Le dispositif annoncé par le préfet Jean François Colombet vendredi dernier est accueilli de manière très positive par les restaurateurs de l’île. Ils ont évité le pire et se sentent chanceux de pouvoir exercer leur métier, malgré quelques contraintes.
C’est un grand ouf de soulagement que soufflent les restaurateurs de Mayotte. Ils sont autorisés à accueillir des clients au sein de leurs établissements, contrairement à leurs confrères métropolitains qui sont contraints de fermer les portes de leurs restaurants une nouvelle fois. “Quand le préfet nous a convoqués pour la réunion de travail avant de prendre ses décisions, j’étais quasiment sûr qu’on allait être confinés et qu’on serait obligés de fermer ou qu’on aurait au moins un couvre-feu à 21h. J’ai été extrêmement surpris et je suis sorti de cette rencontre très satisfait par les mesures qui ne sont pas si dramatiques que ça”, raconte Charles-Henri Mandallaz, président de l’Union des métier de l’industrie et de l’hôtellerie (UMIH) et propriétaire de l’établissement L’orient Express à Kawéni. Les restaurants et bars fonctionneront de la même manière à une condition : ils devront fermer à 22h30 tous les vendredis et samedis. Les bars qui ouvrent généralement jusqu’à 2h du matin sont les plus concernés par cette mesure, mais leurs propriétaires essayent de relativiser et comprennent la décision du préfet. “Le week-end est notre meilleure période de travail… La fin de soirée à 22h30 va tomber comme un couperet qui sonne le glas de l’ambiance précisément au moment où elle commence. Pour autant, nous mesurons la chance de pouvoir continuer à travailler à l’heure où certains sont fermés, comme nos confrères exploitants des discothèques”, relate Frank Ibanez, propriétaire du restaurant/bar Le tour du monde en Petite-Terre. Pour rappel, la musique dansante est également interdite et chaque professionnel qui ne respectera pas toutes ces mesures ne bénéficiera plus des fonds de solidarité ni des mesures du chômage partiel. “Les sanctions me paraissent normales parce que lorsqu’il y a des règles, il faut les respecter. Il est impératif que chacun d’entre nous joue le jeu, sinon on ne s’en sortira pas”, lance le président de l’UMIH.
Une réorganisation difficile à mettre en place
Les services de restaurations devront s’organiser autrement pour optimiser les tables et limiter la casse. « Ceux qui le peuvent pourront débuter le service plus tôt et être plus rapide”, selon Charles-Henri Mandallaz. Cela semble plus facile à dire qu’à faire à en croire Frank Ibanez. “Cette mesure va nous affecter directement sur le chiffre d’affaires et plus particulièrement celui des bars d’ambiance. Mais se réorganiser n’est pas aisé, on ne servira pas l’apéritif à 16h. Je pense que les clients vont s’adapter naturellement à ces contraintes horaires.” Les restaurateurs devront également accentuer leurs efforts et mettre en avant la livraison à domicile et la vente à emporter qui ont été fortement développées pendant le confinement. Ils n’ont pas le droit à l’erreur, ils savent que dans deux semaines le préfet pourrait annoncer un reconfinement de l’île et la situation serait dramatique pour eux. “Si on revenait en arrière, beaucoup d’entre nous risquent de jeter l’éponge, parce qu’outre l’aspect financier, il y a aussi l’aspect de l’usure psychologique. Cette année 2020 est catastrophique à Mayotte. En plus de la Covid-19, on a l’insécurité qui brise nos soirées de travail parce que les gens n’osent pas sortir, et maintenant la crise de l’eau”, explique le président de l’UMIH. Les professionnels de la restauration sont donc prêts à tout mettre en oeuvre pour faire respecter les mesures dans les créneaux de travail qui leur sont impartis. Ils retiennent déjà leur souffle jusqu’aux prochaines annonces du préfet de Mayotte.
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