Comme prévu, la direction générale de l’aviation civile (DGAC) a inauguré ce lundi à Pamandzi la nouvelle Maison du projet pour la piste longue. Un bâtiment dédié, censé permettre à tous d’obtenir des informations et d’échanger sur cette infrastructure majeure pour les habitants de Mayotte.
Le projet de la piste longue a désormais pignon sur rue. C’est à Pamandzi, non loin de l’aéroport et dans les anciens locaux de Mayotte la 1ère qu’a été inaugurée ce lundi la “Maison du projet”, un “lien et une incarnation pour échanger directement avec la maîtrise d’ouvrage”, a décrit Christophe Masson, le délégué de la direction générale de l’aviation civile (DGAC), qui a pris ses fonctions depuis un mois pour suivre les avancées du projet. “Monsieur Piste longue” y tiendra notamment une permanence hebdomadaire et des salles dédiées présenteront les dernières informations relatives à cet aménagement structurant pour le territoire.
“La Maison du projet se veut d’abord un signal fort, une première vitrine de la piste longue, qui dès demain (mardi), ouvrira ses portes aux habitants”, a présenté Damien Cazé, le directeur général de l’aviation civile, devant les élus municipaux, les conseillers départementaux, le préfet et des représentants du monde économique. Une façon de rendre le projet “chaque jour plus concret”, alors qu’il est en phase “opérationnelle”, a-t-il assuré. “Il faut abandonner les polémiques stériles”, a complété le préfet Thierry Suquet. Histoire de définitivement clouer le bec aux mauvaises langues qui douteraient de l’engagement de l’État en la matière.
Gages de cette bonne volonté, une équipe d’une centaine de personnes travaille d’ores-et-déjà sur la piste longue, laquelle est chapeautée par un porte-parole et délégué attitré en la personne de Christophe Masson. Enfin, 3.2 millions d’euros sont déjà mobilisés par l’État et le conseil départemental pour la réalisation des travaux préparatoires. “Il n’y a pas besoin de faire un premier coup de pioche pour se persuader que des hommes et des femmes y travaillent”, a insisté le locataire de la Case Rocher.
Une piste longue un peu plus courte
Objectif pour les prochaines semaines : le choix du meilleur scénario, qui doit être acté d’ici à la fin de l’année. Pour rappel, deux possibilités sont sur la table : soit allonger la piste au sud pour rejoindre la piste convergente ; soit construire une piste convergente plus longue, prenant appui directement sur l’extrémité sud de la piste actuelle. À noter qu’à l’issue du troisième comité de pilotage du 30 septembre dernier, les conclusions de l’étude opérationnelle ont démontré que la longueur de la piste pourrait être réduite du fait de l’amélioration des performances des nouvelles générations d’aéronefs. “Il faut prendre en considération l’évolution des flottes”, a confirmé Damien Cazé à l’occasion de l’inauguration.
Un bon point pour le lagon, qui ne manquera pas d’être impacté par ces travaux pharaoniques. “C’est le plus gros projet d’aéroport porté en France et en Europe, il n’y a d’ailleurs pas d’autre exemple de piste que l’on reconstruit, qui plus est sur le domaine maritime”, a souligné le directeur de la DGAC. Outre les performances aéronautiques et l’environnement, ce sont aussi les risques naturels, amplifiés par l’apparition du volcan au large de Mayotte, les disponibilités des ressources et les retombées économiques qu’il s’agit de prendre en compte avant d’entamer le chantier. Le processus d’enquête publique doit être entamé mi-2022 pour un démarrage des travaux en 2023.
Les leçons du passé
D’où l’importance de consulter les riverains, sans quoi “vous allez au devant de grandes difficultés, on le voit dans d’autres projets d’aéroports en métropole ou dans les Outre-mer”, a souligné Damien Cazé. Les précédents de Notre-Dame-des-Landes, et plus récemment du quatrième terminal de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, abandonné en février dernier, auront laissé des traces. Pour autant, si la population est attendue à la Maison du projet, pas sûr qu’elle ait vraiment son mot à dire, notamment quant au scénario de piste à privilégier… “La Maison du projet doit permettre de continuer à donner son avis, mais (le choix de la piste) c’est un objet technique extrêmement complexe et il faut déjà que ce soit réalisable”, a nuancé le préfet Thierry Suquet.
Le lieu dédié accueillera donc chaque jour les curieux, tandis que des réunions publiques et des stands itinérants permettront d’aller à la rencontre des habitants de Petite-Terre comme de Grande-Terre, qui seront eux-même touchés par les activités d’extraction. Une lettre d’information sera par ailleurs publiée tous les deux mois, et un site Internet ainsi qu’une page Facebook transmettent les dernières actualités. Tout cela doit par ailleurs être surveillé de près par une “garante de la concertation”, Renée Aupetit, désignée par la Commission nationale du débat public.
“C’est notre fierté de prendre part à ce moment historique”, a salué le maire de Pamandzi et président de l’association des maires Madi Madi Souf qui a rappelé l’enjeu de “cette infrastructure majeure pour le désenclavement aérien de Mayotte”. “La piste à elle seule ne suffit pas, Monsieur le Préfet, et il nous faut notre propre compagnie pour pouvoir jouir de cet ouvrage”, a ajouté dans un appel du pied le conseiller départemental de Labattoir et vice-président chargé de l’administration générale, des transports et de la transition écologique Ali Omar. Soit dit en passant !