Quatorze millions d’euros pour désenclaver La Vigie

En visite à Mayotte, les présidente et directrice générale de l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru), Catherine Vautrin et Anne-Claire Mialot, se sont rendues en Petite-Terre ce vendredi, pour découvrir le quartier de La Vigie. Celui-ci va bénéficier d’un projet de voirie nécessaire pour apporter, par la suite, une réponse en matière de logement.

« On vous a fait passer par ici pour vous montrer que c’est vraiment inaccessible La Vigie ! » « Et bien c’est réussi ! », s’exclame Catherine Vautrin, la présidente de l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) aux côtés de sa directrice générale Anne-Claire Mialot, tandis que toute la délégation qui les accompagne patauge dans la bouillasse et les déchets ravinés par les pluies matinales.  « La nature a bien fait les choses ! Vous voyez la réalité du terrain », argue le maire de Pamandzi, Madi Madi Souf. Après avoir visité les sites de Majicavo Koropa et Kawéni, ce jeudi, les représentantes de l’Anru étaient accueillies ce matin à La Vigie pour évaluer de plus près le projet de voirie porté par la communauté de communes de Petite-Terre (CCPT) – projet destiné à « désenclaver le quartier », et pour lequel l’Anru s’est engagé à hauteur de quatorze millions d’euros, aux côtés du conseil départemental de Mayotte (1,5 millions d’euros) et de l’intercommunalité (quatre à cinq millions d’euros).

Pendant une bonne heure, Thomas Caselli, directeur de la rénovation urbaine à la CCPT, a guidé la délégation sur différents secteurs concernés par le projet. Les cadres de l’Anru appréhendent les difficultés spécifiques du site. « La physionomie du terrain génère de l’insécurité, […] les forces de l’ordre n’arrivent pas forcément à suivre les jeunes délinquants jusqu’ici », renseigne un habitant du quartier. A quelques mètres de là, un groupe d’enfants n’ayant pu se rendre à l’école en raison des précipitations observées plus tôt dans la matinée, épie l’attroupement. « C’est l’un des sites les plus difficiles que j’ai vus en termes d’aménagement urbain », admet Anne-Claire Mialot. Le quartier de La Vigie, qui s’étend sur près de 160 hectares, compte 9.000 habitants, dont 6.000 vivent dans des logements de fortune.

Des travaux à partir de juin 2023

Concrètement : près d’un kilomètre de voirie reliant la route Marcel-Henry au boulevard des Amoureux, via La Vigie, verra le jour. Les travaux seront initiés au mois de juin, et dureront trois ans, rapporte la CCPT. L’intercommunalité précise par ailleurs que sur les six démolitions de cases en tôle nécessaires à la réalisation du projet, quatre familles ont déjà une offre de relogement par la Société immobilière de Mayotte (Sim). Le chantier permettra « d’ouvrir le quartier » et de déployer le projet urbain de la collectivité – déjà acté – qui inclut une école, une maison pluridisciplinaire de santé et une maison d’assistantes maternelles, entres autres. « Ce que l’on attend des subventions de l’Anru, c’est un effet levier. Ce qui compte, c’est ce que ça va générer en matière de logements, d’équipements publics et autres. […] Nous sommes très attendus là-dessus », indique à ce titre Jérôme Josserand, directeur adjoint de la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer (Dealm) de Mayotte. « On ne fait pas juste des routes, sinon on aura loupé le rendez-vous ! », résume la présidente de l’Anru.

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