L’ouverture du village relais Étape Fulera de Tsoundzou II marque l’éradication des bivondilles à Mayotte

Annoncé en grande pompe par Annick Girardin, l’ancienne ministre des Outre-mer, comme une solution de relogement temporaire aux familles décasées, le village relais de Tsoundzou II, dénommé Étape Fulera doit accueillir ses premiers locataires à partir de ce samedi. Gestionnaire du site, l’association Coallia a pour objectif d’accompagner les bénéficiaires mahorais vers la réinsertion professionnelle. Un défi de taille qui a pour vocation de se démultiplier sur le territoire, alors que les opérations de destruction de cases en tôle s’enchaînent aux quatre coins de l’île.

« George, il faut planter quelque chose ici… Des fleurs par exemple ! » À quelques minutes de la signature des conventions portant financement et occupation du village relais de Tsoundzou II, les derniers détails végétaux restent (encore) à peaufiner. Des finitions en partie cachées par l’enracinement d’un arbre du voyageur, symbolisant « la vie » et « la brièveté du parcours » des futures familles accueillies sur ce site. « Le contrat initial s’élève à six mois, renouvelable au cas par cas. Nous ne sommes pas dans la sédentarisation », prévient Éric Nicaise, le directeur régional adjoint de Coallia, l’association gestionnaire d’Étape Fulera, dont le nom fait écho au « tremplin » qui attend les bénéficiaires mahorais, triés sur le volet par le système intégré d’accueil et d’orientation et validés par la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.

Avec déjà dix maisons livrées sur les trente-et-une prévues dans le carnet de commande, les premiers 240 futurs occupants débarquent dès ce samedi pour prendre possession de leur nouvelle habitation, « sous réserve de l’électricité ». « L’objectif est de développer ce type d’hébergement. Nous avons besoin de sas comme cette réalisation pour proposer, à ceux qui vivent dans les bidonvilles, un logement digne et un accompagnement pour leur permettre d’avoir accès à un logement social et à un certain nombre de droits », résume en quelques mots le préfet, Thierry Suquet. D’où la démultiplication de ce projet de villégiature sur Hamouro, Kawéni, Majicavo et Petite-Terre. Une possibilité offerte par le décret publié le 17 septembre dernier par les ministères des Outre-mer et du Logement « que nous espérions depuis un moment » puisque l’État finance la construction et le fonctionnement de ces villages.

Lever les freins pour insérer les habitants

Mais l’intérêt de cette politique de résorption de l’habitat insalubre repose avant tout sur la réinsertion des principaux concernés. Cela commence par lever les freins sociaux, psychologiques, sanitaires ou encore linguistiques pour les diriger par la suite vers des métiers abordables tels que la culture maraîchère ou le bâtiment. « Tout est lié ! Aucun domaine n’est plus important qu’un autre », insiste Éric Nicaise, pour qui la réussite de ce challenge passe par la présence d’une équipe pluridisciplinaire composée de professionnels spécialisés et par l’étroite collaboration avec les institutions et le tissu associatif. « Si nous agissons de façon séquentielle, il nous faudrait des années… Or, nous ne les avons pas. »

Reste que les places sont chères au vu des opérations de destruction de cases en tôle qui pullulent aux quatre coins de l’île, à l’instar de celle organisée en début de semaine prochaine sur le quartier Caro Boina à Koungou. D’où l’engagement moral signé avec Coallia. « Les familles qui vont arriver n’ont pas de ressources pour la plupart. […] Si elles ne jouent pas le jeu, nous n’allons pas perdre notre temps ! D’autres attendent devant la porte… », déroule encore le directeur régional adjoint. Avant de dévoiler la méthode de travail de l’association : « Nous sommes là pour donner un cadre et partager des valeurs, même si nous allons faire en fonction des spécificités mahoraises. »

Ambitieux, ce projet vacille tout naturellement entre attentes et espérances. « Il faut réussir cette implantation », martèle le délégué du gouvernement, conscient de l’enjeu suscité. Convaincu, un éducateur donne même rendez-vous d’ici quelques mois pour découvrir les potagers individuels et les jardins fleuris partagés. Synonyme de nouveau départ pour les passagers d’Étape Fulera.

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