radio locale et ça m’a ouvert des portes. Le but est d’évoquer les bienfaits de ces dispositifs pour les jeunes.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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