Avec la pose de la première pierre, la Technopole (bientôt) une réalité pour Mayotte

La Chambre de commerce et d’industrie, le Département et leurs partenaires ont posé ce jeudi la première pierre de ce campus d’innovation, censé accompagner la croissance des entreprises et faire rayonner l’île au-delà de son lagon.

Casque orange vissé sur le crâne, les deux gaillards de la Colas prennent la pose, bras croisés à côté de leur muret qui fait face au lagon. “Alors il est beau, hein ?”, se targuent-ils en bombant le torse. Un parpaing bancal boude un peu le reste de la structure, se permet-on de leur signaler. “Ah, mais ça, c’était pour la photo, en dessous, la partie qui est bien, c’est nous qui l’avons faite.” Cinq minutes plus tôt, les caméras immortalisaient en effet la pose de la première pierre de la Technopole, lançant officiellement les travaux pour ce chantier d’envergure. Un projet de longue haleine, qui date au moins de 2018 avec une étude conjointe de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et l’Agence française de développement (AFD).

Trois ans plus tard, ce travail partenarial, qui a reçu le concours du Département, de l’État, de l’Europe, du centre universitaire de formation et de recherche (CUFR), de l’Agence de développement et d’innovation (ADIM), de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) et bien sûr de la ville de Dembéni, hôte de l’infrastructure, sort enfin de terre. “Ce projet ardemment souhaité devient une réalité. Aujourd’hui, nous faisons ensemble le pari de l’innovation et de l’avenir”, a salué le maire de la commune Moudjibou Saidi, en rappelant sa volonté de “faire de notre ville une alternative à Mamoudzou pour désengorger de manière pérenne et efficace le chef-lieu”. Après l’annonce du campus connecté et l’inauguration à quelques semaines d’intervalle du nouveau pôle de formation de la CCI, la deuxième ville de Mayotte marque une fois de plus son ambition de devenir un hub universitaire.

 

Future Silicon Valley de Mayotte

 

Il faut dire que le terrain trouvé pour accueillir la Technopole est plutôt bien choisi. Situé en haut d’une longue pente qui prend son départ à l’Hôtel de ville, le site surplombe l’île aux parfums, avec une vue imprenable sur le lagon. “Je vous invite à vous tourner vers votre droite, pour admirer ce beau paysage, cette belle vue qui probablement va inspirer toutes celles et ceux qui vont travailler ici”, a prédit le président du conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani. “Cette Technopole sera la future Silicon Valley de Mayotte.

Il faudra sûrement quelques années pour s’en assurer, mais l’affaire semble sur de bons rails. Avec son venturelab, ses espaces de coworking et d’événementiel, ses laboratoires de recherche, l’infrastructure a pour objectif de faire de Mayotte une “terre d’industrie”, et un territoire “leader en recherche et développement et en innovation dans le canal du Mozambique”, a souligné Nadine Hafidou, secrétaire du bureau de la CCI. Avec un accent mis sur quatre domaines stratégiques : l’agro-transformation, les activités marines, les technologies de l’information et de la communication (TIC), et les services aux entreprises (stratégies d’innovation, aide dans la recherche de financements, ou l’élaboration d’un business model…).

 

Création de richesses et rayonnement régional

 

Un vrai défi pour le département, qui compte 98% d’entreprises avec moins de cinq salariés, 63% spécialisées dans le commerce qui emploient moins de un salarié et 5% dans l’industrie qui concentre 25% des salariés du privé. “Face à ce constat qui fait de Mayotte un territoire de consommation, nous avons compris que l’industrie était notre meilleur atout pour la création de richesses tout en résorbant le chômage de masse qui gangrène le territoire”, a poursuivi la cheffe d’entreprise.

Coût de l’opération : 16,3 millions d’euros, dont 12,8 millions rien que pour les travaux. Le projet a notamment bénéficié des fonds européens via le Feder et du contrat plan État-Région (CPER), ainsi que d’un coup de pouce du Département de 3 millions d’euros. Il faudra maintenant deux ou trois ans pour que les premiers entrepreneurs, étudiants ou enseignants chercheurs investissent les lieux. Et que, d’un coup d’œil au-dessus de leur écran vers l’horizon, ils fassent de cette “petite Mayotte”, la “tête de pont du rayonnement de la France et de l’Europe dans cette partie du monde”, se prend à rêver Soibahadine Ibrahim Ramadani.

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