« Mayotte ne se construit ni dans le ciel, ni dans la mer… On a besoin de terrain ! »

Les Assises de la reconquête foncière se tiendront le 9 mars prochain au cinéma Alpa Joe à Mamoudzou, organisées par la municipalité, la préfecture de Mayotte, le conseil départemental, la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema), l’Association des maires de Mayotte et la commission d’urgence foncière (Cuf). Une conférence de presse était organisée ce lundi matin pour en clarifier la teneur et les objectifs.

« Mayotte se construit à grande vitesse. Si nous ne créons pas les conditions pour maîtriser notre aménagement, nous continuerons à le subir », argue le maire Ambdilwahedou Soumaïla, dans la salle Mariage de l’hôtel de ville de Mamoudzou. « Et la première maîtrise, c’est le foncier ! », assène-t-il.  Remettre de l’ordre dans le chaos foncier mahorais… éternel défi pour les grandes institutions de l’île, qui joindront leurs forces ce jeudi 9 mars à l’occasion des Assises de la reconquête foncière. 

L’événement est organisé par la municipalité de Mamoudzou, la préfecture de Mayotte, le conseil départemental, la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema), l’Association des maires de Mayotte et la commission d’urgence foncière (Cuf). Il vise à initier une « réflexion collective pour un aménagement durable » et doit permettre d’établir un plan d’action territorial impliquant toutes les institutions. 

Quatre ateliers thématiques se tiendront simultanément dans la matinée, sur les thèmes respectifs de la régularisation foncière (« Accélérer la régularisation foncière en vue d’une reconquête durable »), du relogement (« Héberger et reloger les occupants sans droit ni titre pour libérer le foncier »), de l’urbanisme (« Améliorer le respect des règles de l’urbanisme ») et du développement économique (« Promouvoir le foncier pour un développement économique urbain »).

Une enquête citoyenne en ligne est en cours de diffusion sur les différents canaux de communication de la ville, afin de recueillir des données sur la situation du point de vue des usagers. « Les retours seront analysés et permettront d’ouvrir les débats au cours des ateliers », informe le maire, indiquant que le « conseil municipal jeunes » est également impliqué dans la préparation de l’événement.

« Nous ne devons pas être responsables d’un tel désastre ! »

« Reconquête », le mot est fort. Pour Nassuf-Eddine Daroueche, premier vice-président de la Cadema, il s’agit d’arrêter « d’être frileux », et de « rétablir l’ordre nécessaire » pour permettre une « planification harmonieuse » à l’échelle du territoire. « La maîtrise du foncier est la condition sine qua non de la concrétisation de nos grands projets », avance Salim Mdéré, premier vice-président du CD, en charge de l’aménagement. De nombreux espaces réservés pour de futurs équipements ou projets sont en effet occupés par des constructions spontanées et illégales. « Mayotte ne se construit ni dans le ciel, ni dans la mer… On a besoin de terrain ! », abonde Madi Madi Souf, maire de Pamandzi et président de l’Association des maires de Mayotte, pragmatique.

Dans la salle, chacun profite de la conférence de presse pour souligner les enjeux qui découlent de la problématique foncière à Mayotte. « L’occupation illégale des terrains constitue une grande perte pour les communes au niveau des recettes fiscales », plaide par exemple le président de l’AMM, avançant que 15 des 17 communes de l’île sont en déficit budgétaire. « Bizarrement, depuis que l’on applique les taxes foncières, plus personne ne veut régulariser son terrain », ironise-t-il. Sur le volet économique, « la compétition foncière entre les entreprises est dangereuse pour le territoire », avance Marcel Rinaldy, élu de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM). « Cela favorise l’émergence de grands groupes extérieurs déjà structurés, sur un territoire où nous avons une jeunesse disponible, ambitieuse mais qui n’a pas l’accès au foncier nécessaire pour s’exprimer », analyse-t-il, rappelant qu’une récente enquête estime qu’il manque à Mayotte 1,5 million de m² pour combler les besoins en foncier destiné aux sociétés.

Nul doute que les échanges seront riches le 9 mars prochain. Reste à voir quels axes se dégageront pour repenser la politique foncière de l’île. « Si nous ne faisons pas ça tout de suite, nous léguerons un territoire perdu aux générations futures. Nous ne devons pas être responsables d’un tel désastre », prévient le maire de Mamoudzou.

Le programme de la journée 

8h30 : Discours d’ouverture et projection d’un film institutionnel.

9h30 : Lancement des ateliers thématiques.

  • Atelier 1 : « Accélérer la régularisation foncière en vue d’une reconquête durable », salle de cinéma Alpa Joe.
  • Atelier 2 : « Héberger et reloger les occupants sans droit ni titre pour libérer le foncier », salle de conférence, Cadema.
  • Atelier 3 : « Améliorer le respect des règles de l’urbanisme », salle Abdallah Houmadi, hôtel de ville.
  • Atelier 4 : « Promouvoir le foncier pour un développement économique urbain », salle Mariage, hôtel de ville.

13h30 : Restitution des ateliers en plénière, salle du cinéma Alpa Joe.

15h30 : Conclusion et synthèse.

Inscription aux ateliers avant le 6 mars, via un formulaire en ligne disponible sur le site de la ville de Mamoudzou, ou au 06 39 69 73 00.

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