Dans le nord de Mayotte, on s’organise comme on peut face aux coupures d’eau

Certains habitants, qui ne reçoivent plus d’eau depuis plusieurs jours, doivent désormais se rendre sur l’une des cinq citernes installées par la Mahoraise des Eaux (SMAE) pour ramener des bassines jusqu’à chez eux. Ce lundi, le maire a fermé les écoles. Plusieurs pannes et casses ont été repérées tout au long du week-end, explique l’entreprise.

Finis les tours d’eau, place aux coupures d’eau ! Décidément, le sujet n’en finit pas de faire couler de l’encre, à défaut de laisser filer quelques gouttes dans les robinets. Depuis la fin de la semaine dernière, les habitants de plusieurs villages du nord (M’tsangamboua, Handrema, M’tsahara, Hamjago, M’tsamboro, M’tsangadoua) subissent des coupures à répétition. Le SMAE, qui a fini par refaire le fil par voie de communiqué ce lundi en fin de journée, parle plutôt de “perturbations (qui) se sont caractérisées suivant le village et la situation altimétrique de l’abonné par une intermittence de service, des manques de pression et pour la majorité de la population des manques d’eau assimilables à des coupures d’eau”.

Mais pour les habitants, lassés de ces interruptions intempestives, c’est du pareil au même. “Pour l’instant, nous n’avons pas d’eau depuis jeudi soir, jusqu’à hier [dimanche] 17h quand ils ont réussi à installer la citerne”, relate Mariama, une habitante du village de Hamjago. Désormais, son mari et elle se relaient pour aller remplir quelques bassines. “Il porte les sceaux jusqu’à là-bas, et moi je les monte jusqu’au deuxième étage de notre maison”, soupire cette mère de famille. Avant de relativiser : “ce week-end, on a dû récupérer l’eau de pluie…

Un autre habitant fait moins dans la dentelle. “Rien, aucune info aux particuliers ! Pas un message d’alerte par SMS ou autre ! C’est démerdez-vous !”, s’agace Bruno. “Aujourd’hui, je suis sorti, et l’eau était revenue à mon retour. Mais jusqu’à quand ? C’est comme ça depuis quatre jours, parfois ça dure des jours, des nuits entiers !

 

Casses et difficultés de remplissage

 

Dans son communiqué, la Mahoraise des Eaux date pour sa part le début des perturbations au vendredi 19 mars, quand “une double casse sur la conduite 200 mm partant du réservoir 500m3 de Dzoumogné et alimentant la bâche de reprise qui permet de remplir le réservoir Col Handrema”, a été repérée. D’après l’entreprise délégataire, les travaux ont permis de rétablir l’eau aux alentours de minuit et demi, samedi. Mais dans la journée, c’est rebelote ! Le faible débit entre Dzoumogné et Handrema rend impossible le remplissage du réservoir. “Seul le village de M’tsahara partie basse a pu bénéficier quasiment d’une alimentation normale.” Dimanche, une autre panne de la station la Poste Dzoumogné et une casse à l’entrée de M’tsangamboua entraînaient de nouvelles coupures, jusqu’à 16h. Et lundi, le remplissage Col Handrema était toujours en cours.

 

Fermeture des écoles ce lundi

 

Bref, la SMAE était sous l’eau tout le week-end… Une situation qui a conduit le maire de M’tsamboro, Laïthidine Ben Said, à prendre un arrêté dimanche soir, pour décider de la fermeture des établissements scolaires de sa commune. « Ça devient chaotique, et le pire, c’est que nous n’arrivons pas à avoir une communication de l’entreprise. Donc j’ai informé les familles que les écoles n’ouvriraient pas.” Du côté du rectorat, si l’on déplore un peu cette décision de l’édile, prise “par précaution” alors que l’eau a commencé à revenir lundi, on assure avoir mis les bouchées doubles pour pousser la Mahoraise des Eaux à régler le problème. “C’est un peu dommage, nous avions discuté avec le maire et fait tout ce qu’il fallait pour que l’entreprise rétablisse l’eau”, explique le recteur Gilles Halbout. En effet, la SMAE assure ce lundi avoir fait en sorte de “sécuriser l’alimentation en eau des usagers prioritaires (écoles, collège, lycée, PMI, CHM)”. Un indispensable, en ces temps de crise sanitaire. “Je ne sais pas si le maire va refaire un arrêté ce soir, mais tant qu’il n’y a pas d’eau, je n’envoie pas les enfants à l’école dans ces conditions”, rouspète Mariama.

Un nouveau communiqué d’information sera adressé ce mardi matin, informe de son côté l’entreprise.

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