La communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou s’engage dans la modification d’une partie du plan local d’urbanisme de la ville chef-lieu. La construction d’un hôtel trois étoiles à la Convalescence et la suppression d’un emplacement réservé à Passamainty étaient à l’ordre du jour ce mardi lors d’une consultation publique. Très attendus, les habitants n’ont pas répondu à l’appel.
Tic, tac, tic tac. Assis sur sa chaise, derrière son petit bureau dans le hall du siège de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou, le commissaire enquêteur engagé par l’intercommunalité regarde voler les mouches. Bien incapable de pouvoir mener à bien sa mission : à savoir, relever toutes les suggestions émanant des habitants de la ville chef-lieu concernant la modification du plan local d’urbanisme de la commune en question. Les principaux concernés se font attendre. « Je pense que c’est à cause de l’approche de l’Aïd, la population est occupée à autre chose », se rassure Fatima Madi Maftaha, chargée d’études en planification PLUI à la Cadema.
Ali Madi, lui, a une toute autre hypothèse… « Je pense qu’il n’y a pas eu assez de communication sur cette consultation publique, les habitants ne savent même pas ce que c’est », gage le commissaire enquêteur. Le voilà obligé d’aller lui-même alpaguer le chaland dans l’espoir d’en dégoter un qui ac-cepterait bien de lui accorder quelques minutes. « Personne n’est au courant de la modification de ce PLU. C’est moi qui leur donne l’information. Aujourd’hui, c’est plus une journée découverte », indique-t-il, comme pour se donner du courage. Pourtant, les projets à l’ordre du jour auront un impact direct sur les administrés de Mamoudzou.
Un PLU modifié pour des projets d’envergure
La Cadema a engagé la modification du PLU de Mamoudzou sur deux points précis. Le premier correspond à la réglementation de la construction d’un hôtel trois étoiles. Situé dans la rue de la Convalescence, l’établissement doit comptabiliser 48 chambres, dont trois suites. « Il ne faut pas perdre de vue la candidature de Mayotte aux Jeux des Îles en 2027, donc un équipement de ce type est indispensable », soutient la chargée d’études. Mais les normes établies par l’ancien PLU de la ville ne répondaient pas aux critères de celui de l’intercommunalité. « Il s’agissait surtout des règles relatives à la hauteur de l’hôtel » précise Fatima Madi Maftaha. La Cadema s’octroie donc le droit de modifier le PLU de Mamoudzou mais également celui de Dembéni pour qu’ils correspondent au plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI), qui est en cours d’élaboration.
Le deuxième point évoqué lors de cette consultation publique concerne la suppression de la réservation d’un emplacement à Passamaïnty à un particulier. Celui-ci devait en premier lieu consulter la ville s’il souhaitait vendre. « Nous voulons supprimer cette réservation parce qu’elle ne correspond plus aux volontés communales », justifie Fatima Madi Maftaha.
« Il n’y a pas de vision globale sur l’ensemble du PLU »
Selon Ali Madi, l’idée de modifier le PLU de Mamoudzou est bonne, mais la Cadema n’applique pas la bonne stratégie. « Il est mieux de faire la révision globale du PLU et non pas seulement sur un point précis, parce que de cette manière cela reste trop floue. Il n’y a pas de vision globale sur l’ensemble du PLU ou de la Cadema », martèle le commissaire enquêteur. Ce dernier regrette particulièrement le focus sur Passamaïnty qui aurait pu être utile. « J’attire l’attention sur la nécessité de faire des parkings à Mayotte. Il n’y a pas non plus de zones aménagées pour les piétions, pas de voies cyclables… Les autorités doivent faire attention à ne pas privilégier l’individuel au détriment des intérêts collectifs », prévient-il.
Quant à l’hôtel, il préconise à la Cadema d’étudier les enjeux sociaux. Des points qu’il pourra peut-être aborder avec les habitants lors des trois prochaines sessions de consultation publique prévues avant la fin du mois de mai. À condition que les administrés daignent se déplacer jusqu’aux locaux de la Cadema…