8.000 euros pour le minbar du Musée de Mayotte

Le minbar historique, ancien objet de la mosquée du vendredi de Kawéni, a récemment remporté le concours du Plus Grand Musée de France, avec 3.209 votes. Grâce à cette victoire, Mayotte a gagné le prix de la zone océan Indien, parmi plus de 130 œuvres présentées au concours. Ce jeudi, au musée de Mayotte à Dzaoudzi, une cérémonie était organisée pour officialiser ce succès, où Allianz France a remis un chèque de 8.000 €.

Pour cette troisième édition du concours du Plus Grand Musée de France, concours mis en place par Allianz France et la Fondation pour la Sauvegarde de l’Art Français. Le minbar de Kawéni est élu grand gagnant de la catégorie « océan Indien ». Façonné dans les années 70, le meuble religieux de près de trois mètres de haut constitue un symbole de la culture mahoraise. Rassemblés au Musée de Mayotte pour la remise du chèque, ce jeudi matin, élus et défenseurs du patrimoine ont pris la parole chacun leur tour pour célébrer sa sélection.

Faire briller le patrimoine et la culture mahoraise

Le minbar, originellement utilisé à la mosquée de Kawéni pour la prière du vendredi et pour la prière de l’Aïd, avait été ramené à Dzaoudzi par les équipes du Musée de Mayotte (MuMa) en 2017. Contactées par la direction des affaires culturelle (DAC) et la fondation, l’œuvre a été proposée au concours pour la catégorie “océan Indien”. L’œuvre est singulière, selon Eymeric Henry, agent général d’Allianz France. Pour le concours, les ouvrages proposés par les seize régions françaises participantes sont “généralement des peintures et des sculptures.” “Parmi les 136 œuvres proposées, on est les seuls à proposer un minbar, c’est plutôt original.” commente-t-il. En devenant une des lauréates, l’île de Mayotte a l’opportunité de donner plus de visibilité à sa culture aux autres départements français. Pour Nadjayedine Sidi, conseiller départemental du canton de Mamoudzou 3, le minbar témoigne de la tradition culturelle et de la croyance mahoraise. « Ce mobilier symbolise le lieu de diffusion de la parole sacrée. […] Il correspond à un mode de vie, à une époque de l’histoire de l’île ». Saïd Omar Oili, maire de Dzaoudzi-Labattoir, ajoute que « le minbar, c’est notre patrimoine. […] Il témoigne qu’à Mayotte, nous avons aussi des choses à préserver, à partager aux autres ». « Avec le minbar, Mayotte peut parler d’elle-même », conclut ainsi Abdoul-Karim Ben Said, directeur du MuMa.

« Quand les mahorais se mobilisent, ils peuvent réussir »

« Les mahorais sont fiers de leur patrimoine, et ils l’ont fait savoir », déclare Abdoul-Karim Ben Said avec fierté. L’évènement a en effet suscité la mobilisation d’une importante partie de la population. Durant la phase de vote qui a duré trois semaines (du 1er au 21 mars), plus de 3.200 mahorais et mahoraises ont voté. « Nous avons mesuré tout l’engouement des Mahorais à défendre ce qui constitue un emblème pour leur culture. Dans beaucoup de bassins géographiques, il n’y avait pas autant de mobilisation », affirme également Nadjayedine Sidi. Pour le directeur du Musée de Mayotte, c’est la preuve que « lorsque les mahorais le veulent et se mobilisent, ils peuvent réussir ».

Une rénovation essentielle

 Les seize œuvres d’art lauréates, dont le minbar de Kawéni, ont reçu individuellement un chèque d’une hauteur de 8.000 € par la société d’assurance Allianz France. Il participera à la rénovation du mobilier, endommagé à plusieurs endroits. « On remarque des lacunes dans la marquèterie et une inscription au feutre de type « tag » faite probablement par un enfant du quartier. Le formica est arraché par endroit et se dédouble, gondole et tombe à d’autres à cause de la pluie et de l’humidité », renseigne la Fondation pour la sauvegarde de l’art français.

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