Vendredi 25 février 2022 avait lieu la troisième journée des ateliers organisés par la direction des affaires culturelles (DAC) de Mayotte, à destination des artistes, des élus, des collectivités et de l’ensemble de la filière du spectacle vivant. En novembre 2021, l’institution avait commandé et initié un diagnostic du spectacle vivant, réalisé par l’agence Troisième pôle sur l’île aux parfums.
Comment sensibiliser à la notion de politique culturelle ? Comment accompagner la définition et la mise en œuvre de celle-ci au niveau local ? Comment faire monter en compétence les acteurs ? Ou encore, comment accompagner la structuration professionnelle du réseau d’artistes ? Telles étaient les questions posées lors de la troisième matinée d’échange autour de la thématique du spectacle vivant à Mayotte. Alors que dans le 101ème département la culture demeure souvent la grande oubliée des budgets et politiques publics, les acteurs du secteur comptent bien faire changer les choses.
Depuis le mois de novembre 2021, la société Troisième pôle, spécialisée en ingénierie culturelle et mandatée par la direction des affaires culturelles (DAC) de Mayotte, a mené un état des lieux du spectacle vivant sur le territoire. L’objectif ? Discuter mais aussi diagnostiquer les besoins des acteurs et des collectivités pour structurer la filière à Mayotte. Alors que le rapport de ce travail d’étude doit être rendu en mars, les acteurs mahorais ont joué cartes sur table et évoqué leurs différents projets et difficultés.
Un réseau d’acteurs à structurer
“Ce qui nous manque ici, c’est la continuité”, affirme Cécile Bruckert. Avant d’ajouter : “Il y a un tel turnover au sein des institutions qu’il est difficile de monter des projets et de structurer la filière”, argumente celle qui fait vivre le quatrième art depuis une vingtaine d’années grâce son association Musique à Mayotte. Alors que les interlocuteurs changent continuellement, les professionnels dénoncent également une charge administrative lourde à assumer. “Si l’on ne prend pas sur notre temps de sommeil pour remplir tous les papiers qui nous sont demandés, impossible de se structurer”, dénonce le patron du restaurant le Voulé, Paul Tibere. Accompagnement, simplification et communication, voici les maîtres mots des acteurs du spectacle vivant pour permettre à la filière de prendre son envol à Mayotte.
Une confusion au sein des institutions
“L’une de nos grandes problématiques, ce sont les budgets qui sont éparpillés et le manque de travail en réseau qui ne permettent pas de mener une politique globale », se désole Fatou Chauveau, la directrice jeunesse, culture et politique de la Ville à la mairie de Mamoudzou. En effet, bien souvent ce sont les activités sportives qui raflent toutes les subventions et il ne reste à la culture que les miettes. À la mairie de Sada, l’adjointe au maire chargée de la valorisation de la culture, du patrimoine et du tourisme, Sitti Said, fait le même constat : “Ce n’est qu’en apprenant à connaître le terrain et ses enjeux que nous pourrons faire changer les choses. Chacun doit prendre ses responsabilités et nous devons tous tenter de travailler ensemble selon les fonctions qui nous ont été attribuées.” Un secteur qui a bien besoin d’un coup de pouce donc mais qui compte tout faire pour donner la voix au monde du spectacle vivant qui sommeille à l’ombre des baobabs…