Ben Ayed Mohamed se trouve dans une impasse. Alors qu’il avait entamé des travaux pour installer son restaurant de brochettes, il a dû tout arrêter à cause d’une confusion liée au foncier entre le Département, la ville de Mamoudzou et l’État. Il s’explique.
C’est une histoire comme tant d’autres à Mayotte. Le foncier est souvent source de conflit et de frustration. Ajoutez à cela l’implication du Département, des communes et de l’État, et vous voilà sûr d’obtenir un cocktail explosif ! Ben Ayed Mohamed, restaurateur, propriétaire de la crêperie Saveur Crêpe, peut en témoigner. En 2018, il reprend le restaurant de brochettes que sa mère tenait à Kaweni depuis 2015, sur une parcelle appartenant à la ville de Mamoudzou. “Ma mère avait fait une demande d’AOT (autorisation temporaire d’occupation) de sol qui avait été acceptée. Mais elle a oublié de la renouveler. En 2018, alors que j’étais en train de tout rénover, l’ancien maire a fait arrêter les travaux”, soupire Ben Ayed Mohamed. Ce dernier formule alors sa reconduction mais se la voit refuser. Il propose donc à la ville et au conseil départemental de lui fournir un nouveau terrain inoccupé pour continuer son activité. Ça sonne dans le vide…
Mais pas question de lâcher son bout de gras ! L’entrepreneur acharné se met en quête de parcelles qui conviendraient à son activité. “J’ai repéré un emplacement à côté de la station Total à l’entrée de Majicavo. C’était un tronçon de terrain abandonné. En juin 2020, j’ai fait la demande d’AOT auprès du Département et de la mairie. Les deux institutions ont donné leur accord en décembre 2020.” Bingo ! “À l’issue des autorisations, j’ai alors entamé les travaux”, déroule-t-il. Mais sa joie n’est que de courte durée. Trois semaines plus tard, voilà que la DEAL pointe le bout de ses naseaux… et stoppe le chantier. Visiblement, l’institution en charge de l’aménagement n’aurait pas été informée du projet alors que la parcelle en question appartient à l’État et non aux collectivités qui ont donné le feu-vert. Et la mairie de se rétracter fissa à la suite de cette intervention. “Elle a envoyé la police municipale pour que je contresigne l’autorisation qu’ils m’avaient faite”, s’étrangle l’entrepreneur. Pour Ben Ayed Mohamed, c’est le retour à la case départ : le pauvre homme doit réaliser une nouvelle demande d’autorisation temporaire d’occupation de sol. Encore de la paperasse !
“Au lieu de nous guider, on nous met des freins”
Le restaurateur à bout de nerf est d’autant plus préoccupé qu’il a à sa charge cinq salariés. “Pour l’instant, ils bénéficient du chômage partiel mais je ne sais pas jusqu’à quand cela va durer”, craint-il. Si Ben Ayed Mohamed ose parler de son cas aujourd’hui, c’est qu’il espère “faire bouger les lignes”. Il déplore l’accompagnement et le traitement réservés aux auto-entrepreneurs. “Les jeunes entrepreneurs sont l’avenir de Mayotte. Et au lieu de nous guider et de nous conseiller quand quelque chose ne va pas, on nous met des freins.” Malgré sa colère, Ben Ayed Mohamed assure ne vouloir causer du tort à personne, ni enfreindre aucune règle. Il fera une nouvelle fois ce qui est demandé dans l’espoir d’ouvrir son restaurant de brochettes rapidement. Courage !