Chirongui, une ambition (dé)mesurée qui commence à faire ses preuves

Pour transformer le territoire et accélérer le changement, la municipalité de Chirongui a décidé la création d’une direction de l’attractivité, de la stratégie et de l’innovation territoriale. Des investisseurs privés s’installent de plus en plus sur la commune. Un choix payant détaillé par le directeur de ce pôle, Jean-Paul Pineau-Saindou.

Flash Infos : La ville de Chirongui a mis en place une direction de l’attractivité, de la stratégie et de l’innovation territoriale (DASIT) il y a quelques mois. En quoi consiste-t-elle ? Et quelle est l’ambition de la commune ?

Jean-Paul Pineau-Saindou : La direction de l’attractivité, de la stratégie et de l’innovation territoriale a une lecture transversale du territoire communale et de Mayotte, ce qui permet avant tout de dresser des constats, d’analyser les besoins réels, et de croiser ces derniers avec les subventions existantes à l’échelle locale, nationale et européenne, de façon à construire une stratégie pluriannuelle d’au moins un mandat. Nous avons ainsi sélectionné un certain nombre d’espaces fonciers pour rencontrer des investisseurs, notamment à La Réunion, et leur partager notre ambition, qui se résume à devenir la capitale du Sud.

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Pour le moment, nous avons deux gros projets identifiés, Clinifutur et Alefpa, et évalués à plusieurs millions d’euros qui vont aboutir à la création de plus de 2.000 emplois directs et indirects. Et d’autres vont suivre dans la foulée ! Cette activité économique va permettre de générer moins de flux routiers et par la même occasion de drainer la nécessité de développer des restaurants et des espaces de différentes natures. Sans oublier la cuisine centrale, opérationnelle en juin 2023, qui va produire 21.000 repas par jour à destination de nos établissements scolaires et de tous les acteurs divers et variés. Ce développement va également se rapprocher de d’autres niveaux de gouvernance puisque nous avons obtenu l’accord de l’intercommunalité pour que notre ingénierie se mette au service de projets intercommunaux. Le but n’est pas de grandir égoïstement, mais bel et bien ensemble !

FI : À quoi pouvons-nous nous attendre dans un avenir plus ou moins proche ?

J.-P. P.-S. : Cette attractivité est la base du développement économique à venir. Quand des médecins viennent travailler par chez nous, ils ont envie de se divertir. Il y a par exemple le projet de piscine olympique. Pourquoi ne pas prévoir un espace foncier supplémentaire à côté pour un bowling avec un restaurant ou un magasin de sports de renom ? En sachant que tout cela se situe à proximité du futur centre sportif de haut-niveau à Miréréni. Et voilà un espace sport-santé en bonne et due forme. Une logique qui commence à intéresser des entreprises du CAC 40 et qui nous fera faire un bond en avant de 15 ou 20 ans si ces pourparlers se concrétisent. Avec un potentiel de 100 hectares, nous avons la chance de disposer d’abondamment de foncier, donc nous avons la main sur le choix de nos opérateurs privés et publics. Notre travail est de croiser ces intérêts avec nos besoins, et non pas d’être à la merci des deniers !

FI : Vous portez également une certaine importance aux nouvelles technologies…

J.-P. P.-S. : Au-delà d’aujourd’hui, nous avons obtenu dans le cadre du Plan de relance le financement d’une application numérique qui doit sortir d’ici un mois. Celle-ci va permettre de mettre tous nos projets en ligne pour que la population puisse les suivre en temps réel, de façon à offrir une approche participative. Chaque habitant de Chirongui pourra rentrer sur cette application à partir d’une géolocalisation. Idem pour nos potentiels investisseurs, via un code sécurisé, qui pourront ainsi voir si notre vision d’ensemble leur correspond.

Dans cette même logique, nous allons dématérialiser le conseil municipal des jeunes pour nous rapprocher de la côte est du continent africain et ainsi créer des habitudes de relation avec des pays comme le Mozambique, qui pourront aboutir à des échanges de type Erasmus. Ces contacts seront dans les futures années amenés à devenir des socles importants d’amitiés et découler sur des relations commerciales. Certes, l’avenir de Mayotte est en France, mais il est surtout dans la zone régionale de l’océan Indien. Le projet de Chirongui, qui a commencé à la base pour répondre à un défi en lien avec la santé, n’a pas de limites !

FI : À vous entendre, nous avons l’impression qu’il suffit d’un claquement de doigts pour convaincre des investisseurs privés de s’implanter à Mayotte… Quel est votre secret ?

J.-P. P.-S. : Il y a tout simplement une rencontre entre la volonté politique et un savoir-faire en termes d’ingénierie. La municipalité a accepté de jouer le jeu et de prendre ce risque. Pour tout vous dire, ma direction est sur un objectif d’investissements public et privé de l’ordre de 20 millions d’euros en 2022 et de 40 millions d’euros l’année prochaine. Ce n’est pas la notion du rêve américain… Quand vous avez la chance d’avoir un maire qui vous écoute, eh bien vous foncez et vous avancez ! Nous pensons que tout est possible, tout est réalisable. Rêvons plus haut et ayons l’ambition « fou » de faire de Chirongui la première smart city de Mayotte.

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