Ce mardi 25 octobre, était rendu l’avis sur la gestion de l’eau et de l’assainissement dans les Outre-mer, en séance plénière du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Porté par Michèle Chay et la Mahoraise Sarah Mouhoussoune, il souligne les difficultés de production et de distribution d’eau sur les trois territoires que sont la Guyane, la Guadeloupe et Mayotte. Un énième appel du pied à l’État et aux pouvoirs locaux pour que toutes et tous aient accès à l’eau.
« L’eau peut représenter un tiers du budget d’un foyer à Mayotte », lance Michèle Chay (groupe Confédération générale du travail) lors de la séance plénière du CESE, devant Thani Mohamed Soilihi, sénateur du 101ème département français, notamment, mais aussi Amina Hariti, deuxième vice-présidente du syndicat des Eaux de Mayotte (ex-SMEAM). Troisième chambre de la République, le CESE n’a cependant pas le pouvoir législatif que possèdent l’Assemblée nationale et le Sénat ; il ne peut que donner aux parlementaires et au gouvernement français des préconisations. Ces dernières sont au nombre de 23 dans l’avis de Michèle Chay et Sarah Mouhoussoune (groupe des Outre-mer), membre de la délégation aux Outre-mer et ancienne présidente de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte.
En outre, les deux rapporteures s’accordent sur plusieurs propositions pour les territoires ultramarins comme un « tarif social » de l’eau sur les 400 premiers mètres cubes d’eau par jour et par foyer, la suppression de l’octroi de mer sur l’eau, ou encore la mensualisation des prélèvements. « Le point de départ de ces revendications est de répondre aux préoccupations de la population, qui subit des tours d’eau parfois depuis plusieurs années », a précisé Sarah Mouhoussoune, appelant au « rétablissement d’un service public de qualité ». C’est un fait : les îles de la Guadeloupe et de Mayotte souffrent de coupures depuis la « crise de l’eau » de 2016. La deuxième, dont l’usine de dessalement de Petite-Terre ne fonctionne toujours pas à plein régime, doit aussi faire face à une augmentation exponentielle de sa population, comme l’a soulignée Amina Hariti à l’aide de prévisions plus ou moins précises : « En plus du retard, nous avons besoin d’anticipation, car la population va doubler d’ici 2050, et le besoin en eau va tripler ».
« Il faut que les collectivités locales puissent agir »
Sarah Mouhoussoune, quant à elle, s’est concentrée sur les réalisations nécessaires, soit « des infrastructures en matière de production, la troisième retenue collinaire, et la deuxième usine de dessalement d’eau de mer ». Interrogée par nos soins, celle qui est membre de la délégation aux Outre-mer préconise un rythme normal pour l’usine de dessalement de Petite Terre, ainsi que l’implantation de la seconde du genre en 2023, puis de deux autres ensuite. Les sites de Sada et Longoni sont privilégiés par les Eaux de Mayotte, la troisième serait à Ironi Bé. Du côté de la troisième retenue collinaire d’Ourovéni, toujours bloquée par les négociations avec les propriétaires des parcelles, « il faut que les collectivités locales puissent agir pour que les Mahorais arrêtent de souffrir », a prévenu Mme Mouhoussoune.
Si l’espoir est de mise par suite du contrat de progrès signé cet été et promettant 411 millions d’euros pour les investissements nécessaires, Amina Hariti n’en oublie pas pour autant la logistique qui devra répondre à ces ambitions. « Au-delà de la finance, il y a l’ingénierie », a affirmé la chargée de l’eau potable et des investissements au sein du syndicat. « Nous avons signé un contrat de maîtrise d’ouvrage avec la Deal, et nous sommes en train de travailler sur la formation des agents. L’apport de l’État est très important, et j’espère que d’ici 2026, nous pourrons voir des résultats, la population est dans l’attente. » C’est peu de le dire, face aux coupures, tours d’eau, fuites et autres surfacturations subies par des Mahorais excédés, à l’image du sénateur Thani, qui demande « quelque chose de plus fort qu’un droit opposable à l’eau ». Ce sera d’ailleurs au gouvernement et aux parlementaires français de trancher désormais, en espérant qu’ils n’aillent pas à contre-courant des recommandations du CESE.