La réfection d’une voirie peut parfois créer de larges polémiques dans une commune. C’est le cas pour la route de Mouboukini à Combani où Abiben Issimailla demande à la municipalité d’engager des travaux d’urgence pour que les habitations ne soient plus inondées lors des fortes pluies. Mais pour l’adjoint en charge de l’aménagement, Ali Abdou, les riverains empiètent sur le domaine public. Deux solutions possibles : soit ils restent dans la boue, soit ils acceptent de pousser leurs murs.
Depuis deux ans, la route de Mouboukini à Combani est un long chemin de croix. Tout commence lorsque la famille Issimailla érige un mur « sur notre passerelle » pour éviter que l’eau de pluie ne coule dans sa cour et inonde sa cave. Sauf que cette mesure drastique a des répercussions pour l’ensemble du quartier. Conséquence, la ressource naturelle ne s’écoule plus et stagne en plein cœur du quartier, voire même jusqu’à l’entrée des habitations. « Soit on mouille les chaussures, soit on ne traverse pas du tout », témoigne Abiben, l’un des enfants.
Mais en creusant un peu plus en profondeur le dossier, plusieurs irrégularités remontent à la surface dans ce statut quo opposant le propriétaire à la municipalité. Et comme dans de nombreuses querelles, l’un comme l’autre se renvoie la balle, notamment concernant l’occupation du domaine public. Si le premier estime être dans son droit, la seconde lui fait un rappel à la loi. « Il s’est permis de construire un mur sans demander de permis. Il a drainé l’eau chez son voisin et a crié au loup en disant que la mairie ne faisait rien. Par le passé, cette route faisait 5 ou 6 mètres de large contre 2.5 aujourd’hui », tance Ali Abdou, adjoint de Tsingoni en charge de l’aménagement. Le plan cadastral à Mayotte n’étant pas des plus fiables, difficile de décerner le vrai du faux dans ce mano a mano… « Pourquoi ne pas instaurer une rue en sens unique pour pouvoir contourner au niveau du quartier 100 villas vers le golf », propose alors Abiben pour enterrer la hâche de guerre.
« La voie publique est exagérement occupée »
Pas suffisant puisque les événements prennent une nouvelle tournure après un épisode de fortes pluies. Il y a 3 semaines, « nous sommes montés au créneau et nous nous sommes rendus à la mairie où nous avons rencontré le directeur de cabinet du maire qui s’est déplacé le jour-même », raconte Abiben. Le bras droit du premier magistrat concède que des travaux d’urgence peuvent être envisagés et fait alors appel à un entrepreneur, après l’accord du responsable des services techniques. Si le chantier débute dans la foulée, il s’arrête brutalement, laissant pour compte une vulgaire tranchée. Toujours est-il que la municipalité semble visiblement avoir bougé quelques pions, comme le démontre une étude menée récemment : élargir la route de 2 mètres nécessiterait une enveloppe de 160.000 euros. Mais pour cela, il est indispensable de repousser les murs et les clôtures qui ont poussé comme des champignons au fil des années. « Il faudrait qu’ils prennent leurs responsabilités. La voie publique est exagérement occupée. Soit ils restent dans la boue, soit ils se rétractent », prévient Ali Abdou, qui annonce le lancement imminent de la consultation du marché.
Une menace que rejette Abiben, qui jure n’avoir jamais eu de retour de l’adjoint à la suite d’une première entrevue peu après les élections municipales. « Personne ne communique là-dessus, personne ne vient nous donner des explications. Cela va finir en guerre de voisinage lorsque la mairie viendra avec son projet », regrette celui qui aurait voulu en discuter à tête reposée autour d’une table. « Notre sollicitation de base était de dégager l’eau et de déposer un peu de gravier pour que la route soit praticable, pas de la refaire en intégralité. Nous ne demandons pas la Lune ! » Et fait appel à un minimum de compréhension face aux difficultés surmontées. « Il ne faut pas croire que nous sommes fiers, mais c’était la seule solution. Personne ne veut comprendre, tout le monde dit que c’est de notre faute si l’eau stagne sur la route. » Et les relations entre les deux parties ne risquent pas de s’améliorer avec le temps puisque Ali Abdou lâche un ultimatum… « Nous ne mettrons pas l’argent public à la poubelle. D’autres habitants ont eux aussi besoin de ces financements. Il faut faire les choses avec bon sens. » À prendre ou à laisser donc !
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