Acoua et M’tsamboro veulent maîtriser leur foncier

La communauté d’agglomération du grand Nord de Mayotte (CAGNM), Acoua et M’tsamboro ont signé ce lundi 6 mai une convention avec l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam). De quoi faciliter la maîtrise du foncier pour mettre en place les projets d’aménagements « Zac Jiva », à M’tsamboro, et « Acoua Résilience ».

Signatures et coups de tampons. Ce lundi 6 mai, la communauté d’agglomération du grand Nord de Mayotte (CAGNM), les communes d’Acoua et de M’tsamboro ont signé une convention avec l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam), dans les locaux de la CAGNM à Bouyouni (commune de Bandraboua). Une façon pour les deux communes signataires d’acquérir plus facilement du foncier afin d’y mettre en œuvre leurs projets d’aménagements. Soit en discutant avec les familles jusqu’à formuler une déclaration d’utilité publique (DUP), soit en demandant un transfert du foncier s’il relève d’une collectivité.

« Acoua Résilience »

À Acoua, il s’agit de mettre en œuvre « Acoua Résilience ». Une étude pré-opérationnelle réalisée pendant le précédent mandat « pour réfléchir à comment mettre la population à l’abri en cas d’inondation » avait eu lieu, indique le maire Marib Hanaffi (Divers centre – Mouvement pour le développement de Mayotte). « Là on a demandé à avoir une vision plus globale de l’aménagement de nos villages », dont 60 % du territoire est situé en aléa fort et 99,5 % présente un risque d’aléa naturel.

Sur les deux terrains visés, à travers le plan guide de résilience urbaine d’Acoua (PGRU), la commune entend créer des hébergements sur la partie haute (terrain qui appartient au Département) pour mettre à l’abri une partie de la population située dans la plaine « souvent inondée » (terrain qui appartient à l’Etat). Le projet, dans les Hauts d’Acoua, est d’y bâtir tout un quartier avec des commerces, services, équipements et espaces publics. Les zones inondables devraient quant à elles être renaturées, et des chemins pour des mobilités douces, aménagés. Les premiers travaux concerneront les berges et la restauration des ravines « qui débordent ». « Mais cela dépendra des études, il y aura des réalisations à court terme et à long terme, car on sait qu’à Mayotte les dossiers prennent du temps avant d’aboutir. »

« Zac Jiva »

« On n’a pas beaucoup de capacité de foncier à M’tsamboro alors le seul qu’on a, on va essayer de faire un aménagement à la hauteur des besoins. Avec l’Epfam, ça ira plus vite », appuie le maire de M’tsamboro, Laithidine Ben Saïd (Divers centre – Union pour l’avenir), concerné, lui, par le projet « Zac (zone d’aménagement concerté) Jiva ». Le secteur s’étend sur 13 hectares dont une partie appartient à une famille qui « n’a jamais été d’accord pour ne serait-ce que partager le foncier. Il y a déjà eu un projet de steppe à Jiva, les maires se sont cassé les dents. Elle devra être construite ailleurs », partage celui qui explique que l’Epfam, en tant que maître d’ouvrage, « pourra lui forcer la main » sur motif de l’intérêt général. « On est souvent amené à viabiliser des endroits où la population construit de façon anarchique, sans les autorisations. Ce sont les mêmes qui ne paient pas d’impôts qui sont tout le temps en train de nous maltraiter sur les réseaux sociaux pour dire qu’on ne fait pas grand-chose parce qu’ils n’arrivent pas à avoir de l’eau et l’électricité », juge-t-il.

Cette zone qui s’étale jusqu’à la frontière de Hamjago devrait permettre la construction d’écoles, de logements… « On a beaucoup de jeunes qui viennent taper aux portes pour [en] trouver. Il n’y en a pas, donc les gens vont ailleurs », regrette celui qui pense également y installer une station-service. « On a beaucoup de plaisanciers qui doivent amener des jerricanes pour chercher de l’essence à Dzoumogné. On en a déjà parlé avec Total, il n’y a pas de proposition dans ce sens mais il y a des prestataires qui sont prêts à mettre les finances pour faire aboutir ce projet », glisse-t-il.

Selon lui, le projet global « fera facilement deux mandatures. Mandat 2026-2032, je pense qu’on aura fini le projet. »

Premières réalisations dans les deux ans à venir

Les premières réalisations pourraient s’effectuer « avant la fin de la mandature (le mandat municipal débuté en 2020 se termine en 2026, N.D.L.R.) », insiste le président de la CAGNM, Assani Saindou Bamcolo. « Je compte sur vous pour que ce ne soit pas juste un projet de campagne [électorale] », s’adresse-t-il aux maires, leur proposant des réunions tous les deux mois pour suivre l’évolution des projets. Et pourquoi pas créer un comité de pilotage. Il souligne l’enjeu de cette signature : « S’il n’y a pas de maîtrise du foncier, il n’y a pas de financement. »

Si comme l’a remarqué Laithidine Ben Saïd, des conventions ont déjà été signées entre des communes et l’Epfam pour le centre et le sud de l’archipel mais pas encore dans le nord, Yves-Michel Daunar, directeur général de l’Epfam, explique qu’il s’agissait aussi d’attendre une « montée en compétences des agents » afin de mener ces procédures.

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