Annoncée en février dernier, au moment de la crise des barrages, la participation de femmes mahoraises à la foire internationale des produits africains de Dakar est désormais officielle. La commissaire générale de cet événement vient de passer quelques jours dans le département pour vérifier les différents aspects de ce déplacement d’une trentaine de cheffes d’entreprise. L’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (ADIM) sera partenaire et accompagnera cette délégation au Sénégal au début du mois de juin.
La commissaire générale de la Foire internationale des produits africains (FIPA) de Dakar, Fatou Fabira Drame, vient de passer une quinzaine de jours à Mayotte. Précédée de l’ambassadrice (pour la France et l’Océan indien) de la plateforme « bay sa war » (cultiver son lopin de terre dans sa communauté), Arafa Baé, laquelle multiplie les allées et venues entre la métropole et notre département depuis plusieurs mois. Objectif de ces mouvements ? Organiser le prochain déplacement d’une délégation de 30 entrepreneurs mahorais à Dakar, la capitale sénégalaise, qui entend honorer cette année l’île aux parfums, en qualité d’invitée d’honneur à ce carrefour international d’échanges commerciaux et de partage de savoir et d’expérience. Une opportunité exceptionnelle pour ces 30 femmes qui viennent de l’Océan indien pour intégrer une plateforme qui regroupe déjà en son sein 11 000 membres. Cette grande foire internationale de Dakar a été initiée par la plateforme « bay sa war ». Les discussions avec Mayotte ont démarré depuis plusieurs mois, sous la houlette de l’ADEFAM, l’association pour le développement économique et social des femmes mahoraises. Elle a invité Arafa Mbaé, puis le professeur Séngor et Mme Drame. Une initiative qui tombe à pic pour le département de Mayotte qui a missionné la Chambre de Commerce de d’industrie (CCI) de favoriser – par l’accompagnement – l’émergence d’entreprises locales à l’international. Une tâche prise à bras le corps par l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (ADIM) ayant ses quartiers au sein de la Maison des entreprises à Mamoudzou. Ce déplacement d’entrepreneurs mahorais au Sénégal se fait donc en partenariat avec l’ADIM et l’ADEFAM.
Un appel aux femmes africaines pour porter le salouva mahorais
En amont de ce premier saut vers la grande inconnue du commerce international africain pour Mayotte, Fatou Fabira Drame a tenu à venir à la rencontre de ses futurs partenaires, « dans leur environnement propre, pour prospecter sur le terrain à travers des visites de courtoisie pour voir ce qui sera possible de mettre sur pied dans le long terme entre l’ADEFAM et la plateforme « Bay Sa War », voir comment réussir à mieux partager nos idées et promouvoir notre savoir-faire local via cette foire qui se tiendra prochainement à Dakar du 1 er au 9 juin 2024 ». La commissaire générale de la FIPA indique avoir passé plusieurs jours de travail intense avec ses partenaires mahoraises desquelles elle a appris beaucoup de choses. Ainsi le port du « salouva » (l’une des tenues traditionnelles de Mayotte) n’a plus aucun secret pour elle. « J’ai très bien aimé et j’invite les autres femmes africaines à venir la découvrir à l’occasion de la FIPA 2024. Avec ses belles tenues, la culture mahoraise m’a beaucoup séduite, impressionnée et passionnée ». Mais elle retient encore plus la richesse gastronomique locale et l’art culinaire spécifiquement mahoraise qu’elle entend absolument voir mise en valeur dans un mois à Dakar. La source de cet émerveillement provient de la manière dont les Mahoraises cuisent certains aliments tels que les grillades de manioc et de bananes inconnues sur le continent noir. « Nous avons vraiment beaucoup à échanger au cours de cette foire pour que les femmes africaines d’autres pays découvrent ce que les Mahoraises ont de beau à offrir au continent », souligne la commissaire générale de la FIPA.
Une antenne locale de FIPA à Mayotte pour les femmes actives de l’Océan Indien
À cette prochaine rencontre des cultures mahoraise et africaine, le sac made in Mayotte est appelé à occuper une place très remarquée. Selon Fatou Fabira Dramane, cet accessoire aux couleurs d’ylang-ylang et de l’effigie de Zéna Mdéré (la chef du célèbre commando de chatouilleuses) a déjà fait son apparition dans son pays, bien que les femmes qui le portent en ignorent la provenance exacte et l’histoire qu’il véhicule. « Ce sera le moment de voir comment impliquer les femmes mahoraises dans ce programme de mobilité internationale, de pouvoir promouvoir les produits de leur île. Le groupe qui va se déplacer à Dakar sera composé d’artisanes, des opératrices de l’agrobusiness et de jeunes entrepreneurs (femmes) ». La FIPA lance un appel solennel en direction des autorités départementales pour qu’elles adhèrent pleinement à l’idée d’une intégration de l’entrepreneuriat local à cette foire de Dakar afin de favoriser la création de richesses. Elle ne doute pas un seul instant des retombées économiques de la FIPA pour Mayotte. « C’est en connaissance de cause que nous avons décidé d’implanter notre organisation ici sur ce territoire afin qu’elle se développe sur l’ensemble de l’Océan indien. Cela sous-entend que les structures des autres pays de la zone seront pilotées depuis ce département et que toutes les femmes de ces pays pourront ensuite sillonner ensemble chaque île, promouvoir la culture africaine mais avec, chaque fois, une touche locale à travers cette FIPA ». À en croire Fatou Fabira Drame, cette foire itinérante constitue une opportunité pour les jeunes et les femmes à pouvoir développer leurs activités et à les agrandir, encadrées et orientées par d’autres détenant une expertise et une expérience. « C’est cela le rôle de la FIPA et de la plateforme bay sa war » a conclu Fatou Fabira Drame. Outre ce déplacement de juin 2024 à Dakar, la FIPA s’organise en ce moment pour tenir à Mayotte en novembre prochain, un forum économique international. « Nous sommes en voie de rêver car il faut oser rêver pour réussir à aller de l’avant. Dès que nous avons foulé le sol de cette île, nous avons jugé nécessaire de créer des évènements permettant une mise en avant du savoir-faire des entrepreneurs locaux. La mutualisation de nos forces, la mobilité internationale, l’agrobusiness et l’agriculture dans toute sa globalité constitue des éléments capables de faire bouger l’Afrique à travers des événementiels » a souligné la commissaire générale de la FIPA. Un forum sénégalo-mahorais qui vient donc à point nommé et qui sera précédé dès le mois de juin d’un mini forum durant la foire de Dakar avec une journée dédiée à Mayotte.