Mercredi s’est tenue l’assemblée générale constitutive du conseil d’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement de Mayotte. Celui-ci a pour objectif d’accompagner gratuitement les particuliers et les collectivités dans leur manière de construire. Explications avec Nomani Ousseni, fraîchement élu à la tête de cette toute nouvelle association.
Flash Infos : Pourquoi avoir décidé de lancer ce conseil d’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement en 2021 ?
Nomani Ousseni : En 2018, j’ai été chargé par mes collègues conseillers départementaux d’élaborer le schéma d’aménagement régional du territoire. Dans notre stratégie, nous avions choisi d’impliquer les habitants à travers des réunions. Or à Mayotte, nous savons que près de 90% de leurs constructions ne sont pas formalisées, n’ont pas de permis de construire. Il faut donc aller à la rencontre de la population pour lui expliquer la marche à suivre, tout en préservant et en organisant un cadre de vie qui sera bénéfique à chacun.
FI : Concrètement, quel est son but ?
N. O. : Le CAUE est une structure associative, régie par le décret de la loi 1977 sur l’architecture, qui est destiné à intervenir auprès des particuliers et des collectivités qui sont porteurs de projets de construction pour leur donner des conseils et des informations gratuitement. Nous ne réalisons pas, nous ne sommes pas maîtrise d’œuvre, mais nous les accompagnons et nous les orientons sur la manière de construire par rapport aux réglementations à respecter sur le territoire ainsi que sur l’élaboration du plan local d’urbanisme de l’habitat.
Quand nous construisons, la première chose à laquelle nous pensons est l’édifice que nous voulons ériger. Mais il ne faut pas oublier l’environnement et le paysage autour. L’idée consiste vraiment à faire mieux pour bien vivre. Il faut repenser notre façon de procéder pour, par exemple, avoir une meilleure isolation dans nos habitations et ainsi réduire l’impact des climatisations qui sont très polluantes. Nous devons accentuer nos actions sur ces volets cités ci-dessus.
FI : Quels seront les moyens techniques, humains et financiers de l’association ?
N. O. : Le CAUE est automatiquement financé par les taxes d’aménagement que paient les particuliers et les collectivités quand ils font leur demande de permis de construire. Sachant que nous pouvons faire des demandes de subvention ou faire appel à différentes formes de financement. Le Département a voté il y a deux mois une enveloppe annuelle de 150.000 euros pour le premier budget de fonctionnement de notre structure.
En termes d’intervention, le conseil d’administration mène la politique à suivre. Nous allons nous entourer de professionnels issus du milieu, comme des architectes, des urbanistes ou des paysagistes, de manière permanente ou occasionnelle, pour pouvoir traduire l’action du bureau. Si le siège est à Mamoudzou, l’idée est que le CAUE se déplace partout sur l’île pour proposer des permanences tournantes dans les différentes communes.