Un des arts traditionnels de l’archipel consiste à tailler le bois. Portes, coffres, sièges… Tout peut être sculpté par les mains des menuisiers comoriens. Installé à Mayotte, Marouf continue à faire perdurer cet art unique.
Tac, tac, tac, outils en main, Marouf sculpte avec précision un coffre haut d’un mètre cinquante. Son stagiaire, assis en face de lui, le regarde, d’un air très concentré. Les gestes du menuisier sont secs et précis. Cela fait presque 20 ans maintenant qu’il fait ce travail. Ainsi, il maîtrise chaque technique à la perfection et se dit lui même passionné. « J’ai voulu passer le concours pour être gendarme, mais je n’ai pas eu cette chance… Du coup je me suis dis que je connaissais ce travail d’artisnat et que j’aimais ça, alors pourquoi pas en faire mon métier », retrace l’homme, toujours les yeux focalisés sur son œuvre en préparation.
Marouf touche le bois avec douceur, ses doigts suivant les lignes dessinées sur le bois, qui n’attendent qu’à être sculpté. L’homme d’une cinquantaine d’années a appris le métier de son père, à Domoni. Malheureusement, les jeunes mahorais n’ont pas la passion qui l’habite. « J’ai des stagiaires, mais ils ne sont pas tous motivés, ils disent que c’est trop dur », sourit-il, un brin taquin. Il donne toutefois des cours à trois métropolitains, qui souhaitent apprendre. Pourtant,vivre de sa passion est un luxe auquel beaucoup n’ont pas accès. « Il n’y a pas énormément de travail, mais assez pour vivre », résumet-il avec philosophie, avant de souffler sur les copeaux devant lui. Marouf se contente de vivre de ce qu’il a, et semble en être très heureux.
Un travail de patience
« Pour un coffre de cette taille, c’est trois semaines de travail, tous les jours, sauf le dimanche », explique-t-il. Après avoir travaillé toute la surface, il vernit la pièce unique pour la protéger. Avant de passer à cette étape, il lui reste un côté à sculpter. Pendant ce temps, le mouvement ne faiblit pas à l’angle de la rue. « Salam Alikoum », lui dit un passant. Il connaît tout le monde dans le quartier et vice versa. Les plus jeunes s’arrêtent un instant pour lui dire bonjour et admirer sa dextérité. Les plus anciens le saluent chaleureusement, lui souhaitant du courage pour sa journée de travail. Sa bonne humeur réchauffe les cœurs. Très humble, et plein de bienveillance, Marouf travaille soigneusement, sans oublier d’échanger avec les uns et les autres. S’il trouve que Mayotte a quelques inconvénients, il aime « le travail manuel artisanal » et se plaît à embellir chacun des morceaux de bois qui passe dans ses mains. Il sera sûrement posé au niveau du même angle de Cavani pendant encore de longues années, distribuant des sourires et partageant son savoir-faire.