Une réunion publique était organisée au cœur du quartier Mahabourini, à Mamoudzou, ce lundi soir. Devant une cinquantaine d’habitants, l’équipe municipale et les architectes y ont présenté le projet de cheminements et d’habitations sur ce lieu de 3,5 hectares sur les hauteurs de Kawéni. Selon la mairie, les travaux devraient commencer dès septembre.
« Pourquoi vous avez marqué nos maisons ? Qu’est-ce que vous nous cachez ? » Le ton est donné au moment où la parole est donnée à un habitant de Mahabourini, ce lundi soir. Malgré un travail d’un an d’enquêtes sociales et de concertation dans ce quartier de Kawéni, la prudence reste de mise. Élodie Furic, directrice de la rénovation urbaine de la Ville de Mamoudzou, rappelle pourtant qu’aucun arrêté préfectoral de démolition n’est en cours, que s’il y a du marquage fait, c’est dans le cas où les chemins ne sont pas assez larges pour faire le nouveau dallage. Les travaux devraient d’ailleurs commencer très prochainement dans ce périmètre de 3,5 hectares appartenant à la municipalité et qui fait partie du programme de rénovation urbaine de Kawéni.
Outre les nouveaux cheminements qui traverseront le quartier au dénivelé important, des « espaces refuges » sont prévus dans cette opération chiffrée à 5,5 millions d’euros (et répartis à 41% Anru, 22% Fonds vert, 22% Ville de Mamoudzou, 9% Département de Mayotte, 3% Fonds Barnier et 3% Politique de la ville). La densité d’habitations (il y a 243 cases en tôles recensées) et leur développement de façon anarchique en font un endroit dangereux en cas de cyclones et de séismes. D’où ces cinq « espaces refuges » qui seront placés un peu partout dans le quartier pour servir soit à la collecte des déchets soit à se mettre à l’abri en cas de catastrophe.
Des logements prévus en août 2024
La grande nouveauté de ce quartier sera également le projet de logements innovants entièrement supervisé par la commune. Car, faute de bailleurs intéressés par ces LLTS (logements très sociaux), c’est elle qui s’est lancée dans la construction de huit habitations faites de béton, de bois et de briques de terre compressée. « Une commission a été mise en place l’année dernière. Les huit familles sont déjà choisies. La priorité était donnée à ceux vivant dans le quartier ou dont les travaux vont avoir des conséquences sur leur logement », explique Keyvan Fathi, le chef de projet Habitat de la mairie de Mamoudzou. Le loyer a déjà été fixé à 3,5 euros le mètre carré pour six des huit logements, tandis que les deux autres sont en accession. Présentés pendant la réunion publique par Geoffrey Airiau, l’architecte d’Air Architectures, ils seront bioclimatiques, c’est-à-dire que leur construction sera dotée d’une bonne ventilation et équipée d’un chauffe-eau solaire et d’une citerne de récupération d’eau de pluie. Leur coût (un million d’euros au total) devra aussi être minime. « Si tout se passe bien, ils seront prêts en août 2024 », annonce l’architecte.
Si les habitants regardent la maquette d’un œil circonspect, ils ont eu l’engagement que la mairie leur trouvera des solutions de relogement à mesure que le quartier se transformera. « On est avec les élus, on sait que c’est pour une bonne cause. Mais il y a des familles qui ne sont sans doute pas encore connues », alerte l’un d’eux. Élodie Furic rassure de nouveau en indiquant que les enquêtes sociales continueront dans les mois à venir.