Ce jeudi 10 février se déroulait la pose de la première pierre du terminus sud du projet Caribus. Une concrétisation pour la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou après plus de dix ans d’attente. Et une énorme bouffée d’oxygène pour les habitants de l’île aux parfums.
Casques sur la tête et truelles dans les mains, les élus rayonnent derrière le mur de briques de terre compressée. Et ce sous une pluie torrentielle. Réunis bras dessus, bras dessous à l’entrée de Passamaïnty, tous ont conscience de l’importance de leur geste, ce jeudi 10 février, avec la pose de la première pierre du terminus sud du projet Caribus. « C’est un moment historique, n’ayons pas peur des mots », se permet d’introduire Rachadi Saindou, le président de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou. « Notre volonté après notre élection (le 12 juillet 2020, ndlr.) était d’aller encore plus vite et plus loin pour [le] rendre concret. » Un an et demi plus tard, mission accomplie !
Mais que de chemin parcouru, comme le rappelle le maire de la ville chef-lieu, Ambdilwahedou Soumaïla. « Projet utile ou inutile ? Projet dépassé ou d’actualité ? Autant de questionnements qui se sont posés » depuis les débuts en 2010. L’annonce de sa mise en service en 2020 à la suite de la signature d’une convention de coopération entre Soibahadine Ibrahim Ramadani (conseil départemental) et l’intercommunalité (Mohamed Majani) en mai 2017 en est la parfaite illustration. Peu importe le retard accumulé, Rachadi Saindou préfère louer « l’investissement personnel et politique » des uns et des autres plutôt que de raviver de vieilles blessures (ou rancunes).
Désenclaver les quartiers
L’heure est plutôt à la fête. « Enfin ! », se réjouit pour sa part Thierry Suquet, le préfet de Mayotte, persuadé que ce transport collectif urbain « aura un fort retentissement auprès du grand public ». Amélioration du trafic, réduction de la congestion automobile, désenclavement des villages… Autant d’exemples qui démontrent l’intérêt du Caribus. « Nous allons rendre les quartiers, situés aux abords des abris de bus, plus attractifs », assure Ambdilwahedou Soumaïla. À l’image de Vahibé, excentré de Mamoudzou. « Le territoire a besoin de ce projet d’envergure, cela va transformer le visage de notre île. C’est une étape importante pour développer l’accès à l’éducation, à la culture et au sport », renchérit Rachadi Saindou.
Et l’ambition affichée ne s’arrête pas à la simple réalisation des quatre lignes (des Hauts-Vallons à Passamaïnty ; de Passamaïnty à l’université de Dembéni ; les hauts de Mamoudzou ; de Passamaïnty à Vahibé), qui « ont vocation à desservir du nord au sud et d’est en ouest ». À cela s’ajoutent 5 kilomètres de voies cyclables (le schéma directeur cyclable est en cours de réalisation), 20 kilomètres de voies piétonnes, trois pôles d’échanges multimodaux, deux parkings au terminus de la ligne 1 et 41.551 végétaux plantés… De quoi donner le tournis d’ici 2025, année de livraison prévue. L’objectif, aussi : insérer des jeunes éloignés de l’emploi. « Donnons-nous les moyens de construire un avenir éco-responsable », insiste le président de la Cadema.
« Ce projet est une première réponse majeure à la problématique de la mobilité » dans cette agglomération qui concentre 80% de l’activité économique, considère Ben Issa Ousseni, le chef de l’exécutif du conseil départemental. Avant que le délégué du gouvernement rappelle que « le tout voiture individuel n’est plus possible » au vu des projections démographiques d’ici 2050. Reste à faire intégrer ce mode déplacement plus vert à la population. Ce serait dommage que les 245 millions d’euros investis ne servent qu’à faire rouler des bus vides…