À partir de ce vendredi 15 janvier à 8h, les coupures d’eau hebdomadaires ne seront plus qu’un lointain souvenir. La pluviométrie favorable des trois derniers mois a poussé la préfecture et le SMEAM à mettre un terme aux tours d’eau qui s’enchaînent sur l’île depuis septembre. Prochaine étape : la signature d’un pacte pour renforcer les infrastructures à court et long terme.
C’est un cadeau de Noël après l’heure apporté ce mardi par la préfecture et le syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte (SMEAM). À partir de vendredi, les coupures hebdomadaires ne vont plus sévir sur les différentes zones du territoire. Et ainsi éviter aux habitants de l’île de se retrouver à sec pendant 24 heures, après les mesures drastiques prises en septembre dernier pour empêcher une pénurie comme celle vécue en 2016. Une annonce synonyme de « reprise du cours normal » pour le délégué du gouvernement, Jean-François Colombet, qui a tenu un ultime comité de suivi quelques minutes auparavant.
Cerise sur le gâteau, les deux retenues collinaires du territoires se situent même à des niveaux plus élevés que ceux de l’an passé après le passage du cyclone Belna. Avec un taux de remplissage de l’ordre de 35%, soit l’équivalent d’1.3 million de mètres cubes d’eau en réserve, les ressources actuelles permettent d’accueillir la saison des pluies plus sereinement. « La pluviométrie des trois derniers mois nous a été favorable », souffle le préfet, qui admet tout de même quelques discordances entre Combani et Dzoumogné. Mais un rattrapage devrait naturellement s’opérer au cours des deux prochains mois. Dans le cas contraire, l’interconnexion des deux sites réalisée fin 2019, qui assure l’alimentation des unités de production d’eau potable de Bouyouni et de l’Ouroveni, prendrait alors le relais pour subvenir aux besoins des villages du Sud. Pas question pour autant de faire n’importe quoi, comme en témoigne le maintien des arrêtés préfectoraux interdisant par exemple l’arrosage des jardins et le lavage des voitures. Sans oublier l’invitation lancée à la population de « continuer à avoir des gestes économes » grâce aux kits distribués ces dernières semaines dans les foyers.
Un pacte sur l’eau signé avec le MOM
Malgré ce don inespéré du ciel, comment faire en sorte que l’histoire ne se répète pas l’an prochain ? En réponse, Jean-François Colombet a le regard projeté vers l’avenir et évoque la signature d’un pacte sur l’eau avec les différentes institutions concernées lors de la venue du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, « espérée pour fin janvier ». Dans le détails, celui-ci prévoit des investissements d’urgence, comme l’amélioration de l’usine dessalement située en Petite-Terre et la recherche des fuites (231 ayant notamment été colmatées depuis le 1er septembre par le délégataire), pour gagner rapidement 3.000 mètres cubes supplémentaires. Mais aussi une nouvelle gestion du SMEAM pour dégager des capacités d’autofinacement, le paiement des factures des entreprises et un reboisement massif du 101ème département. À plus long terme, plus précisemment à l’horizon 2025, le représentant de l’État envisage la construction – tant attendue – de la troisième retenue collinaire et la sortie de terre de deux autres usines de dessalement. Si toutes ces promesses poussent à entrevoir un éclairci ou plutôt une accalmie pérenne, le pacte n’est pas encore « signable en l’état ». Heureusement, « la crise est derrière nous »… pour l’instant.