La présidente et la directrice générale de l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru), Catherine Vautrin et Anne-Claire Mialot, sont actuellement à Mayotte, pour deux jours de visite de terrain sur les différents sites relevant de programmes de rénovation urbaine (PRU). Nous avons suivi la délégation, qui découvrait jeudi matin le site du PRU de Majicavo-Koropa.
« On n’a pas fait douze heures de vol pour rester en bas ! », tranche Anne-Claire Mialot, directrice générale de l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru), en grimpant le talus sur lequel s’imbriquent les habitations précaires destinées à être démolies dans les prochaines semaines dans le cadre du programme de rénovation urbaine (PRU) de Majicavo-Koropa – et pour lequel l’agence participe à hauteur de 27,5 millions d’euros, auxquels s’ajoutent divers accompagnements de l’État (45 millions d’euros).
Pleine immersion donc, pour la directrice et sa présidente, Catherine Vautrin, qui ont pu évaluer – au cours de la visite guidée par Mélanie Guilbaud, DGA développement urbain à la mairie de Koungou – la problématique de l’habitat insalubre sur le site. « Les maisons tombent », leur explique-t-on. « Le plus important, c’est la sécurité des administrés. Le danger est imminent, et il s’agit de répondre à l’urgence », abonde Assani Saindou Bamcolo, maire de Koungou, qui précise que les démolitions sont prévues pour mi-février.
« Quand il y a démolition, il doit y avoir reconstruction ! »
La visite se poursuit et l’on découvre un exemple d’offre de relogement pour ménages décasés : trente maisonnettes en dur, propres mais sommaires, qui permettent à autant de familles d’avoir un toit, à un tarif abordable. Construits pour 42.000 euros l’unité, les logements se louent une cinquantaine d’euros par mois. Les cadres de l’ANRU prennent le pouls, échangent avec une habitante, qui se dit très satisfaite. A quelques mètres, un petit attroupement contenu par la police municipale manifeste sans bruit, banderoles et pancartes en main, contre la démolition programmée de leurs habitations.
« Quand il y a démolition, il doit y avoir reconstruction ! », rassure le maire Assani Saindou Bamcolo, précisant que la Société immobilière de Mayotte (Sim) est pressentie pour construire 60 logements sociaux sur la parcelle concernée par le PRU, avec des travaux qui devraient être lancés avant la fin d’année. Des volontaires pourront être relogés temporairement dans un bâtiment modulaire d’une capacité d’accueil de dix ménages, construit spécialement pour ce type d’opérations dites « tiroirs » (démolition – relogement temporaire – reconstruction), et où la visite matinale s’est conclue.
La délégation s’est ensuite rendue sur les sites du PRU de Kawéni (rue SPPM), puis de Mgombani. Elle visitera, ce vendredi matin, le site de La Vigie en Petite-Terre.
Une démarche « spécifique à Mayotte »
Au cours de la visite, puis lors de sa prise de parole en fin de matinée, Catherine Vautrin, présidente de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, a souligné l’approche spécifique à Mayotte en matière de rénovation urbaine : « On voit parfaitement ici la nécessité qu’il y a de traiter plusieurs sujets. Le premier, c’est la mise en sécurité d’un certain nombre de personnes qui vivent en situation de danger avec la résorption de l’habitat indigne. Le deuxième c’est de régulariser le foncier. […] Le troisième, c’est que lorsqu’on résorbe de l’habitat indigne, il faut apporter une réponse de logement, d’où l’importance de ce qui est fait en matière de relogement temporaire, puis de reconstruction. […] Nous nous inscrivons ici dans une démarche d’urbanisme de transition. C’est une approche spécifique à Mayotte, mais qu’il serait intéressant d’appliquer en métropole. »