Énergie : le renfort électrique arrive par batterie à Longoni

A l’entrée du site d’Électricité de Mayotte, à Longoni, la nouvelle installation d’Albioma encore en phase d’essai a été inaugurée, ce jeudi 17 novembre 2022. Celle-ci peut assurer une puissance de 7,4 mégawatts en cas de besoin.

A quoi ça va servir ?

La batterie a deux avantages, la première concerne l’alimentation générale de l’île. Le nouvel outil pourrait dépanner rapidement en cas de moteur défaillant dans la centrale des Badamiers ou celle de Longoni. En effet, à Mayotte, la consommation atteint une soixantaine de mégawatts le soir (pic le plus haut de la journée). Jusqu’à maintenant, il n’existait aucun moyen de stockage. Électricité de Mayotte a les moyens de produire suffisamment, mais il n’y avait pas de solution aussi rapide si l’un des moteurs lâchait. Autre bonne nouvelle, les périodes de pics pourront être plus facilement anticipées. C’est-à-dire que certains jours, la batterie peut être couplée au réseau comme une variable d’ajustement. « On pourra dire à Albioma : « on va avoir besoin de plus de mégawatts entre 18h50 et 19h20, donc couplez-vous » », donne comme exemple Julien Tisserand, le chef d’agence interventions spécialisées chez EDM, mais précédemment chef du projet.

Quelles sont ses caractéristiques techniques ?

Si le montant exact du projet n’a pas été révélé, « il est de moins de dix millions d’euros » nous a-t-on dit. Le nouvel équipement comprend six grandes armoires remplies de batteries de marque Telsa (avec de la place pour en mettre d’autres si besoin). « Ce sont les mêmes que les voitures, elles sortent de la même usine », explique Romain David, le chef du projet. La capacité de stockage, « le réservoir », est évalué à quinze mégawatts heure. La puissance maximum développée étant de 7,4 MW, la batterie peut fonctionner pendant deux heures à plein régime. « Je n’ai jamais inauguré un outil aussi important », reconnaît Claude Hartmann, le directeur d’EDM.

Qui la gérera au quotidien ?

Tout se fait à distance. « C’est une centrale télécommandée », fait remarquer Frédéric Moyne, le président-directeur général d’Albioma. Romain David ajoute que tout pourra être contrôlé depuis les bureaux de la société à Mamoudzou, voire en métropole.

Comment on recharge la batterie ?

Cela se fera plutôt en heures creuses, suppose Julien Tisserand. Le surplus des deux centrales au fioul (et des 5% d’énergie solaire) pourra ainsi être injecté au fil de la journée dans la batterie.

Est-ce déjà en fonctionnement ?

Albioma est encore en phase d’essais, mais elle devrait très vite être capable d’aider la production quotidienne. Selon les acteurs du dossier, il ne manque les autorisations nécessaires. Julien Tisserand note que « c’est la première fois qu’un projet est dans les temps. Les essais se sont passés à merveille ».

Qu’apporte l’équipement d’un point de vue environnemental ?

Spécialiste du photovoltaïque, le directeur Albioma voit dans l’utilisation de ce nouvel outil « un moyen d’assurer la décarbonation du mix énergétique ». En effet, sans stockage, les centrales tournent en léger surrégime. Pas encore au tout biocarburant (voir Flash Infos du 14 novembre 2022), EDM utilisent des moteurs fonctionnant au fioul. L’usage de la batterie doit donc réduire de 6.000 tonnes le dioxyde de carbone (CO2) dégagé par les usines.

Pourquoi c’est un projet Albioma et non d’EDM ?

Présente déjà sur l’île pour des projets d’énergie solaire, la société Albioma a remporté un appel d’offres en 2019. Total et également la société EDM ont candidaté aussi. « Nous ne sommes pas des concurrents, mais des partenaires », estime Julien Tisserand, qui a travaillé en étroite collaboration avec la société. Total a, de son côté, obtenu un autre marché à Longoni pour un projet également de batterie de quatre mégawatts.

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