Le projet de relogement « Davu dago » de l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM) figure parmi les lauréats du programme « Engagé pour la qualité du logement de demain ». Porté par les ministères de la Culture et du Logement, celui-ci va permettre au projet « Davu Dago » de bénéficier de facilités dans de nombreux domaines. Afin de construire des logements écologiques, économiques et de qualité, c’est le bambou qui a été choisi comme matériau-phare. Une ressource locale dont la filière est en cours de structuration sur l’île.
Le bambou a décidément le vent en poupe ces derniers temps sur l’île aux parfums ! Plusieurs cabinets d’architectes le choisissent comme matériau principal de leurs constructions et l’association BAM (Bambou A Mayotte) se donne pour mission d’en assurer la promotion. Il faut dire que cette matière première est économique, écologique, et présente l’immense avantage d’être largement disponible localement. C’était d’ailleurs l’un des matériaux utilisé traditionnellement dans les constructions. Malheureusement, le bambou est boudé depuis les années 80 en raison notamment de sa mauvaise réputation de « matériau du pauvre ». Les choses sont cependant en train de changer puisque l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte le considère comme le matériau-phare de son projet de relogement « Davu dago ». « Au lieu de mettre du béton partout, il était bien plus écologique de choisir le bambou », affirme Elodie Chêne, la chargée de communication de l’EPFAM. « D’autant plus qu’il s’agit d’une ressource disponible localement et dont la filière est justement en pleine restructuration. »
« Davu dago » signifie « maison verte » en shimaoré. Cela fait écho à un projet de relogement dans le cadre de la construction des différentes zones d’activité économiques (ZAC) du territoire. Lauréat du programme « Engagé pour la qualité du logement de demain » porté par les ministères de la Culture et du Logement, « Davu dago » doit ainsi bénéficier d’un incubateur qui lui permettra d’obtenir de nombreuses facilités, notamment en termes d’ingénierie et de finance. Certaines maisons mahoraises sont en effet construites dans des zones à risque (éboulement, inondation) et l’un des rôles de l’EPFAM est justement de « mettre tout le monde à l’abri » dans le cadre des ZAC.
Où en sont les six ZAC à l’heure actuelle ?
Aujourd’hui, six ZAC sont dans les starting-blocks à Mayotte. Une véritable révolution sur le long terme ! Si elles risquent de changer le visage de l’île aux parfum, l’EPFAM a à cœur de « partir de l’existant ». « Il ne s’agit pas de faire tabula rasa des villages actuels, mais au contraire de les intégrer à une zone de vie mêlant habitats, commerces, équipements publics, espaces publics, mais également zones agricoles », explique Elodie Chêne. Le rôle de l’EPFAM consiste notamment à préparer les terrains et d’y amener les réseaux d’eau et d’électricité afin que tout soit aux normes pour une future négociation avec des promoteurs immobiliers ou des particuliers souhaitant construire dans ces zones.
Actuellement, les six ZAC se concentrent sur Doujani, Tsararano, Kahani, Mjini, Longoni et Acoua. Celle de Tsararano est actuellement la plus avancée quand celle de Kahani n’en est qu’à ses débuts. Les autres sont dans une phase intermédiaire. La mise en place d’une ZAC comporte en effet trois phases (voir infographie), dont la dernière est le chantier. Mais les études préalables et opérationnelles induites par le code de l’urbanisme sont si longues et complexes que le lancement des travaux n’arrive qu’au bout de plusieurs années…
Toutefois, la ZAC de Tsararano en est à la dernière étape de la phase opérationnelle. L’arrêté de création et de réalisation a été validé par la préfecture et l’EPFAM doit à présent mener l’enquête publique. Celle-ci est toutefois reportée après les élections présidentielles. « On espère pouvoir [la]c commencer cet été », précise Elodie Chêne. L’enquête publique menée au mois de novembre pour la ZAC de Longoni s’est heurtée à de nombreuses résistances des propriétaires, dont les habitations sont situées dans des zones à risques, mais l’EPFAM maintient le dialogue. Le projet « Davu dago » vise justement à trouver des solutions de relogement adaptées utilisant une ressource locale. Le dossier de la ZAC de Doujani est actuellement en cours d’instruction par la préfecture. « On attend l’arrêté préfectoral de création de la ZAC », indique la chargée de communication de l’EPFAM, qui insiste sur le fait que l’établissement ne soit qu’un relai entre les services de l’’État et les constructeurs. « Notre rôle est de préparer les terrains afin de les rendre viables. »
Au vu de l’état d’avancement des ZAC, le projet « Davu dago » semble donc bien lointain. Il était cependant essentiel de créer un projet de relogement viable et écologique qui ne défigure pas l’île et l’utilisation du bambou en est certainement l’une des clés.