Ces terrains que tous les élus de Mayotte convoitent

Avec la dissolution du Smiam (syndicat mixte d’investissement pour l’aménagement de Mayotte), la question du devenir de ses 1.500 hectares intéresse forcément les collectivités mahoraises. Si une partie va leur être cédée ces prochaines semaines grâce à la signature de conventions, il en reste beaucoup à liquider, notamment une parcelle de 1.100 hectares au nord de Mayotte.

Quel est l’enjeu autour des terrains du Smiam ?

Depuis sa création en 1979, le syndicat mixte d’investissement pour l’aménagement de Mayotte (Smiam) a constitué un gros patrimoine foncier sur l’île, jusqu’à en devenir le plus grand propriétaire. Les terrains ont servi au fil des années à la construction d’équipements qu’ils soient scolaires ou sportifs. Dissout en 2014, le syndicat comptait alors 1.500 hectares et un petit pactole de huit millions d’euros. Un patrimoine à la fois foncier et financier qu’il s’était engagé à donner aux collectivités locales. Sauf que, comme cela peut arriver à Mayotte, pas grand-chose à bouger entretemps. « Je n’y croyais plus », admet Thierry Perillo, le directeur des relations avec les collectivités locales à la préfecture de Mayotte, ce mercredi après-midi, lors d’une réunion au conseil départemental. La dernière équipe, menée par Mouslim Abdourahamane, a alors décidé de définitivement tourner la page du Smiam et de liquider tout le contenu en trois ans, soit jusqu’au 31 décembre 2024. Ce mercredi, des conventions signées avec les maires de neuf communes (Kani-Kéli, Ouangani, Chirongui, Koungou, Chiconi, Acoua, M’tsamboro, Dzaoudzi-Labattoir et Sada) allaient justement dans ce sens.

Pourquoi qu’une partie est cédée ?

Si 296 hectares vont enfin pouvoir revenir aux communes dans les semaines à venir, il reste évidemment près de 1.200 hectares qu’il faut aussi rétrocéder. Des problèmes d’occupation illégale de terrains, des constructions sans autorisation ou de terrains revendus plusieurs fois compliquent les choses. C’est d’autant plus vrai pour l’élément le plus important du Siam, une parcelle de 1.100 hectares entre Longoni et M’tsamboro, ancienne propriété de la société coloniale Comores Bambao. « C’est un concentré de ce qu’on peut rencontrer ici », reconnait le cadre de la préfecture de Mayotte. Ce territoire, qui balaye une bonne partie du nord, intéresse fortement le Département. « Ça peut nous permettre de développer la zone portuaire de Longoni », vise Ben Issa Ousseni, président du Département de Mayotte. Et alors que le choix du lieu de la piste longue (Pamandzi ou Bouyouni ?) doit se faire cette année, le territoire pourrait connaître un regain d’attractivité économique. Le chef de la collectivité départementale ne s’en cache pas.

Comment Mamoudzou a déjà récupéré 46 hectares ?

Parmi les maires, il y en a un qui a déjà eu les faveurs du Smiam. « Je dois être celui qui harcèle le plus le syndicat », admet Ambdilwahedou Soumaïla, qui est intervenu en début de séance. Le maire de Mamoudzou dispose de peu de marges de manœuvre au vu de la concentration d’activités sur sa ville. Cependant, il fait partie des premiers à avoir récupérer du terrain, en l’occurrence 46 hectares à Kawéni. Le site n’est pas anodin, il s’agit du domaine concerné par le projet Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine). Pressée par le temps, la Ville de Mamoudzou risquait de perdre une importante subvention européenne si elle n’avait pas le foncier disponible. Le Smiam et les services de l’État ont dû faire vite pour que la question soit réglée.

Que va devenir le bâtiment du Smiam ?

Il n’y a pas que les terrains qui attirent, les locaux aussi. En effet, le bâtiment situé à proximité de la mairie de Mamoudzou et qui est loué actuellement par la Cadema (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou) avant son départ pour Dembéni, est fort prisé. C’est le cas du Département et de l’association des maires de Mayotte (AMM) qui souhaitent y placer des bureaux. Alors que Madi Madi Souf, le président des maires, était absent, Ben Issa Ousseni n’a pas caché son envie de récupérer le site, comme il était prévu à la dissolution du Smiam. En effet, l’idée à l’époque était de concentrer les bureaux des élus dans le nouveau bâtiment et laisser le siège actuel à l’administratif. « La participation du Département au syndicat était de 40%. C’est normal que 40% du patrimoine nous revienne », défend le président du Département, qui voudrait être fixé d’ici la fin de l’année sur « cette priorité ».

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