Ce jeudi 9 mars, à l’initiative de la municipalité de Mamoudzou, se tiendront les Assises de la reconquête foncière, destinées à permettre aux acteurs publics et privés de réfléchir collectivement à un aménagement durable du territoire mahorais. L’un des quatre ateliers thématiques prévus se concentrera sur la promotion du foncier « pour un développement économique urbain ». Hindou Madi Souf, ingénieure responsable du service maîtrise d’ouvrage de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM), est la rédactrice de cet atelier, qu’elle copilote avec Mohamed Moindjié, directeur général des services de l’Association des maires de Mayotte. Elle nous en explique la portée et les grands objectifs.
Flash Infos : Comment, aujourd’hui, la question du foncier met-elle à mal le développement économique de l’île ? Quels types de projets sont les plus concernés ?
Hindou Madi Souf : On peut dire que tous les types de projets sont concernés. Les grands projets – publics comme privés – ont du mal à démarrer, car on a du mal à sécuriser le foncier. Le mécanisme est lent. De plus, les acteurs extérieurs ont du mal à se positionner car ils ne savent pas forcément où se tourner. On a quelques chiffres : le cabinet Inovista estime qu’il faudrait 1,5 million de m² pour combler les besoins en foncier destiné aux sociétés à l’horizon 2032. Nous même, à la CCI, avons un certain nombre de projets que nous souhaitons démarrer, mais que nous avons du mal à positionner.
F.I. : Pouvez-vous nous détailler la teneur et les objectifs de l’atelier dont vous avez la charge dans le cadre de ces assises ?
H.M.S : L’atelier « Promouvoir le foncier pour développement économique urbain » se déroulera en trois temps. Le premier permettra d’établir, avec l’ensemble des invités, un constat sur la situation actuelle en matière de foncier d’entreprise. Un entrepreneur sera présent pour parler de son expérience, et des démarches qu’il a dû accomplir pour installer son activité à Mayotte. Le conseil départemental sera là pour expliciter la démarche actuelle d’acquisition de terrain pour les porteurs de projets économiques. Un deuxième temps sera consacré aux propositions et perspectives d’amélioration de la situation. Des temps d’échanges avec le public sont prévus pour faire remonter le plus d’avis ou recommandations possible. Enfin, un groupe de travail sera constitué, avec comme question directrice : comment faire en sorte que les terrains « bidonvilisés » soient envisagés et accessibles rapidement aux porteurs de projets, notamment privés ? Ceux-ci sont souvent réticents à l’idée d’approcher ce genre de terrains, se disant que les démarches seront trop longues, que l’accessibilité au terrain ne sera pas assurée… Il s’agit aussi de se demander comment intéresser et inclure les propriétaires de ces terrains dans les projets pour permettre une libération plus rapide des terrains, et donc accélérer le développement économique.
F.I. : Comment pensez-vous que les difficultés liées au foncier peuvent-être surmontées ?
H.M.S. : C’est la question primordiale qui sera posée ce jeudi ! On espère ressortir de l’atelier avec un certain nombre de réponses à proposer. Pour ma part, je dirais qu’il faut réunir tous les acteurs concernés par la question du foncier autour d’une table pour définir un certain nombre de priorités et positionner les projets publics les plus importants pour l’île. Deuxièmement, recenser les terrains disponibles ou « bidonvilisés » pour mieux informer l’ensemble des acteurs, et pouvoir réorganiser le territoire. Enfin, il faut recenser les projets du privé.
F.I. : La disponibilité du foncier peut-elle influencer l’attraction des investissements extérieurs à Mayotte ?
H.M.S : Je pense que c’est déjà un frein aujourd’hui. Même nous Mahorais avons du mal à positionner nos activités… Donc oui, c’est un frein, et il va falloir y travailler. Les projets de construction et de développement, nous en avons à Mayotte ! Tous les grands maîtres d’ouvrage de l’île ont des projets et ont du mal à les situer. Ces projets feront venir les investisseurs et acteurs économiques de la région. Libérer le foncier doit nous permettre de nous développer, et par extension d’attirer les investisseurs extérieurs.
F.I. : Quels types de projets doivent-être encouragés à Mayotte pour optimiser au mieux le peu de foncier disponible ?
H.M.S : Bien entendu, nous n’allons pas nous focaliser sur l’agriculture ou l’élevage qui nécessitent énormément de foncier et de ressources. L’île n’est pas extensible donc dans ces domaines, il s’agira de s’appuyer sur la coopération régionale. Pour autant, tout ce qui touche à l’ingénierie, à la prestation intellectuelle… en gros, tout ce qui ne nécessite qu’un bureau, une table, une chaise et un ordinateur… doit être développé en priorité ! Il faut se focaliser sur tout ce qui ne demande pas trop de surface.
FI : Comment mesurerez-vous le succès de cette réflexion collective ?
H.M.S : A l’issue de l’atelier, nous souhaitons voir émerger une fiche de synthèse, incluant des recommandations pour l’évolution de la situation et des pistes d’amélioration concrètes à l’attention de l’ensemble des institutions.
Le programme des Assises de la Reconquête foncière
8 h 30 : Discours d’ouverture et projection d’un film institutionnel.
9 h 30 : Lancement des ateliers thématiques.
- Atelier 1 : « Accélérer la régularisation foncière en vue d’une reconquête durable », salle de cinéma Alpa Joe.
- Atelier 2 : « Héberger et reloger les occupants sans droit ni titre pour libérer le foncier », salle de conférence, Cadéma.
- Atelier 3 : « Améliorer le respect des règles de l’urbanisme », salle Abdallah Houmadi, hôtel de ville.
- Atelier 4 : « Promouvoir le foncier pour un développement économique urbain », salle Mariage, hôtel de ville.
13 h 30 : Restitution des ateliers en plénière, salle du cinéma Alpa Joe.
15h 30 : Conclusion et synthèse.