Un équipement de haute qualité technique et environnemental en lieu et place du squat actuel des immigrés clandestins africains. La nouvelle version du stade de Cavani doit normalement sortir de terre au cours des prochains mois. Zouhourya Mouayad Ben, vice-présidente du Département de Mayotte en charge du sport, de la culture et de la jeunesse, annonce un projet en plusieurs étapes, dont la première séquence démarrera dès le mois de mars 2024.
Objet d’un bras de fer juridique devant le tribunal administratif de Mayotte il y a à peine quelques semaines – désormais entre les mains du conseil d’État à Paris (voir encadré) –, la réfection et finalisation de l’emblématique stade de Cavani à Mamoudzou est un enjeu politique majeur pour le conseil départemental de Mayotte. Aux commandes, la conseillère départementale de M’tsamboro, Zouhourya Mouayad Ben. Celle-ci n’entend pas céder un pouce aux pressions médiatiques et populaires, pas plus qu’au positionnement de la justice, qui a statué et rejeté l’évacuation du site où se sont installés des immigrés clandestins africains en provenance des pays des Grands lacs. « Circulez, il n’y a rien à voir tant que la verrue n’est pas caractérisée sur un foncier appartenant à l’État pourtant gestionnaire de l’immigration irrégulière et de la défense des frontières de notre territoire », ironise un élu local de Mamoudzou. Les cases faites de bâches et de divers matériaux de récupération ont poussé comme des champignons en quelques semaines seulement. Les occupants ont même reçu la visite du ministre délégué aux outre-mer, Philippe Vigier, le jeudi 2 novembre. Faute de solutions, le squat n’a cessé de s’inviter dans l’actualité locale, au point de s’inviter sur les réseaux sociaux durant les vacances de Noël, notamment avec la décision du tribunal. « Oui, le sujet est plus que préoccupant, eu égard aux risques divers, sanitaire, social et de paix civile », accentue un riverain de l’équipement sportif. Des vidéos circulant encore sur la toile démontrent des violences entre différentes fractions au sein des occupants du site.
Des changements grâce au retard
Indépendamment de l’action engagée en justice pour déloger les occupants illégaux, la vice-présidente du Département de Mayotte en charge du sport, de la culture et de la jeunesse avait pris les devants il y a de cela deux mois, pour expliquer l’urgence qu’il y a pour le Département de reprendre la main sur ce site en vue de la poursuite des travaux du stade. L’équipement se veut un élément moteur de la revitalisation des activités sportives sur l’île et caractéristique de la volonté de Mayotte à accueillir dans un avenir proche les manifestations sportives à caractère départemental, régional et national. Pour se faire, une visite très récente du président de la Commission nationale d’homologation sportive a permis de dresser la liste des corrections nécessaires à apporter à cet équipement pour lui permettre d’obtenir le sésame indispensable à ses prétentions. En somme, le très grand retard enregistré dans la réalisation de cet équipement par le Département de Mayotte peut paradoxalement constituer un atout important dans « sa résurrection » annoncée. Rencontrée ce week-end, la conseillère départementale de M’tsamboro l’assure, « les services techniques départementaux qui planchent sur ce dossier se seraient surpassés en matière d’ingéniosité et d’innovations technologiques, autant suggérées par les bureaux d’études que les consultants internationaux de grande renommée spécialisés dans ce genre d’équipements ». Le stade de Cavani sera « un bijou » et érigé en exemple dont s’inspireront de futurs équipements territoriaux. L‘élue départementale estime que le stade de Cavani pourrait à nouveau être en chantier dès le mois de mars 2024, pour des travaux séquencés en trois phases et devant s’achever à la fin de cette année nouvelle.
Des investissements conséquents
La première étape va consister à refaire toute la clôture du stade pour sécuriser le site et éviter ainsi sa réoccupation par des tiers et le vandalisme contre les bâtiments déjà réalisés des tribunes ouest. Pour cette séquence, Zouhourya Mouayad Ben annonce que « le marché est déjà lancé et attribué à des entreprises, les ordres de services leur arriveront cette semaine pour pouvoir démarrer les travaux ». Ensuite, dans les travaux qui suivront, le site doit tirer avantage des nouvelles technologies et innovations. Par exemple, la production d’énergie propre se fera au moyen de panneaux photovoltaïques qui couvriront les toits des tribunes. Les parkings alentours seront également couverts avec des panneaux similaires à l’image de ceux du centre commercial Lukida à Majicavo Lamir. Afin d’optimiser cette production d’énergie propre et assurer au mieux l’autonomie financière et fonctionnelle du stade, ce système sera élargi à l’ensemble des toitures des équipements limitrophes qui appartiennent tous au Département de Mayotte (Maison des associations, centre d’hébergement Abdallah Mami ou encore le gymnase de Cavani). Des bornes de recharge y seront installés afin de distinguer l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de ces équipements de l’excédent qui pourra être revendu à Électricité de Mayotte (EDM) ou au rectorat de Mayotte qui prévoit la construction d’un établissement scolaire de second degré derrière le stade.
Autre élément plaidant au déplacement rapide du squat, le stade de Cavani dans sa nouvelle version se veut également un lieu de vie, avec un parcours de santé, des barbecues et diverses installations destinées à procurer du plaisir au public à s’y rendre quotidiennement. L’ensemble des retombées financières générées par ces investissements annoncés devront permettre le fonctionnement quotidien du stade de Cavani.
Le siège du CD bloqué par des manifestants en colère
Un collectif d’habitants de Cavani a bloqué les accès du conseil départemental à Mamoudzou, ce lundi, dès 6h. Ils protestent contre la présence en très grand nombre de migrants africains dans l’enceinte du stade de Cavani. Composé en majorité de femmes et de mères de famille, le groupe entend maintenir son blocage jusqu’à évacuation du site et lance d’ailleurs un appel à toute la population de l’île pour venir grossir ses rangs.
La réunion prévue ce mardi entre la préfecture de Mayotte et la collectivité pour examiner cette question est confirmée. Compte de la tournure prise ce matin par les évènements, le Département de Mayotte a tenté de la déplacer à cet après-midi, en vain.
Le manque de calendrier préjudiciable au Département
C’est une décision qui avait fait grand bruit, le 26 décembre. Le tribunal administratif de Mayotte a rejeté la demande d’expulsion par la force publique du camp de migrants installé aux abords du stade de Cavani. Les arguments du Département, comme l’impossibilité de faire des travaux ou la perturbation des compétitions sportives, n’ont pas convaincu la justice. Ainsi, le juge a rappelé que ce type de demande doit être motivé par un calendrier précis des travaux. Ce qui n’a pas a été présenté par le conseil départemental. Pareil pour les compétitions, si le camp se trouve dans l’enceinte, une grille sépare les installations sportives du camp. Et en ce qui concerne les conditions sanitaires, si leur état dégradé est admis, elles ne requièrent pas d’intervenir en urgence estime le juge, surtout qu’aucune solution d’hébergement n’est présentée.
Le conseil départemental, qui souhaite toujours que l’expulsion soit prononcée par la justice, a décidé de faire appel au conseil d’État.