Trois ans après le début des travaux des lotissements Marzoukou situés à Labattoir, la moitié des appartements sont prêts à accueillir leurs locataires. 117 familles devraient recevoir les clés de leurs nouveaux logements d’ici la fin du mois de novembre. Ils font partie du projet de construction de la société immobilière de Mayotte qui doit fournir 6.000 logements en dix ans.
Dans les lotissements Marzoukou à Labattoir, les ouvriers s’affairent encore pour le crépissage des murs, la pose du carrelage et l’installation des fenêtres. Alors que de l’autre côté, 117 appartements sont déjà prêts à accueillir leurs tous premiers occupants. « Nous allons enfin donner de la dignité à ceux qui vivent dans des conditions difficiles », se réjouit Said Omar Oili, le maire de Dzaoudzi-Labattoir. Qu’il s’agisse de T3 ou de T4, les habitations sont spacieuses et chaque famille pourra trouver son bonheur.
À termes, 240 logements doivent sortir de terre : « une grande première pour le territoire de Mayotte », selon Anne-Sophie Grave, la présidente du directoire de CDC Habitat. Mais trois ans après le début des travaux, il reste encore beaucoup à faire et le contexte mahorais n’est pas toujours favorable. « Construire à Mayotte ce n’est pas simple, c’est plus compliqué et plus long qu’ailleurs parce qu’il faut d’abord maîtriser le foncier et avoir tous les titres de permis… Malgré tout, ce lotissement a été fait en trois ans, ce qui est plutôt une très belle performance », assure la responsable de la filiale immobilière de la Caisse des dépôts. Il faudra faire encore mieux dans les prochaines années puisque la société immobilière de Mayotte doit construire 6.000 logements en l’espace de dix ans, au rythme de 600 par an.
Un défi de taille qui se confronte aux difficultés liées à la construction à Mayotte. La SIM n’a d’autre choix que de s’appuyer sur les collectivités pour espérer mener à bien ses projets dans les temps. Pour cela, elle a d’ailleurs paraphé mardi dernier une convention avec la ville de Mamoudzou pour la construction de 1.500 logements au cours des cinq prochaines années. Un engagement partenarial réédité le lendemain avec la commune de Dzaoudzi-Labattoir. « Notre rôle est de faciliter les opérations de la SIM pour que tout aille plus vite. Nous devons aider le groupe à acquérir les terrains et en parallèle, nous devons recenser les personnes qui ont besoin d’être relogées de manière urgente », détaille à l’image d’une feuille de route Said Omar Oili.
L’État finance mais cela ne suffit plus
La question du logement est toute aussi cruciale qu’urgente à Mayotte. Les habitats in-dignes font toujours partie du paysage mahorais, dix ans après la départementalisation de l’île… Dans ces conditions, l’État met les bouchées doubles pour rectifier le tir. Reste aux différentes municipalités à prendre leur part de responsabilité face à la manne financière allouée par le gouvernement ! « Nous n’avons engagé que 600 millions d’euros sur le milliard six destiné aux logements des Outre-mer. C’est paradoxal car nous avons des problèmes de logements, et l’État n’a jamais autant accompagné les collectivités à Mayotte », regrette le maire de Dzaoudzi-Labattoir, non sans une pointe de provocation à l’égard de ses confrères. « Si nous ne les utilisons pas maintenant, ils ne vont pas disparaître. Ils peuvent être réaffectés à l’Outre-mer. Maintenant, c’est à la préfecture, avec les élus et les opérateurs locaux, de faire en sorte de consommer [l’enveloppe] mise à disposition », indique Claude VoDinh, le secrétaire générale de la préfecture de Mayotte. Hors de question pour Said Omar Oili de voir cette somme filer entre les doigts des mahorais. « Il faut transformer ces nuages d’argent pour qu’ils arrosent Mayotte, sinon ils iront arroser d’autres territoires et cela serait vraiment dommage pour notre département. Que les élus prenons les choses en main ! » lance-t-il plein d’entrain et d’espoir.
Vouloir construire est une chose, mais encore faut-il que les collectivités aient l’espace nécessaire pour loger ou reloger toutes les familles qui en ont besoin. Et à Dzaoudzi-Labattoir, les ambitions sont grandes. Mais à première vue, les terrains disponibles pouvant accueillir des projets de construction de grande envergure se font de plus en plus rares… Cela étant, pour le maire de la ville, ce problème a une solution. « Il faut que nous changions nos modes de vie parce que le monde évolue. Nous allons trouver là où il y a de la place et construire en hauteur. C’est tout l’objet de la convention avec la SIM. Nous allons discuter en amont et voir dans notre PLU (plan local d’urbanisme) jusqu’à combien de mètres nous pouvons monter », indique Said Omar Oili. Avec cela, ce dernier espère éradiquer les habitats indignes de son territoire. Seul hic : les logements ne sont pas ac-cessibles aux personnes en situation irrégulière. De fait, la solution se trouve probablement ailleurs…