La poterie entame sa renaissance à Sohoa

Bien plus qu’un simple artisanat, la poterie est un art de vivre au village de Sohoa, à Chiconi. Chaque semaine, des « mamas » embrassent le temps d’un instant une carrière de céramiste afin de faire perdurer la tradition.

Dans une petite habitation prêtée pour l’occasion, une quinzaine de personnes accroupies se plongent quelques minutes durant dans un artisanat d’antan remis au goût du jour au village de Sohoa (Chiconi). L’air concentré, les participants à l’atelier « poterie » de ce samedi s’activent minutieusement autour de petites boules de terre trempées dans l’eau. Leurs doigts sont rougeâtres, car la matière première est une terre qui provient d’une des « pazdas » en contrebas du village, des ravines formées par l’érosion.

Mélangée avec du sable puis fréquemment remué, le tout est très malléable. Mais difficile tâche que celle d’obtenir une forme lisse. Ici, pas de tour de potier, tout est fait à la main, avec l’aide de quelques outils sommaires. Par ailleurs, les participants sont prévenus, leurs œuvres sécheront à l’air libre, ce qui nécessitera environ une trentaine de jours.

« Pourquoi ne pas mettre ça en valeur ? » 

À Sohoa, l’association de poterie du village existe depuis une quinzaine d’années. Pendant un temps, la municipalité de Chiconi a investi une maison qui faisait office de « musée » de la poterie. Sauf que le bâtiment est tombé en ruines. « Du coup les mamas ont continué à faire un peu de poterie de leur côté, mais ça se perdait un peu… », ressasse Toilianti Djoumoi, 34 ans, créatrice de Mayotte Immersion.

Il fallait donc ranimer cet artisanat local. Pour cela, Toilianti, qui propose chaque week-end des ateliers beauté et cuisine mahoraise, a fait appel à ses tantes et cousines. « Elles étaient très motivées, donc on a mis ça en place. »

Les ateliers poterie attirent désormais les curieux d’un peu partout dans l’île. Le bouche à oreille a fait son effet. Une fierté pour les femmes de Sohoa qui sont volontaires pour former des nouveaux arrivants ou encore des élèves de l’école du village, chaque semaine. « C’est la poterie et ce que nos grands-parents utilisaient comme ustensiles de cuisine. Pourquoi ne pas mettre ça en valeur ? », explique Sandaati Madi Mari, 26 ans.

Samedi, des céramistes en herbe l’ont pris au mot, en réalisant des pots, des bols ou encore de petites tasses. D’autres, plus fantaisistes, ont préféré confectionner de petites tortues.

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