Après 20 ans au service de la rédaction RFO, puis Mayotte la 1ère, Toufaili Andjilani, l’actuel rédacteur en chef de la chaîne publique à Mayotte, quitte son île et son équipe pour la Nouvelle-Calédonie. Un départ qu’il prend avec sérénité, mais non sans une pointe de nostalgie.
Confortablement assis sur son siège, ses doigts pianotent le clavier d’ordinateur. Le regard rivé sur l’écran, Toufaili Andjilani prend à cœur son rôle de rédacteur en chef de Mayotte la 1ère jusqu’aux derniers instants. Avant de quitter son poste et son équipe de toujours, il tient à finir sur un coup de maître ! « Nous avons une grande cérémonie qui nous attend, nous devons couvrir l’élection du futur président du Département », indique-t-il. Ce dernier grand évènement marque la fin de son aventure à Mayotte pour de longues années. Car celui qui a porté la rédaction commune de Mayotte la 1ère durant deux ans a accepté une mutation à l’autre bout du monde, plus précisément en Nouvelle-Calédonie. De nouveaux horizons et challenges qu’il a hâte de découvrir. « C’est un autre pays avec des enjeux importants. Il y a le 3ème référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie prévu au mois de décembre. Tous les projecteurs de la France seront braqués là-bas, et nous relèverons le défi », assure-t-il, impatient de rentrer dans le vif du sujet.
Mais si Toufaili Andjilani quitte Mayotte, c’est également pour pouvoir se confronter à une autre réalité. Dans un territoire où tout le monde connaît tout le monde, il est parfois difficile de prendre du recul « Parfois, il faut prendre des décisions tout en sachant qu’ici, toutes les familles se connaissent. C’est donc difficile d’avoir le rôle de chef objectif. Il faut préserver les liens tout en imposant une certaine rigueur au travail », dévoile-t-il. C’est donc tout naturellement qu’il se dit heureux de vivre une nouvelle expérience à plusieurs milliers de kilomètres de son île natale, même s’il ne s’en cache pas, il aura toujours une pensée pour ses collègues de Mayotte la 1ère avec qui il a tout vécu. Les bons comme les mauvais moments.
En évoquant ces instants, il a immédiatement une pensée pour la regrettée Anliat Boina Issa, journaliste pionnière de Mayotte qui nous a quittés il y a quelques mois. « Sa mort m’a complètement bouleversé, c’est le moment le plus difficile de ma carrière. Je me suis beaucoup questionné. Elle était quelqu’un qui m’a toujours soutenu, elle était bienveillante et travaillait beaucoup. Son absence est un vide au sein de la rédaction que nous ne pourrons pas combler », avoue-t-il encore ému. Il n’oublie pas non plus les moments intenses qu’il a vécu depuis qu’il est à la tête des trois rédactions – télé, radio et Internet -, à l’exemple de la visite du président Emmanuel Macron en octobre 2019. Ses équipes et lui avaient assuré sept heures de direct, sans oublier la couverture des dernières élections municipales et départementales.
Le journaliste de terrain face aux postes à responsabilités
Toufaili Andjilani a intégré la rédaction de RFO au début des années 2000. Il a gravi les échelons grâce à sa détermination et son acharnement pour le travail. Le métier de journaliste, il en rêvait depuis son adolescence. « J’avais vu un reportage sur la guerre du Golfe avec Bertrand Cocq qui faisait un plateau de situation et c’est ce qui m’a donné envie de faire ce métier », se souvient-il. Si ce dernier a adoré être au cœur de l’actualité et aller au contact des gens, tout cela n’était plus possible depuis sa promotion en tant que rédacteur en chef. « Je suis partagé parce que plus j’évolue, plus je m’éloigne du terrain. Je veux garder ce lien avec le journalisme aussi longtemps que je pourrai », affirme-t-il. Son ascension laisse croire qu’il vise le poste de directeur régional d’une station de France Télévisions, mais la réalité est loin de ce que l’on peut imaginer. « En tant que rédacteur en chef, je fais encore du journalisme même si je ne suis pas sur le terrain. Le poste de directeur, c’est autre chose… Tu es plus administrateur ! Et je n’ai pas envie de faire ça, ce n’est pas mon métier », déclare le futur rédacteur en chef de Nouvelle-Calédonie la 1ère.
Qu’importe ses choix, il sait qu’il pourra compter sur son épouse qui accepte le rythme de travail intense qui s’accompagne avec son statut. « Quand nous faisons ce que je fais, nous travaillons sept jours sur sept, quasiment 24heures sur 24. Nous nous levons tôt et nous nous couchons très tard. C’est important d’avoir quelqu’un dans sa vie qui puisse comprendre cela et c’est le cas de ma femme. Elle ne me fait jamais culpabiliser mes absences », dit-il fièrement. Son départ signe le fin d’une époque au sein de la rédaction de Mayotte la 1ère, mais aussi le début d’une nouvelle ère. Tous ses collègues l’affirment, il sera fortement regretté. Bon vent Toufaili !