Ce mardi, la deuxième journée du forum « Ville mahoraise durable » organisé par l’Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam) battait son plein à l’hémicycle Younoussa-Bamana, au conseil départemental de Mayotte. Élus, professionnels et experts se sont réunis pour coconstruire des réponses à la ville de demain.
Le territoire de Mayotte, comme le reste du globe, fait face au changement climatique qui peut conduire à des modifications des enjeux. La prise en compte de la chaleur, des eaux pluviales et de la mer devient alors primordiale dans la ville mahoraise durable. Cette ville doit être envisagée en préservant les éléments naturels. Parmi eux, l’eau. Cet élément fort, qui façonne et délimite les espaces, représente un enjeu environnemental. C’est cette thématique qui a été abordée ce mardi matin, lors d’une conférence au forum « Ville mahoraise durable », organisé par l’Epfam. Pour Laurent Marin, directeur général de LD Austral, l’idée est d’avoir un changement dans l’approche de l’aménagement. « C’est là qu’entre en jeu la gestion alternative des eaux pluviales et de se dire que les techniques dites traditionnelles arrivent à saturation ».
L’eau pluviale et les îlots de chaleur
Les principaux problèmes causés par la gestion traditionnelle des eaux pluviales sont le gâchis de l’eau, un appauvrissement des ressources, un impact négatif sur les milieux récepteurs des inondations, mais aussi des dégâts matériels importants. « Je pense qu’à un moment, il faut aussi se dire qu’on n’arrivera pas à se prémunir de tous les risques », complète le directeur. De son point de vue, il convient d’être résilient face à ces risques et réfléchir à l’action face à eux, pour préserver au maximum les constructions. L’idée de la gestion alternative des eaux pluviales est d’essayer de tendre vers une gestion des eaux pluviales « qui nous permettrait d’aller au plus près du milieu naturel, en termes de fonctionnement, par des ouvrages le plus perméable possible », admet-il. Divers moyens d’actions pourraient être mis en place comme la végétalisation des toitures, aménagement des habitations pour stocker et réutiliser l’eau de pluie et privilégier la porosité des revêtements de sols.
En complément de cette intervention sur la gestion des eaux pluviales et afin d’illustrer la lutte contre les îlots de chaleur urbains, a été présenté la construction du collège de Bouéni. Dans ce projet, ont été traités les abords du bâtiment, avec l’implantation des espaces verts et ombragés, mais aussi l’intérieur pour éviter l’accumulation de chaleur. « Le collège de Bouéni est un exemple concret de combinaisons de solutions à l’échelle d’une parcelle », note Maareva Payet, responsable qualité environnementale du bâtiment à LEU Réunion. La stratégie environnementale appliquée à ce collège est la mise en place de ventilation naturelle, de végétalisation du site et la frugalité des matériaux.
Terre et mer sont liées
Après les eaux pluviales et la chaleur, la place était faite à la mer. « Le Parc naturel marin de Mayotte n’a aucune prérogative à terre, mais tout ce qui se passe à terre, fini chez nous, dans le lagon », constate Guillaume Amirault, directeur délégué par intérim du Parc naturel. Cette entité est donc concernée par tous les projets imaginés, conçus et mis en œuvre sur le territoire. Dans ses missions, le Parc émet des avis sur les projets d’aménagement de l’île, « il faut donc qu’on travaille main dans la main sur cet aménagement ». Pour le directeur, « la ville mahoraise durable doit être tournée un minimum vers la mer ».
A Mayotte, sur les dix-sept communes, seize possèdent un littoral, il apparait donc opportun de travailler les aménagements urbains en tenant compte de la mer.