Un transformateur incendié sur fond de conflit social à Mayotte

Alors que les actes de sabotage font figure de point de rupture entre la direction d’Électricité de Mayotte et les grévistes (voir encadré), un autre a été commis dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 janvier, à proximité de Tahiti plage, sur la commune de Sada. Un poste de distribution a été volontairement incendié, coupant le courant dans tout le sud de l’île.

« J’ai compris qu’il n’y avait plus d’électricité quand mon petit garçon est venu me dire : « Papa, j’ai peur du noir ». » Les riverains de Tahiti plage et des quartiers alentours sont dépités. Au milieu de la nuit de vendredi à samedi, vers 0h30, un transformateur d’Électricité de Mayotte a été incendié. Et pas n’importe lequel. En effet, situé à 200m du poste source, il est le premier sur le réseau électrique du sud de Mayotte. L’arrêt du courant sur l’installation a donc entraîné donc une panne sur tout le sud. Si les autres secteurs ont pu avoir le courant rétabli dans la nuit, les habitations et restaurants près de l’incendie ont été privés d’électricité une bonne partie de la journée de samedi. Une galère de plus dans ce quartier qui n’a jamais été relié au réseau d’eau (les habitants sont raccordés aux rivières voisines). « J’en ai entendu un grand boom », confirme une habitante. Entièrement calciné, l’équipement a été la cible d’une action volontaire. La serrure a été démontée, la trace d’une chaussure juste au-dessus montre que la personne a forcé pour l’arracher, et un objet en feu a été, semble-t-il, jeté à l’intérieur. En plein conflit social chez EDM, les suspicions se portent sur les grévistes. « Je comprends les revendications des salariés. Mais je ne comprends pas pourquoi ils détruisent leur outil de travail », constate un des riverains qui a bloqué quelques instants la route pour demander le retour de l’électricité. « On a vu cinq ou six voitures de gendarmerie pour dix personnes », raconte-il en rigolant.

Une réparation estimée à 112.000 euros

Sur le bord de la route, il suit avec les autres le chantier de la Sogea, samedi après-midi. Pour un retour rapide du courant, les câbles ont été coupés du transformateur et raccordés entre eux. Ainsi, le courant passe directement en attendant que le transformateur soit réparé plus tard. Ce qui ne devrait pas être pour la semaine prochaine. « On ne va pas réparer et risquer d’avoir de nouvelles dégradations », confirme le directeur Claude Hartmann, qui veille la nuit comme les cadres de la société sur les sites les plus sensibles. Pour lui, c’est clair, l’acte est intentionnel après des négociations toujours aussi houleuses (voir ci-dessous). Venu sur place, il constate de lui-même les dégâts. Selon lui, le remplacement du transformateur va coûter 112.000 euros à l’entreprise. Plus tôt dans la matinée, les gendarmes sont venus faire des constatations. Une énième intervention des forces de l’ordre que le directeur d’EDM espère voir aboutir enfin à quelque chose.

« Je n’ai aucune nouvelle de garde à vue. Ce n’est pas faute d’avoir fourni les heures, les dates de signalement, les preuves », déplore-t-il.

Les sanctions disciplinaires, le point bloquant

Le directeur d’EDM confirme que les négociations ont failli aboutir avec l’intersyndicale CGT-FO, ce vendredi. Après cinq heures de discussions, il ne restait qu’un seul point à aborder, l’abandon des suites disciplinaires après les dégradations de ces dernières semaines. Chez EDM, il s’agit d’un point qui figurait d’habitude dans chaque protocole de sortie. « Jamais de la vie », répond Claude Hartman qui estime que les sabotages ont été trop loin. « Cinq ou six plaintes, parfois groupées » ont été d’ailleurs déposées auprès de la gendarmerie ou au commissariat de police. Outre l’arrêt volontaire de la centrale de Longoni, le 30 décembre, des interrupteurs actionnés, la tentative d’incendie d’un transformateur à Dzoumogné et celui de Tahiti plage dans la nuit de vendredi à samedi, d’autres dégradations ont eu lieu sur l’installation électrique du siège de Kawéni. Ces dernières ont été faites à la vue de tous et en présence dans les locaux d’EDM d’un huissier. Cachés sous une bâche, une quinzaine de grévistes ont coupé l’alimentation, qui fonctionne depuis grâce à des groupes électrogènes. Clairement identifiée de fait, la bande pourrait faire l’objet de ces fameuses sanctions.

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