Epfam : un « aménagement durable, pour et avec les Mahorais »

L’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam) tenait ce mardi après-midi une conférence de presse. L’occasion pour l’institution de proposer un premier bilan de ses cinq  années d’activité sur le territoire, et de présenter son plan stratégique de développement 2022-2026, un outil visant à coordonner les efforts des collectivités et opérateurs pour un aménagement du territoire plus efficace. Plusieurs projets sortiront de terre cette année.

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Un large réseau de zones d’aménagement concertés (ZAC) – carte de gauche – et de zones d’activité économique (ZAE) – carte de droite – devrait voir le jour d’ici 2026.

« On est à un tournant en cette année 2023 ! », se réjouit Raynald Vallée, président du conseil d’administration de l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam), au cours de la conférence de presse donnée ce mardi après-midi à Cavani. Créé en 2017, l’Epfam a vocation à « produire du foncier équipé » pour porter les projets d’aménagement des collectivités, intervenant ainsi sur les volets de l’urbanisme, du logement et de l’agriculture. De l’aveu de ses représentants, l’institution est pour l’heure plus connue sur le papier que sur le terrain. « Mais on va avoir beaucoup de choses à montrer cette année », annonce le président, entouré pour l’occasion de son directeur général Yves-Michel Daunar, et du premier vice-président du CA, l’élu du conseil départemental de M’tsamboro, Abdoul Kamardine.

Des travaux lancés en avril prochain

En effet, des premiers coups de pelle seront donnés en avril prochain à Doujani – où la zone d’aménagement concerté (ZAC) inclura, à terme, plus de 900 logements et une variété d’équipements publics scolaires, culturels et sportifs. La première tranche opérationnelle concerne le réaménagement et la viabilisation de la rue de la Carrière, 17 logements dans le cadre du projet de relogement « Davu Dago », et une opération d’au moins 40 logements portée par Al’ma. Puis, les chantiers s’enchaîneront. Les travaux de la ZAC de Longoni débuteront au troisième trimestre de cette année (plus de 100 logements sur les 1.000 prévus à terme, et 2.000m² de services et commerces), tandis que ceux de la zone d’activité économique (ZAE) de Malamani (27.000m² dédiés à des activités industrielles, commerciales et artisanales) seront initiés au quatrième trimestre 2023. Enfin, la première tranche opérationnelle de la ZAC de Tsararano-Dembéni est prévue pour le premier trimestre 2024. Elle concerne la construction de 70 logements (sur 2.000 prévus à terme), d’un gymnase et d’un terrain de foot, d’espaces publics paysagers et de plusieurs milliers de m² de surface commerciale et dédiée aux activités tertiaires. Quid de la livraison finale, demande-t-on dans l’assemblée ? « On va procéder par lots. Certains seront finis, tandis que d’autres seront en cours d’aménagement », explique Yves-Michel Daunar. « Par ailleurs, on sera parfois obligés d’avancer sous forme d’opérations tiroirs : en relogeant temporairement les habitants d’une zone que l’on réaménage », indique le directeur général.

Ces chantiers s’inscrivent plus largement dans un plan stratégique de développement 2022-2026 explicité ce mardi, et dont le fil conducteur est de « répondre aux besoins de la population par la production de foncier aménagé ». « Le plan de stratégie est, certes, une obligation réglementaire, mais surtout un cadrage global qui permet d’avoir une lisibilité opérationnelle et financière, aussi bien en interne que pour les acteurs avec qui nous travaillons », renseigne Raynald Vallée, précisant que cette programmation minutieuse pourrait convaincre les entreprises extérieures de venir faire jouer la concurrence à Mayotte.

Concrètement, à l’horizon 2026, 6.000 logements doivent être produits ou rénovés, 10 hectares de foncier aménagés pour l’accueil de structures scolaires (telles que le lycée des métiers du bâtiment), 15 hectares pour l’accueil d’activités économiques, entre autres. Ces ambitions se déclineront sous la forme d’une multitude de ZAC et de ZAE réparties sur l’ensemble de l’île. « Plus on maille le territoire, plus on permettra aux gens de travailler près de là où ils habitent », avance le président du CA, faisant référence aux difficultés liées au trafic pendulaire.

La rareté du foncier contraint à une stratégie de densification des zones habitées, plutôt qu’à leur extension. « Il s’agira donc de sensibiliser les populations pour porter un autre regard sur la ville telles qu’elles les connaissent aujourd’hui », indique Raynald Vallée. « Incontestablement, nous n’aurons pas d’autre choix que de monter vers le haut », abonde son directeur général. « Attention, nous n’irons pas dans une logique de grandes tours. […] Il ne s’agit pas de calquer ce qui se fait dans les Yvelines ou ailleurs en métropole, mais bien de s’adapter au mode de vie local », tempère le président, annonçant la tenue d’un « forum de la ville durable mahoraise » en juillet prochain, pour mieux « intégrer les attentes de la population dans la façon dont on aménage le territoire ». « Faute de foncier, nous n’avons pas d’autre choix que de densifier, mais il faut trouver les produits intelligents ». L’ingéniosité des architectes sera donc mise à contribution.

Cette logique de non-extension des zones urbanisées s’explique aussi par le rôle de l’Epfam sur le volet agricole. Fort d’une casquette de Safer (société d’aménagement foncier et d’établissement rural), l’établissement joue le rôle de régulateur en matière des prix du foncier agricole. « On sait que les modèles économiques des agriculteurs sont fragiles. Pour pouvoir vivre de son activité, il ne faut pas que le foncier revienne trop cher. […] Or, on assiste à une forme de dévoiement de l’usage agricole du foncier vers de la construction. Sauf que si tout le foncier est transformé en terrain à bâtir, on ne pourra pas nourrir tout le monde demain au vu de l’évolution de la population ! », détaillent les représentants de l’Epfam. D’ici 2026, 80 hectares de surface agricole doivent être aménagées, 80 autres mises en location ou cédées – pour installer, au total, une centaine d’agriculteurs.

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