Alors que le 101ème département a vécu au gré des coupures nocturnes et diurnes pendant quatre mois en fin 2020, il n’aura fallu qu’une semaine, après la levée des tours d’eau le 15 janvier dernier, pour que de nouvelles interruptions sévissent dans le Sud de l’île. La raison de ce désagrément ? Le basculement de l’alimentation de la zone de Tsoundzou par la ressource de Passamaïnty Gouloué pour « rééquilibrer le Sud », explique Vita Naouirou, le directeur d’exploitation eau potable au syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte.
Au programme de ce chantier évalué à 50.000 euros : mettre en distribution le forage Gouloué III, initialement dédié à l’usine de Mamoudzou et alimenter Tsoundzou II, la Guinguette et la Palmeraie à partir du réservoir de Passamaïnty. « Dorénavant, seul le quartier Jardin des épices dépend du Sud et du réservoir d’Ourovéni », précise l’expert. « On a identifié les volumes excédentaires et déplacé 450 mètres cubes par jour. » Un bol d’air non négligeable pour les communes concernées par un déficit d’eau.
Et pour prévenir une éventuelle pénurie, le Smeam compte injecter 11 millions d’euros avant la fin de l’année pour augmenter les volumes produits par les forages de Kawéni Lajolie et de Béja (plus 700 mètres cubes par jour), exploiter les forages de Kawé 2 et Kawéni F1 et F2 en eau traitée (plus 1.200 mètres cubes par jour), et réhabiliter et mettre en service le forage de Miréréni (plus 1.000 mètres cubes par jour). « Nous devons encore débloquer les financements », confie Aminat Hariti, la vice-présidente en charge de la communication, de l’adduction et de l’eau potable.
Voilà pour le court terme. Sur le plus long terme, il est grand temps de mener une vraie politique par rapport au pacte de l’eau, qui prévoit un investissement massif de l’ordre de 500 millions d’euros d’ici 2032. « Il nous reste toujours les problèmes de canalisations, de réservoirs et d’unités de potabilisation », souligne Ali-Habibou Mistoihi, le directeur investissement eau potable. Sans oublier les transferts d’une zone à une autre en cas de turbidité. « Nous finalisons cet automatisme avec les exploitants.»
Si le chantier sur la production d’eau est sur les rails, le défi du Smeam est titanesque, tant les retards se sont accumulés au cours des dernières années, pour réajuster et rééquilibrer l’intégralité du réseau. « Les ouvrages ne sont plus à la hauteur des attentes. L’objectif est vraiment d’anticiper », insiste Aminat Hariti. Entre la résolution des problèmes techniques, l’identification des fuites et la construction des infrastructures essentielles au bon développement du territoire, de l’eau risque de couler sous les ponts…