« L’ennemi numéro un d’une route, c’est l’eau »

Le réseau routier du 101ème département de France est souvent au coeur des préoccupations des habitants, notamment en saison des pluies, période durant laquelle les routes sont inondées par l’eau non évacuée. Sous-dimensionnement des fossés, entretien difficile à réaliser, les causes de ce fléau sont nombreuses, même si des solutions existent pour résoudre le problème.

C’est devenu une habitude. À chaque saison des pluies, certaines routes de Mayotte deviennent quasiment impraticables à cause de l’eau qui stagne sur la voirie. La principale cause de ce problème est l’assainissement pluvial, qui n’est plus à la hauteur du développement des villes. Les fossés réalisés il y a des décennies correspondaient à un environnement naturel, avec peu de constructions autour. L’eau s’infiltrait donc naturellement dans la terre, mais l’époque a changé. « Nous avons un environnement plus urbain autour des routes et les réseaux d’eaux pluviales ne sont plus en adéquation avec la réalité d’aujourd’hui », explique Christophe Trollé, directeur adjoint de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, la DEAL.

De plus, l’aménagement urbain ne suit pas la progression démographique, en particulier celle des bidonvilles. « Il n’y a pas du tout de gestion pluviale dans ces endroits. Chacun construit comme il veut et l’eau suit des chemins qui n’ont pas été prévus. C’est ce qui crée les désordres sur les habitations et les routes », ajoute le directeur adjoint de la DEAL.

« Chacun construit comme il veut et l’eau suit des chemins qui n’ont pas été prévus »

D’autres facteurs viennent s’ajouter à cette problématique, notamment le curage des fossés qui n’est pas toujours bien réalisé. « Le défaut de curage des réseaux d’évacuation des eaux de pluies, le défaut de continuité des réseaux et celui d’élagage le long des voies… Le défaut de surveillance du réseau pendant les épisodes pluvieux, il n’y a pas d’analyse des points sensibles. Tout cela explique ce phénomène », reconnaît Salime Mdere, le premier vice-président du Conseil départemental en charge de l’aménagement du territoire, des infrastructures et du foncier.

Comment sortir de l’impasse ?

« L’ennemi numéro un de la route, c’est l’eau », indique Christophe Trollé. Alors comment faire pour que la pluie ne soit plus un obstacle ? Lorsque l’on aménage une ville, il est important de créer un réseau d’assainissement pluvial suffisamment dimensionné qui prend en compte le climat tropical, où l’on a généralement de fortes pluies. Il est également primordial de les entretenir. Les routes nationales et départementales sont entretenues par la DEAL avec un budget de cinq millions d’euros par an. « L’Etat fournit les moyens humains et matériels, le Département assure l’immobilier et du matériel », précise le premier vice-président du conseil départemental. Les routes communales sont la responsabilité des communes ou des intercommunalités, et c’est là tout le problème, car « elles n’ont pas forcément les moyens », selon le directeur adjoint de la DEAL.

Les autorités doivent aussi maîtriser l’eau qui provient des hauteurs, dont le circuit a été modifié à cause de constructions sauvages. « Ça n’est pas insupportable mais cela nécessite de dimensionner tout un réseau de gestion pluvial », indique Christophe Trollé.

« Ça n’est pas insupportable mais cela nécessite de dimensionner tout un réseau de gestion pluvial »

Les autorités veulent investir dans la voirie. À travers le contrat de convergence, l’État octroie 31,5 millions d’euros pour réaliser des travaux sur les routes nationales. Le département met également la main à la poche. « Pour les années à venir 2022-2025, une enveloppe de 30 à 35 millions d’euros est à prévoir afin de lancer, en plus de l’entretien classique des routes et de leurs dépendances, les opérations de sécurisation des traversées d’agglomérations » assure Salime Mdere. Malgré cet apport financier, nul ne peut assurer la fin des inondations des routes en saison des pluies. Les différents responsables des réseaux routiers ont-ils réellement la capacité de les entretenir en bonne et due forme ? C’est la question cruciale, qui n’a pour l’instant pas de réponse.

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