Après des mois de travaux préparatoires, l’heure est venue de faire des choix, avant l’enquête publique et l’autorisation de démarrer les travaux. D’ici au premier coup de pelle, toujours prévu en 2023 selon le calendrier actuel, la population est invitée à s’informer via plusieurs canaux de communication lancés depuis ce jeudi.
C’est un moment “charnière”, assure Christophe Masson, le délégué à la piste longue, à l’occasion d’une conférence de presse à l’aéroport ce jeudi. Et pas juste pour cet habitué des grands projets d’infrastructures qui vient poser ses bagages sur l’île aux parfums à partir du mois de septembre, dans le but de suivre pas à pas ce dossier d’envergure. “Nous avons beaucoup travaillé sur les travaux préparatoires. Aujourd’hui, nous rentrons dans le concret.” Autre promesse, pas nouvelle de notre côté du globe : “on ne parle plus de s’il faut ou pas la faire, cette piste, elle va être faite, comme le président de la République l’a dit en octobre 2019.” L’objectif du jour : lancer officiellement le “dispositif d’information, d’échanges et de participation du public”.
Quèsaco ? En substance, une campagne d’information, une obligation pour des projets de cette ampleur, et qui vient en amont de l’enquête publique. “Nous avons besoin d’informer sur les décisions prises compte tenu des travaux préparatoires et de partager les besoins sur la réalisation avec le public”, explique le responsable du projet à la direction générale de l’aviation civile (DGAC). En effet, depuis l’allocution du chef de l’État, Emmanuel Macron, le 22 octobre 2019, de nombreux travaux préparatoires ont été entrepris sur un large éventail de thématiques, des dimensions techniques de la piste (axe, longueur, largeur, hauteur), aux gisements et transports de matériaux, en passant par les risques naturels, les impacts environnementaux, les coûts et l’organisation du chantier…
Des millions de mètres cubes de matériaux
Parmi les questions à trancher figurent par exemple le choix entre les deux scénarii de pistes convergentes issus du débat public, mais aussi les risques naturels, nombreux dans le cadre de ce projet à Mayotte, exposée aux risques sismiques. La stabilité du sol, la résistance de l’ouvrage face à un potentiel tsunami et la subsidence de l’île face au volcan font partie des éléments à prendre en compte pour lancer le chantier. L’autre question à un million : l’approvisionnement et l’acheminement des matériaux. À savoir plusieurs millions de mètres cubes de matières premières, non seulement à dénicher – à Mayotte de préférence – mais aussi à transporter jusqu’à leur point de chute ! “Cela ne se fera pas en mettant des camions sur la barge”, ironise Christophe Masson en évoquant la possibilité de liens maritimes particuliers, avec de nouveaux quais de chargement en Grande-Terre. Troisième enjeu et non des moindres : l’impact environnemental et le cadre de vie. Une dimension du projet qui avait déjà fait l’objet d’un avis mitigé de l’autorité environnementale en décembre, appelant à plusieurs révisions avant l’étude d’impact finale.
Tenir le calendrier
Face à ces nombreux travaux, l’heure est donc maintenant au choix. Et pour en informer la population, le maître d’ouvrage met en place un certain nombre d’outils de communication avec l’ambition de recueillir un maximum de questions, avis, points d’attention. Dès ce jeudi matin, le site internet de la piste longue (https://pistelongue-mayotte.fr/) est ainsi actif. À parution bi-mensuelle, la première lettre d’information datée du mois de juillet récapitule l’état d’avancement du projet tandis qu’un dossier de présentation détaillera plus en profondeur certaines thématiques. Des stands itinérants sont aussi prévus ainsi que des actions et événements tous les deux mois. Enfin, une maison du projet “où chacun pourra venir se renseigner et poser ses questions”, doit voir le jour en septembre en Petite-Terre.
En clair, l’État est bien décidé à mettre les petits plats dans les grands pour satisfaire une opinion publique mahoraise lassée par cette arlésienne vieille de plus de dix ans. “Le dispositif est classique”, défend toutefois Christophe Masson, qui met en avant l’importance de ficeler au mieux le dossier à soumettre à l’enquête publique. De quoi tenir le calendrier pour un démarrage des gros travaux en 2023, soit une échéance qui a déjà été annoncée en fin d’année dernière. “Nous sommes toujours sur cette perspective”, présage le Monsieur piste longue de la DGAC. Le nez dans le guidon !